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Boualem Sansal, otage du régime algérien ou l’impasse d’une diplomatie française sans courage

Chronique de Sab At Maksen
Une affaire révélatrice d’un mal politique profond
L’affaire Boualem Sansal n’est pas seulement le sort tragique d’un écrivain franco-algérien injustement emprisonné. Elle est le reflet d’une situation bien plus vaste, l’impasse des relations franco-algériennes, gangrenées par les calculs d’un régime autoritaire et la faiblesse d’une diplomatie française trop soucieuse de ménager un régime qui la méprise.
Depuis 2019, l’Algérie s’enfonce dans une répression féroce. Le régime, tenu d’une main de fer par des généraux corrompus, multiplie les détentions arbitraires. La liberté d’expression y est désormais un crime. Dans ce contexte, Boualem Sansal, figure morale, laïque et critique, est devenu un prisonnier hautement symbolique.
La naïveté française, ou le prix d’une illusion
Face à cette dérive, la France aurait pu, aurait dû, faire entendre une parole forte. Mais le président Emmanuel Macron a préféré la diplomatie de l’évitement. En pariant sur une relation personnelle avec Abdelmadjid Tebboune, il a renoncé à tout rapport de force. En 2022, à son retour d’Algérie, interrogé sur les prisonniers d’opinion, il s’est contenté d’un laconique : « Je ne me mêle pas des affaires intérieures. » Une phrase lourde de renoncements, à laquelle le régime algérien a su opposer un mépris stratégique.
Depuis, la liste des humiliations s’allonge : expulsions de diplomates français, refus d’extrader les délinquants algériens, intimidations contre des Franco-Algériens, Kabyles en particulier. Le message d’Alger est clair : la France peut bien parler des droits de l’homme, elle n’agira pas.
Une libération impossible… et impensable pour le régime
Libérer Boualem Sansal serait pour le pouvoir algérien un revers symbolique d’ampleur. Ce serait reconnaître, même à demi-mot, qu’il détient arbitrairement ses opposants. Et surtout, ce serait céder sous la pression d’intellectuels européens, pire encore, français. Pour un régime dont l’ADN repose sur une posture anti-française quasi identitaire, c’est inenvisageable.
Pis encore, libéré, Sansal quitterait sans doute le pays. Il parlerait, dénoncerait, raconterait. Il deviendrait la voix des sans-voix, de tous ces prisonniers d’opinion oubliés ou de la cause kabyle persécutée. Une figure impossible à contenir, à museler. Et donc, pour Alger, une menace vivante. Boualem Sansal a donné un aperçu de sa valeur et de son courage devant le tribunal d’Alger en tenant tête aux accusations farfelues sans trembler.
La diaspora kabyle, obsession d’État
Ce refus de la critique dépasse les frontières algériennes. En France même, des pressions sont exercées via les consulats, associations ou lieux de culte algériens instrumentalisés. La cible prioritaire : la diaspora kabyle. Le MAK (Mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie) et son président en exil, Ferhat Mehenni, sont traités comme une menace existentielle. Leur simple revendication d’un droit à l’autodétermination est perçue comme un crime.
L’Algérie se permet ainsi de mener une politique d’intimidation sur le sol français, sans conséquence réelle. Paris laisse faire, au nom d’un équilibre diplomatique illusoire. Une impunité qui interroge, quand elle ne choque pas. Un jour, nous découvrirons peut-être les vraies raisons.
Une histoire loin d’être close
Ce 5 juin 2025, certains espéraient une avancée, une libération, un geste d’ouverture. Mais l’affaire Boualem Sansal risque au contraire de marquer une nouvelle déception. Elle révèle l’échec d’une stratégie de conciliation qui n’a ni protégé les principes de la République, ni servi les intérêts français.
Car c’est peut-être cela, la plus grande leçon de cette affaire : une diplomatie sans courage ne protège ni les droits humains, ni la dignité nationale.
L’histoire de Boualem Sansal n’est pas close. Elle ne fait, peut-être, que commencer.

À suivre…

SIWEL 271746 JUIN 25

KAB68489 1 G 685 20250627 17:46 UTC+1 FRA/SIWEL-RC2631

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