Lors de son interview de rentrée du 7 septembre 2025, le Président de l’Anavad, Ferhat Mehenni, a révélé l’existence d’une lettre officielle adressée à M. Abdelmadjid Tebboune, président de la République algérienne, datée du 25 juillet dernier.
Cette lettre, dont nous publions ici le contenu intégral, porte une demande formelle d’organisation d’un référendum d’autodétermination du peuple kabyle sur l’avenir de la Kabylie.
Elle s’inscrit dans une démarche pacifique, juridique et responsable, fondée sur les principes du droit international, et constitue un jalon important dans le processus historique en cours devant aboutir, si pas de réaction d’Alger, à une déclaration unilatérale d’indépendance, prévue pour le 14 décembre 2025.
A noter que l’ambassade d’Algérie en France a accusé réception de cette lettre.
ⵏ AFRANIMAN I TMURT N IQVAYLIYEN MOUVEMENT POUR L’AUTODÉTERMINATION DE LA KABYLIE MAK |
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TISSELWIT PRESIDENCE |
A Monsieur Abdelmadjid TEBBOUNE
Président de la République Algérienne, Démocratique et Populaire
OBJET : DEMANDE D’UN RÉFÉRENDUM D’AUTODÉTERMINATION DU PEUPLE KABYLE SUR L’AVENIR DE LA KABYLIE
Monsieur le Président,
Au nom du Mouvement pour l’Autodétermination de la Kabylie, le MAK, je me fais un devoir de vous demander solennellement, par la présente lettre, l’organisation d’un référendum d’autodétermination du peuple kabyle sur son avenir politique et celui de de la Kabylie, et ce conformément au droit international dont :
- l’Article 1, alinéa 2 de la Charte des Nations Unies,
- la résolution de 1514 du 14/12/1961,
- le Pacte International relatif aux Droits Civils et Politiques (PIDC) du 16/12/1966,
- la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme du 10/12/1948,
- la Déclaration de l’ONU sur les Droits des Peuples Autochtones,
- l’Article 30 de la Constitution algérienne du 01/11/2020,
Il serait souhaitable de ne pas prendre notre présente demande pour un acte malveillant de notre part ; nous sommes animés par les meilleures intentions pour régler une question nationale kabyle qui empoisonne l’Algérie et qui n’a que trop duré. Elle se pose non pas depuis 1962 seulement, mais depuis l’annexion de la Kabylie, sans son consentement à l’Algérie française, au lendemain de la bataille d’Icherriden de juin 1857, mais surtout après son insurrection armée de 1871 sous la conduite d’Agellid Ameqran (Mokrani) et Chikh Aheddad.
D’ailleurs, c’était ce même refus de se voir imposer une identité et une nationalité autres que les siennes qui était à l’origine de son engagement massif contre l’Algérie française. C’est toujours ce même principe qui prévaut contre l’Algérie postfrançaise depuis 1963.
Vous avez bien remarqué que la défiance de la Kabylie à l’encontre de tout pouvoir qui n’est pas le sien l’a amenée depuis plus de 60 ans à ne jamais se reconnaître dans les institutions fondamentales de l’Algérie autrement que contrainte et forcée. Elle ne se reconnaît ni dans la Constitution, la présidence, le gouvernement ou le parlement dont elle boycotte toujours les élections, depuis au moins 1999. Elle n’a jamais adhéré aux orientations politiques du pays, qu’elles soient d’ordre économique, linguistique, religieuse ou idéologique. L’Algérie a toujours fait des choix politiques aux antipodes des aspirations du peuple kabyle, y compris en matière de diplomatie.
Les autorités algériennes font donc face à une question nationale kabyle à laquelle elles n’ont, à aucun moment, su ou voulu apporter une réponse positive. Le fait de n’avoir obtenu de vous et de vos prédécesseurs que déni, oppression, corruption et répression, a eu pour graves conséquences :
- De structurer une relation de défiance coloniale algéro-kabyle qui n’a rien à envier à celle qui prévalait déjà du temps de la colonisation française. Pourtant, c’est depuis 1963, que cette question traîne. L’Algérie aurait pu la traiter il y a plus d’un demi-siècle, soit, au lendemain de la guerre qu’elle avait livrée contre la Kabylie de Hocine Aït Ahmed et d’Akli Mohand Oulhadj.
- Une perte de crédibilité de l’Algérie sur la scène internationale où s’est révélée cette flagrante contradiction d’un pays qui fait de la promotion et de la défense du droit des peuples à l’autodétermination un principe qu’il réprime violemment chez lui. L’Algérie dénonce chez les autres ce qu’elle pratique avec barbarie chez elle.
- L’entretien d’une instabilité politique qui empêche tout progrès économique, politique, social ou culturel du pays.
Monsieur le Président,
L’Algérie mériterait d’aller davantage de l’avant. Il suffirait qu’elle se déleste du problème kabyle pour connaître enfin stabilité interne, cohésion nationale et respect international.
Accepter la solution de la question kabyle par les urnes vous grandirait de fait et ferait sortir l’Algérie par le haut. La résolution des conflits par voie démocratique et pacifique inscrirait votre nom en lettres d’or dans l’histoire de l’humanité.
Notre disponibilité à discuter avec vos collaborateurs des échéances et des modalités nécessaires à cette consultation populaire vous est acquise.
Dans l’espoir d’une réponse favorable, je vous adresse mes salutations les plus cordiales.
Exil, le 25 Juillet 2025
Signé : Ferhat At Sâid, nom colonial MEHENNI.
SIWEL 130802 SEP 25