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Droit de réponse du MAK : Mise au point à l’attention de TV5Monde et de M. Slimane Zeghidour et Mme. Pascale Veysset

Nous tenons à apporter une mise au point  nécessaire à l’article intitulé « Algérie: pourquoi le MAK est cité après la condamnation d’un journaliste français pour « apologie du terrorisme » » publié le 1er juillet 2025 sur le site internet de TV5Monde, qui qualifie le Mouvement pour l’Autodétermination de la Kabylie (MAK) d’« extrémiste », de « minoritaire », et qui alimente, sans distance critique, la narration officielle d’un régime algérien autoritaire et répressif.

Ce traitement médiatique, provenant d’une chaîne internationale comme TV5Monde, est à la fois injuste, partiel et dangereux pour les militants kabyles que ce régime traque, emprisonne et réduit au silence depuis plusieurs années.

Le MAK n’est pas une organisation terroriste. Il a été classé ainsi par le Haut Conseil de Sécurité algérien en mai 2021, dans une démarche strictement politique, non reconnue par aucun État ni aucune instance internationale. Cette étiquette vise à justifier l’arrestation de militants pacifiques, à criminaliser toute opinion divergente, à interdire la simple expression d’une identité kabyle assumée.

Il est déplorable qu’un journaliste expérimenté comme Monsieur Zeghidour reprend sans nuance cette désignation, sans rappeler qu’elle est contestée par tous les défenseurs des droits humains et qu’elle ne repose sur aucun acte matériel, aucun jugement équitable ni critère objectif.

Le MAK est un mouvement pacifique, qui agit dans le strict respect des principes du droit international, notamment le droit à l’autodétermination des peuples. Il n’a jamais appelé à la violence, ne possède aucune structure armée et ne cherche pas la confrontation. Il propose un projet politique clair : l’indépendance de la Kabylie par les voies démocratiques, dans un cadre laïque, pluraliste et respectueux des droits humains. Il milite pour une rupture avec un système autoritaire, corrompu, arabisant et hostile à toute forme de diversité interne.

C’est ce projet qui dérange, pas une quelconque radicalité. La radicalité se trouve plutôt dans un régime algérien qui emprisonne un journaliste étranger pour un simple contact avec un dirigeant de l’équipe nationale kabyle de football qui en l’occurrence est un cadre du MAK, ou qui arrête des dizaines de jeunes pour avoir brandi un drapeau qui les représente.

Dans ce climat, oser parler du MAK en Algérie, c’est risquer sa liberté. Ce n’est pas un simple débat d’idées, c’est un risque physique, judiciaire, familial. Le climat de peur instauré par le régime étouffe toute voix dissidente. Des centaines de militants, d’artistes, de lycéens, de responsables associatifs ou d’universitaires ont été arrêtés ou intimidés à Tizi Ouzou, Béjaïa, Vgayet ou ailleurs.

Il n’est donc pas sérieux de qualifier le MAK de « minoritaire » sans tenir compte de cette répression. Dans une société muselée, l’absence de contestation publique ne signifie pas l’absence d’adhésion. Elle signifie que le prix de la parole est devenu trop lourd. La Kabylie est un peuple sous surveillance, non un peuple silencieux.

Quant aux accusations d’idéologie « anti-arabe », « pro-israélienne » ou « sectaire », elles sont diffamatoires. Le MAK ne s’oppose à aucun peuple, mais à une idéologie d’uniformisation. Il ne rejette ni les Arabes, ni l’islam, ni aucun groupe ; il rejette l’imposition d’une culture d’État, l’usage de la religion comme outil de domination, et l’instrumentalisation de la mémoire collective.

Le MAK défend une Kabylie ouverte sur le monde, inclusive, solidaire, sans exclusive ni sectarisme. Il est profondément attaché à la diversité des langues, des croyances et des mémoires. C’est cette diversité que l’État algérien nie en voulant nous fondre dans une identité unique, arabo-musulmane et étatique.

Contrairement à ce qui est avancé, la question kabyle ne souffre pas d’un manque de reconnaissance, mais d’un déficit de volonté politique de la part des grandes puissances à affronter une réalité dérangeante. Le droit à l’autodétermination du peuple kabyle est pleinement conforme au droit international, comme l’a confirmé l’avis juridique émis par des cabinets spécialisés de renommée mondiale. La légitimité de notre démarche ne fait aucun doute sur le plan du droit. Le MAK a déposé un mémorandum à l’ONU dès 2017, multiplie les échanges avec des acteurs institutionnels à travers le monde, et s’inscrit dans une trajectoire diplomatique cohérente, progressive et assumée. La reconnaissance internationale n’est pas un préalable, mais le résultat d’un processus que nous avons déjà engagé avec rigueur, détermination et clarté.

Enfin, il est regrettable que le MAK soit présenté comme une « anomalie », un phénomène marginal ou opportuniste, alors qu’il est enraciné dans une histoire longue, douloureuse et digne. Le Printemps noir de 2001, qui a vu 128 jeunes tués par les forces de sécurité, a été un moment fondateur de rupture. Le MAK est né d’un échec : celui de l’Algérie à respecter sa propre jeunesse, à accueillir ses propres langues, à honorer ses propres promesses en ratifiant les textes des Nations unies portant sur l’autodétermination et le respect de la Charte des droits de l’Homme…

La Kabylie ne demande pas la guerre. Elle demande le respect. Le MAK ne représente pas une division. Il incarne une possibilité de vivre autrement, en paix, librement, dignement. Il est aujourd’hui le porte-voix d’un peuple conscient de son histoire, de son identité et de son droit à décider de son avenir. Ce droit n’est pas une menace. Le MAK est un espoir.

Monsieur Zeghidour, vous avez choisi de commenter un mouvement sans jamais lui donner la parole ni même pris quelques minutes de votre précieux temps pour poser vos questions aux concernés. Vous avez présenté une lutte d’émancipation comme une dérive. Vous avez repris les termes du pouvoir algérien sans en interroger les méthodes. Mais le MAK est une expression vivante, courageuse, organisée de cette volonté d’émancipation kabyle. Il ne mérite ni l’injure ni l’ignorance, mais un regard lucide, libre et informé.

Nous appelons TV5Monde et Monsieur Zeghidour à corriger ces propos infondés et à agir conformément à l’éthique journalistique et au devoir d’impartialité qu’impose un média de service public à vocation internationale.

Fait en exil, le 2 juillet 2025

Reza At-Sɛid
Président du Bureau exécutif général
Mouvement pour l’Autodétermination de la Kabylie (MAK)

SIWEL 022203 JUIL 25
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