8 mars : Où sont les droits des femmes Kabyles ?

« Tant qu’une femme kabyle subira les effets néfastes de la chariâ et des lois de la régression du pouvoir colonial algérien, notre lutte sera légitime. »
« Win yenteṛṛen, ad yeḥṛiṛet. »
(Celui qui souffre doit réagir)
Le 8 mars a lieu la journée internationale des droits des femmes. L’objectif de cet évènement est de
célébrer les accomplissements politiques, économiques, culturels et sociaux des femmes partout dans le
monde et mettre en lumière l’urgence que représente l’atteinte de l’égalité entre les femmes et les
hommes dans toutes les sphères et dans tous les pays y compris, du moins en théorie, les États à régime
autoritaire ou totalitaire. C’est une action globale qui concerne tous les citoyens quel que soit leur genre
et leur nationalité, et toutes les organisations : les gouvernements, les O.N.G., le secteur public et le
secteur privé. La journée pour les droits des femmes, officialisée le 8 mars 1977 par l’Organisation des
Nations Unies, la journée pour les droits des femmes nous permet de faire le point sur les avancées des
droits des femmes kabyles.
QUELLE EST L’ORIGINE DE LA JOURNEE DU 8 MARS ?
Bien qu’officialisé « récemment », cette journée puise ses origines dans l’histoire des luttes ouvrières et
des manifestations de femmes au tournant du XXe
siècle en Amérique du Nord et en Europe.
À partir de 1909, les États-Unis, sous l’impulsion de femmes socialistes américaines, décident
d’organiser chaque année, le dernier dimanche de février, une « Journée nationale des femmes »
(National Woman’s Day, « Ass Aɣelnaw n Tmeṭṭut ») pour célébrer l’égalité des droits civiques.
C’est lors de la deuxième conférence internationale des femmes socialistes, en 1910 à Copenhague, que
Clara Zetkin, journaliste et militante allemande, appelle les « femmes socialistes de tous les pays » à
organiser chaque année une Journée internationale des femmes. Elle est célébrée dès le 19 mars 1911
en Autriche, en Allemagne, au Danemark et en Suisse.
En Russie, une « Journée internationale des ouvrières » est célébrée le 3 mars 1913 puis le 8 mars 1914.
Lors du 8 mars 1917 (23 février 1917 selon le calendrier julien en vigueur dans le pays à ce moment-là, le
même calendrier en usage aussi chez les Imaziɣen lesquels célèbrent Yennayer le 13 janvier), des
femmes manifestent dans les rues de Petrograd (Saint-Pétersbourg) pour exiger « le pain et la paix ».
Cette manifestation marque le début de la révolution russe, et la date du 8 mars sera officiellement
célébrée en Union soviétique à partir de 1921.
Après la Seconde Guerre Mondiale, le 8 mars est célébré dans de nombreux pays. C’est en 1977 que les
Nations Unies officialisent la Journée internationale des femmes, incitant ainsi tous les pays du monde à
fêter et à respecter les droits des femmes.
𝗤𝗨’𝗘𝗡 𝗘𝗦𝗧-𝗜𝗟 𝗗𝗘 𝗟’𝗢𝗥𝗜𝗚𝗜𝗡𝗘 𝗔𝗧𝗧𝗥𝗜𝗕𝗨𝗘́𝗘 𝗔𝗨 𝟴 𝗠𝗔𝗥𝗦 𝟭𝟴𝟱𝟳 ?
À partir des années cinquante, une version nouvelle expliquant le choix de cette date apparaît dans la
presse et fait référence à une manifestation de couturières new-yorkaises, le 8 mars 1857. Or, d’après
l’historienne Françoise Picq dans le journal du Centre national de la recherche scientifique (C.N.R.S.), la
« véritable histoire du 8 mars » ne correspond pas à cet événement qui, dans les faits, n’a jamais eu lieu.
Peu importe la véracité de cette manifestation, en revanche, nous savons que l’année 1857 fut une
catastrophe pour la Kabylie. En effet, la campagne, celle qui mettra fin à l’indépendance de la région,
commence le 23 mai pour s’achever le 15 juillet 1857. La Kabylie eut à affronter les 37 000 hommes du
général Randon, autant de soldats que lors du débarquement du 14 juin 1830 à Sīdī Fṛeǧ, et fortement
armés et équipés de pied en cape. Ainsi, voit-on poindre les malheurs pour la Kabylie !
𝗟𝗔 𝗙𝗘𝗠𝗠𝗘 𝗗𝗔𝗡𝗦 𝗟𝗔 𝗦𝗢𝗖𝗜𝗘́𝗧𝗘́ 𝗞𝗔𝗕𝗬𝗟𝗘
Disons, succinctement, que, dans la société kabyle traditionnelle, la femme tient un premier rôle : elle
est source de vie. Procréatrice, elle assure la continuité du lignage et pour cela, elle est vénérée, sacrée.
Elle est épouse, mère et gardienne du « dedans ». Elle est l’équilibre de chaque foyer et assure
quasiment toutes les responsabilités liées avec ses enfants et sa maison. Elle est « femme pilier », la
« femme poteau du milieu », autrement dit la pierre angulaire de la famille, la maman ou la
grand-mère…
Cédant la parole à Dda Sliman Ɛəzzəm (1918-1983) :
A Taqvaylit, a tigəjdit
A tin ɣəf yəva wəxxam
Ṣṣvəḥ taməddit, argaz wəṣṣi-t
In-as ad yeddu s ləwqam
D kəmm i d tigəjdit
Ɣəf təvna ddunit
Ɣuṛ-əm ak° i d-šuddən isulas
Ɣuṛ-əm i d-tsənnəd tkufit
D ušvaylu n zzit
D kemmini i d aɛəssas
Ma yəlla ṛṛay-im d iri-t,
Ur tṛəssi ara tgəjdit
Kull-ši ad irav ar llsas.
(Femme kabyle, poutre maîtresse
Tu es le fondement de la maison,
Matin et soir, guide ton époux :
Dis-lui de se conduire convenablement.
Tu es le support essentiel
Qui soutient notre univers.
Tous les tuteurs s’arc-boutent à toi.
À partir des années cinquante, une version nouvelle expliquant le choix de cette date apparaît dans la
presse et fait référence à une manifestation de couturières new-yorkaises, le 8 mars 1857. Or, d’après
l’historienne Françoise Picq dans le journal du Centre national de la recherche scientifique (C.N.R.S.), la
« véritable histoire du 8 mars » ne correspond pas à cet événement qui, dans les faits, n’a jamais eu lieu.
Peu importe la véracité de cette manifestation, en revanche, nous savons que l’année 1857 fut une
catastrophe pour la Kabylie. En effet, la campagne, celle qui mettra fin à l’indépendance de la région,
commence le 23 mai pour s’achever le 15 juillet 1857. La Kabylie eut à affronter les 37 000 hommes du
général Randon, autant de soldats que lors du débarquement du 14 juin 1830 à Sīdī Fṛeǧ, et fortement
armés et équipés de pied en cape. Ainsi, voit-on poindre les malheurs pour la Kabylie !
𝗟𝗔 𝗙𝗘𝗠𝗠𝗘 𝗗𝗔𝗡𝗦 𝗟𝗔 𝗦𝗢𝗖𝗜𝗘́𝗧𝗘́ 𝗞𝗔𝗕𝗬𝗟𝗘
Disons, succinctement, que, dans la société kabyle traditionnelle, la femme tient un premier rôle : elle
est source de vie. Procréatrice, elle assure la continuité du lignage et pour cela, elle est vénérée, sacrée.
Elle est épouse, mère et gardienne du « dedans ». Elle est l’équilibre de chaque foyer et assure
quasiment toutes les responsabilités liées avec ses enfants et sa maison. Elle est « femme pilier », la
« femme poteau du milieu », autrement dit la pierre angulaire de la famille, la maman ou la
grand-mère…
Cédant la parole à Dda Sliman Ɛəzzəm (1918-1983) :
A Taqvaylit, a tigəjdit
A tin ɣəf yəva wəxxam
Ṣṣvəḥ taməddit, argaz wəṣṣi-t
In-as ad yeddu s ləwqam
D kəmm i d tigəjdit
Ɣəf təvna ddunit
Ɣuṛ-əm ak° i d-šuddən isulas
Ɣuṛ-əm i d-tsənnəd tkufit
D ušvaylu n zzit
D kemmini i d aɛəssas
Ma yəlla ṛṛay-im d iri-t,
Ur tṛəssi ara tgəjdit
Kull-ši ad irav ar llsas.
(Femme kabyle, poutre maîtresse
Tu es le fondement de la maison,
Matin et soir, guide ton époux :
Dis-lui de se conduire convenablement.
Tu es le support essentiel
Qui soutient notre univers.
Tous les tuteurs s’arc-boutent à toi.
déshonorée, avilie, et cela, en toute impunité. Elle est contrainte de passer sous les Fourches Caudines,
le summum de l’humiliation. Par le biais de la femme, le régime chercher à atteindre le Kabyle, autrefois
altier, insoumis et fort à cheval sur la kabylité. Aujourd’hui, il voit son Code de l’honneur bafoué, traîné
dans les fonds vaseux des écuries des « chevaux arabes », rase les murs et baisse la tête devant « Sīdī
Ləḥk°əm » comme une courtisane devant le roi.
Le régime de la Régence mène des politiques corrosives et coercitives d’effacement culturel. Il impose à
la femme kabyle un système juridique, une appartenance ethnique, des us et coutumes et une identité
qui ne sont pas les siens. Comme au temps des Européens colonisant l’Afrique, la femme kabyle est
considéré comme un être primitif. Par elle, sont maintenues la culture et l’identité, par elle périront la
culture et l’identité, semble dire le régime de la Régence. Et il ne fait guère mystère, si du moins nous
nous dérobons à nos responsabilités et devoirs.
Le 8 mars est une journée d’action, de sensibilisation et de mobilisation dédiée à la lutte pour les droits
des femmes, l’égalité et la justice. Pour nous, Kabyles, il convient de nous mobiliser pour sauvegarder
Taqvaylit, « être culturel », « valeur-refuge » du résilient et résistant montagnard, sans laquelle nous
sommes voués aux gémonies, version hard de l’arabo-islamisme.
Un Kabyle insoumis

SIWEL 091611 MAR 25

KAB67820 1 G 1478 20250309 16:11 UTC+1 FRA/SIWEL-RC2631

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