TIZI WEZZU (SIWEL) — Les étudiants souverainistes kabyles organisés au sein de la coordination universitaire du MAK-Anavad, ont tenu à rendre hommage au grand écrivain, anthropologue et linguiste kabyle, Dda Lmulud n At Mεammaṛ, à l’occasion du 29ème anniversaire de son assassinat par le régime colonial algérien, en distribuant au campus de Tamda hier lundi et au niveau des autres campus ce mardi, des tracts que nous reproduisons ci-dessous :
Tajmilt i Dda Lmulud n At Mεammaṛ
Mulud Mɛemmri, naɣ Mulud At Mɛammaṛ, d amyaru, d amdan yefkan azal ameqqran i yedles d tutlayt Tamaziɣt, d netta i d amezwaru i yeslemden Tamaziɣt di tesdawit n Lzzayer.
Dda Lmulud ilul ass 28 Duǧemver 1917 di Tewrirt Mimun deg At Yanni di Tizi Wezzu.
Yenɣa-t udavu ameṣvaṭli azdayri ass 25 furar 1989 di ɛin n Defla deg ubrid n tuɣalin-is si Lmeṛṛuk.
Mulud At Mɛammaṛ yeǧǧa-d later akked tikta meqqren uger n uḥric ameqqran n imalwayen, ayen yellan deg umezruy n ugdud Azwaw; uger n Massnsen, uger n Yugurten, uger n Dihya…
Dda Lmulud yenǧeṛ-aɣ-d avrid i useḥviver ɣef umezruy-nneɣ, ɣef tmeslayt-nneɣ, d tilawt-nneɣ ger leǧnas maṛṛa, s ugerruj i aɣ-d-yeǧǧa Dda Lmulud i neṣṣaweḍ ad nili ass-a, yis-nneɣ nekkni, s timunent n tmurt n Leqvayel ara yili Dda Lmulud, s timunent-nneɣ ara naru isem-is s yisekkilen n uṛeɣ.
Mouloud Mammeri (Mulud At Mɛammaṛ en Kabyle) est né le 28 décembre 1917 à Taourirt Mimoune (Tawrirt Mimun… At Yenni) en Haute Kabylie. Il fait ses études primaires dans son village natal. En 1928 il part chez son oncle à Rabat (Maroc), où ce dernier est alors le précepteur de Mohammed V. Quatre ans après il revient à Alger et poursuit ses études au Lycée Bugeaud. Il part ensuite au Lycée Louis-le-Grand à Paris ayant l’intention de rentrer à l’École normale supérieure.
Mobilisé en 1939 et libéré en octobre 1940, Mouloud Mammeri s’inscrit à la Faculté des Lettres d’Alger.
Remobilisé en 1942 après le débarquement américain, il participe aux campagnes d’Italie, de France et d’Allemagne.
À la fin de la guerre, il prépare à Paris un concours de professorat de Lettres et rentre en Algérie en septembre 1947. Il enseigne à Médéa, puis à Ben Aknoun et publie son premier roman, La Colline oubliée en 1952. Sous la pression des événements, il était obligé de quitter Alger en 1957.
De 1957 à 1962, Mouloud Mammeri reste au Maroc et rejoint l’Algérie au lendemain de son indépendance.
De 1968 à 1972 il enseigne le berbère à l’université dans le cadre de la section d’ethnologie, la chaire de berbère ayant été supprimée en 1962. Il n’assure des cours dans cette langue qu’au gré des autorisations, animant bénévolement des cours jusqu’en 1973 tandis que certaines matières telles l’ethnologie et l’anthropologie jugées sciences coloniales doivent disparaître des enseignements universitaires.
De 1969 à 1980, il dirige le Centre de Recherches Anthropologiques, Préhistoriques et Ethnographiques d’Alger (CRAPE). Il a également un passage éphémère à la tête de la première union nationale des écrivains algériens qu’il abandonne pour discordance de vue sur le rôle de l’écrivain dans la société.
Mouloud Mammeri recueille et publie en 1969 les textes du poète kabyle Si Mohand U’Mhand. En 1980, c’est l’interdiction d’une de ses conférences à Tizi-Ouzou sur la poésie kabyle ancienne qui est à l’origine des événements du Printemps berbère.
En 1982, il fonde à Paris le Centre d’Études et de Recherches Amazighes (CERAM) et la revue Awal (La parole), animant également un séminaire sur la langue et la littérature amazighes sous forme de conférences complémentaires au sein de l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS).
Ce long itinéraire scientifique lui a permis de rassembler une somme d’éléments fondamentaux sur la langue et la littérature amazighes. En 1988 Mouloud Mammeri reçoit le titre de Docteur honoris causa à la Sorbonne.
Mouloud Mammeri meurt le soir du 26 février 1989 des suites d’un accident de voiture, qui eut lieu près de Aïn-Defla à son retour d’un colloque d’Oujda (Maroc) sur l’Amazighité. Une chose est sûre, que ce n’était pas un simple accident mais qu’il a été assassiné par le pouvoir colonial d’Alger pour l’empêcher de continuer son combat pour son identité Amazighe.
Le 27 février, sa dépouille est ramenée à son domicile, rue Sfindja (ex Laperlier) à Alger. Mouloud Mammeri est inhumé, le lendemain, à Tawrirt Mimun. Ses funérailles furent spectaculaires : plus de 200 000 personnes assistèrent à son enterrement.
Aucun officiel n’assista à la cérémonie alors qu’une foule compacte scandait des slogans contre le pouvoir en place, ce pouvoir colonial qui ne connaît rien à part réprimer, assassiner, harceler et envahir…
Cet envahisseur arabo-islamiste algérien qui fait tout pour inonder notre patrimoine, pour supprimer notre identité et faire disparaître les traces de nos ancêtres.
Nous n’attendons absolument rien de ce pouvoir mafieux et nous refusons qu’il vienne couler ses larmes de crocodiles sur les tombes de nos héros que ces mêmes chasseurs de lumière ont assassinés…
Nous sommes les seuls à pouvoir rendre hommage à nos braves martyrs, à nos immortels héros dans une Kabylie libre et indépendante.
Sgunfu di talwit a Dda Lmulud !!!
« Xas neqqḍen acḥal d itri, igenni ur inegger ara »
P/ La coordination universitaire MAK-Anavad de Tizi Wezzu