Le 20 avril 2025, la Kabylie a vibré dans les cœurs de ses enfants, sur sa terre et à travers le monde. En France, au Canada, aux États-Unis, en Europe et ailleurs, la diaspora kabyle s’est rassemblée dans des marches puissantes et déterminées, affirmant son engagement pour l’indépendance de la Kabylie et dénonçant la répression coloniale algérienne. À Paris notamment, des milliers de personnes ont pris part à cette mobilisation historique. Nous adressons nos remerciements les plus sincères à toutes celles et ceux qui y ont participé.
Partout, des événements culturels ont été organisés pour réaffirmer notre identité, célébrer la richesse de notre culture et honorer la résistance kabyle face à la domination. Le Printemps berbère n’est pas une page du passé : il est le socle vivant d’un peuple Kabyle debout.
Mais pendant que notre diaspora fait vivre la mémoire et l’espoir, en Kabylie, c’est la peur et la violence d’État qui règnent. Cette année encore, le régime colonial algérien a interdit toute manifestation et toute commémoration sur le territoire kabyle. Des instructions ont été envoyées aux établissements scolaires, centres culturels et forces de la police coloniale pour interdire toute activité liée au 20 avril.
Des arrestations arbitraires ont été menées contre des citoyens dont le seul tort est d’exister librement. Un homme a été arrêté pour avoir porté un tee-shirt avec la photo de Lounès Matoub — symbole fort de la peur du régime face à la mémoire de celui qu’il a assassiné. Un autre citoyen, originaire d’At Mendas, respecté pour son engagement laïque et apolitique, a été arrêté sans motif valable et se trouve actuellement entre les mains des services de sécurité.
Les témoignages qui nous parviennent font état de dizaines d’arrestations arbitraires supplémentaires. Pire encore, des milliers de citoyens ont été convoqués de manière informelle, sans aucune notification officielle, dans les centres de services de renseignement, notamment aux Oliviers à Vgayet. Là, sous la menace, ils sont contraints de signer des aveux mensongers, reconnaissant une appartenance fictive à une organisation dite « terroriste », et s’engageant à collaborer avec les autorités. Cette pratique brutale est une violation manifeste des droits humains. Elle révèle que le véritable terrorisme est exercé par le régime algérien, et non par le peuple kabyle.
Dans son rapport d'aujourd'hui 24/04/2025, Amnesty International rappelle que l’inscription du MAK sur la liste des organisations terroristes par les autorités algériennes ne repose sur aucune base juridique internationale valable. Cette décision arbitraire permet aujourd’hui l’emprisonnement de citoyens kabyles pour de simples opinions, comme dans le cas de Massinissa Lakhal, condamné à trois ans de prison pour avoir partagé des publications favorables à la cause kabyle sur les réseaux sociaux.
Ce 20 avril est donc plus qu’une commémoration. C’est une affirmation solennelle : le peuple kabyle a le droit de choisir librement son avenir. Ce droit fondamental, reconnu par la Charte des Nations Unies, ne nécessite aucune autorisation. Il découle de notre histoire, de notre dignité et de notre volonté collective.
La Kabylie n’est pas une région d’une algérie artificielle. Elle est une nation millénaire, avec sa langue — Taqvaylit —, qui est l’âme de notre peuple, avec ses valeurs de laïcité, de tolérance, et de coexistence spirituelle. Quelle que soit leur foi ou leur conviction, tous ont leur place en Kabylie.
C’est pourquoi nous affirmons que l’heure de l’indépendance a sonné. Nous n’avons plus à mendier des droits dans un État qui nie notre existence. Nous n’avons plus à accepter la torture, l’emprisonnement et la répression de nos enfants. Nous n’avons plus à courber l’échine devant un régime qui nous traite comme des ennemis sur notre propre terre.
À tous les prisonniers politiques kabyles, à tous les martyrs, à toutes les victimes de la répression, nous faisons aujourd’hui cette promesse : nous irons jusqu’au bout.
Nous pensons à Mira Moknache, Wafia Tidjani, Younes Bounadi, Ghilas Benkerrou, Chafaa Baymout, Mouloud Djab, Taib Yougurten, Mohand Laskri, Mohand Oubelaid Moualak, Youcef Gueddache, Yugurten Benadjaoud, Koudir Agrawliw, Toufik Fourtas, Boualem Sansal, ainsi qu’aux centaines d’autres prisonniers politiques kabyles.
Nous pensons aux grandes figures de notre mémoire : Abane Ramdane, Amirouche Aït Hammouda, Krim Belkacem, Ali Mécili, Mohend Uharun, Lounès Matoub, Ameziane Mehenni.
Nous pensons aux militants de 1949 — Ouali Bennaï, Amar Ould Hamouda, M’barek Aït Menguellet, Ali Laïmèche et leurs camarades —, à celles et ceux du Printemps berbère de 1980/1981, à la jeunesse pacifique de 2001, aux 128 Kabyles assassinés, aux victimes des incendies criminels de 2021 et 2023, à toutes les vies kabyles broyées par la machine coloniale.
Tous ces noms, tous ces visages, nous crient : « Ne trahissez pas notre sacrifice ! »
Notre lutte ne se limite pas au territoire kabyle. Elle s’étend à notre diaspora, contrainte à l’exil par la répression. À Paris, à Bruxelles, à Montréal ou ailleurs, les militants kabyles poursuivent le combat malgré la surveillance, les menaces et parfois même les agressions orchestrées par les services algériens. Cette stratégie d’intimidation transnationale, documentée par la presse internationale, doit cesser immédiatement.
Face à cette oppression, notre vision pour une Kabylie indépendante est claire. Une économie robuste, fondée sur des piliers tels que l’industrie, le tourisme, l’agriculture et les ressources naturelles, notamment le pétrole offshore, permettra à la Kabylie de générer un budget annuel largement supérieur aux 14 milliards de dollars nécessaires pour assurer une vie digne à ses citoyens. Libérée de l’entrave coloniale, la Kabylie deviendra une nation stable, moderne, prospère et respectée.
Nous voulons un État souverain fondé sur la justice, la démocratie, la laïcité et le respect des droits humains. Un État de droit où la liberté de pensée, de croyance et d’expression sera garantie. Un État où les langues seront protégées, où les religions seront libres, et où chaque citoyen pourra affirmer avec fierté : « Nekk-d Aqvayli d ilelli di Tmurtiw. »
Kabyles, votre avenir est entre vos mains. Unis, organisés et déterminés, nous sommes invincibles.
Indépendance pour la Kabylie !
Droit à l’autodétermination pour le peuple kabyle !
Libération immédiate de tous les détenus politiques kabyles !
Justice pour nos martyrs !
Tilelli, Timunent i Tmurt Taqvaylit !
Exil, le 24/04/2025
Mounir BOUTEGRABET
Ministre de l’Intérieur du Gouvernement Kabyle en Exil
SIWEL 241724 AVR 2025
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