Agissons vite pour mettre fin à cet état de narcose kabyle (communiqué du ministre Karim Achab)
ANAVAD AQVAYLI UΣḌIL
GOUVERNEMENT PROVISOIRE KABYLE
PROVISIONAL GOVERNMENT OF KABYLIA
MINISTÈRE DE LA LANGUE ET DE LA CULTURE KABYLES

COMMUNIQUE

Agissons vite pour mettre fin à cet état de narcose kabyle

En l’espace de 55 années, le clan d’Oujda a sifflé deux fois la fin de la récréation. Le premier sifflet fut donné par Ben Bella en 1963 en mettant fin au multipartisme, imposant une assemblée non élue et non constituante, érigeant le parti FLN en nouvel État-FLN. Le deuxième le fut en 1999, en intronisant comme roitelet d’Algérie Bouteflika, un ancien du clan d’Oujda, pour le restant de sa vie. Il y eut un seul programme commun aux deux périodes à ne pas avoir souffert: l’arabo-islamisme et son corollaire, la politique anti-amazighe.

Du fait que les Kabyles étaient les seuls à contester cette politique arabo-islamiste, la doctrine anti-amazighe du pouvoir algérien s’est muée en doctrine anti-kabyle, tout en récompensant doublement les Kabyles de service.

Dès la première constitution, la langue arabe, qui n’était parlée par personne en Algérie, fut déclarée seule langue nationale et officielle, tandis que l’Islam fut déclaré religion d’État. Le statut de langue officielle fut modifié en statut de langue officielle de l’État pour berner les militants des langues amazighes avec l’illusion du statut de langue officielle fictivement accordé à Tamazight. Les conditions et les contextes distinguent aussi les deux périodes. En 1963, c’était le début de la longue illusion du nationalisme arabe et la compétition pour son leadership. Ben Bella et Boumediene y puisèrent toute leur énergie pour mener d’une main de fer l’Algérie. À la mort de Boumediene, l’Islamisme, déjà érigé en outil pendant les années Boumediene, commençait à prendre le dessus. Le clan de l’Est qui intronisa Chadli opère un rapprochement avec l’islamisme. Menacé par ce dernier lors des élections de 1991, les généraux du clan de l’Est reprennent le pouvoir et finissent par opérer un rapprochement avec l’ancien clan d’Oujda, en remettant au goût du jour l’un de ses premiers fidèles, Bouteflika. Entre temps, l’islamisme s’est mué en salafisme.

La Kabylie, forte de son passé héroïque, de son statut dépositaire et fièrement revendiqué de l’identité amazighe plusieurs fois millénaire, de sa conscience identitaire et de son statut distinct de fait, a jusqu’ici su naviguer dans les eaux troubles, évitant ainsi de se noyer et de se dissoudre dans l’arabo-islamisme. Cependant, le navire kabyle n’en est pas sorti indemne pour autant, il a pris beaucoup d’eau et il risque de couler et s’absoudre dans l’océan de l’arabo-islamisme d’un instant à l’autre si rien n’est fait pour le préserver.

La Kabylie ne s’est pas soumise, mais elle ne s’est pas révoltée non plus. Elle a jusque-là adopté une attitude mitigée, entre la soumission et la révolte. Elle a adopté une attitude de résilience. Selon Boris Cyrulnik, le psychologue qui a diffusé ce terme, « la Résilience définit la capacité à se développer quand même, dans des environnements qui auraient dû être délabrant ». En effet, la dictature du régime algérien des années Boumédiene et de Chadli ainsi que la politique rusée de salafisation et d’arabisation en cours en Kabylie furent et restent néfastes pour celle-ci. Selon les observateurs avertis de la scène politique et socio-économique kabyle, le régime algérien aujourd’hui redouble d’efforts en vue de parachever l’arabisation et la salafisation de la Kabylie.

Le pouvoir algérien actuel s’est aliéné les militants salafistes, les recyclés et amnistiés du terrorisme des années noires, pour contribuer à l’arabisation et à la salafisation de la Kabylie. Paradoxalement, c’est en Kabylie que les Salafistes ont trouvé un terreau fertile pour assouvir leur rêve. L’État algérien a réussi à les réorienter vers « les mécréants kabyles », ceux-là même qu’il avait appelés à la rescousse lorsque sa survie était menacée par ces mêmes islamistes. Résultats : des mosquées salafistes susceptibles d’abriter des écoles pour endoctriner les enfants et enrôler les femmes fleurissent comme des champignons; les imams locaux mutés ailleurs pour être remplacés par les imams salafistes arabophones; l’association IQRA subventionnée par Ooridoo et dont l’objectif est d’arabiser la Kabylie a inauguré ses cours et ce après avoir inauguré son siège tambour battant à Tizi-Ouzou; investissements et projets en Kabylie bloqués ou entravés; les entreprises existantes asphyxiés par les services d’impôts en vue de les décourager et les pousser à se délocaliser; le chômage galopant à un rythme inquiétant; les investisseurs du Qatar, de l’Arabie Saoudite et des Émirats Arabes Unis en route vers la Kabylie en vue d’exhorter la population à s’arabiser moyennant un emploi; les prêches et les prières dans les écoles font guise de véritables programmes; etc. Ce sont là juste quelques éléments illustrant les dernières stratégies et la complicité du régime algérien dans le pourrissement socio-économique de la Kabylie sans parler du pourrissement politique qui a toujours été sa règle.

Le stratagème le plus dangereux et le plus coûteux pour l’identité et les valeurs kabyles reste l’endoctrinement par l’école. En réalité, il ne s’agit pas d’école mais bien d’institution d’embrigadement! Les enfants kabyles sont tout simplement embrigadés dans des institutions d’arabisation et de salafisation en plein cœur de nos villages kabyles. Un embrigadement qui coûte moins cher à l’État algérien que l’embrigadement classique puisqu’il laisse aux parents le soin de les nourrir, les blanchir et les loger. Le mérite des Kabyles ayant réussi ne revient pas à l’école algérienne mais à leur propre sacrifice et à celui de leur parents qui mettent toutes leurs économies et leurs petites bourses pour combler aux lacunes du système « éducatif » algérien.

Comment osons-nous continuer à laisser faire lorsque nous savons que leurs propres enfants sont instruits dans des écoles françaises. Comment osons-nous continuer à appeler « écoles » ces institutions d’embrigadement? Le régime algérien a tout simplement mis la Kabylie dans un véritable état de narcose. La narcose est un sommeil provoqué et auquel on ne peut mettre fin à l’aide de simples stimuli comme le bruit et la parole. Nous devons agir vite et de manière appropriée en tournant définitivement la page du chapitre algérien pour édifier un véritable État kabyle mieux à même de garantir la survie de notre identité et l’épanouissement de notre peuple.

Joignons-nous toutes et tous à la marche du 16 avril à Paris et à celle du 20 avril en Kabylie pour :

  • Rendre hommage aux martyrs kabyles tombés sous les balles assassines du régime algérien;
  • commémorer le Printemps amazigh du 20 avril 1980 et le Printemps noir de 2001.
  • appuyer le mémorandum qui sera remis à L’ONU et aux autres organisations internationales.

Karim Achab,
Ministre de la Culture et de la langue kabyles

SIWEL 141020 Apr 17

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