La «répudiation» ce mot de la honte et de la violence
REPERES (SIWEL) — Le «Khol’â», c’est quoi ce mot, d’où sort-il, d’où vient-il, se posera la question le lecteur. Un mot barbare? Non ! Juste un mot arabe que nous avons trouvé écrit en arabe dans le texte en Français du «code de la famille algérienne». Ce code que d’aucunes des femmes Algériennes instruites appellent par un jeu de mot, le «code de l’infamie» tant il fait de la gente féminine une mineure et une esclave à vie.
Le «Khol’â» est une procédure judiciaire, réservée à la femme algérienne, il lui donne le droit de divorcer de son mari. C’est en quelque sorte la femme qui répudie son mari. Oui vous avez bien lu, la femme qui répudie son mari et ce en… «Algérie».
Le monde à l’envers, penserez-vous, tant la femme est vue comme objet sexuel, esclave domestique et pondeuse d’enfants dans les pays islamico-arabes ?
La répudiation, ce mal sociétal algérien, où tout ce qui ne plait pas au plus fort, ici l’homme dans le couple, est vite rejeté.
Transposé dans la vie politique de ce pays et dans les moeurs du pouvoir colonial algérien, la répudiation, sera cette atteinte à la liberté de penser et d’expression politique. En bref la liberté d’opinion. C’est l’exclusion de l’autre dès qu’il s’affirme autre, en politique, en société, dans sa civilité, dans ses idées etc…
Il y a un mode de pensée et un mode d’être selon les canons du pouvoir colonial et ceux de la mosquée mise à contribution pour fabriquer l’algérien model conforme à leur «Algérie».
Si le «Khol’â» est une procédure juridique, il est aussi la somme, sonnante et trébuchante en dinars, que la femme doit payer pour retrouver sa liberté.
À l’image d’un esclave ou d’un otage racheté par sa famille, la femme doit racheter sa liberté, quand l’homme algérien, dans sa procédure de répudiation «Talaq» n’a qu’à faire sa demande devant le juge ou prononcer trois fois devant un imam «je te répudie» pour obtenir son divorce.
Pour l’homme donc, le tour est vite joué, il peut vaquer à la recherche d’une nouvelle femme, de deux ou trois.
C’est dans ces lois iniques en contradiction de tout ce qui fait l’Homme Kabyle et la Kabylie, et de tout ce qui fait le quotidien ainsi que l’histoire falsifiée de ce pays que l’on constate que ce pays appelé «algérie» est un pays colonisateur, un pays fasciste négateur de la Kabylie.
Vendue et cédée comme une vache lors de son mariage, par son «Tuteur» en arabe son «Wali», comprendre son père, son frère, même moins âgé qu’elle ou un membre masculin de la famille proche reconnu comme tel, défavorisée dans le partage de l’héritage, forcée de voiler son corps des pieds à la tête, cette bombe qui pose problème à l’homme algérien, la femme reste ainsi le souffre-douleur d’un milieu social qui patauge dans un obscurantisme religieux et culturel qui s’aggrave de plus en plus fort, au fur et à mesure que le salafisme envahit ce pays avec la complicité de la junte coloniale algérienne.
Empêtré dans les lois de la «Charia», le droit coranique, ce pays appelé «Algérie», détenu par une junte militaire, s’embourbe dans des conditions sociétales en contradiction flagrante avec le monde moderne.
La Kabylie occupée est la victime collatérale de cette catastrophe juridico-sociale algérienne. Certains mêmes de ces travers portés par cette «algérie» en déconfiture ont déteints en la matière sur certaines coutumes et traditions Kabyles.
Dans son livre (1) l’historienne Française, Yvonne Turin, nous relate l’histoire de cette femme Kabyle qui dans la Kabylie du XIX siècle a demandé le divorce de son mari car trop puissant.
Tajmaât (Assemblée du village) s’est réunie et a décidé de reconnaître le droit de cette femme Kabyle à divorcer. Elle a obtenu ainsi la dissolution de son mariage.
La Femme Kabyle tout comme l’Homme Kabyle, hier respectés dans leurs droits issus et inspirés des traditions ancestrales et droit coutumier Kabyle en harmonie avec la Société et la Civilisation Kabyles millénaires se retrouvent aujourd’hui, dans une Kabylie occupée, soumis aux lois étrangères, loin de leurs valeurs Humaines et Sociétales dont la LIBERTÉ était un Droit Fondamental inaliénable.
C’est dans et sous cette culture et ces lois étrangères faites de violences et de mépris envers la Femme, qu’une jeune étudiante Kabyle s’est retrouvée violentée ou d’autres femmes objets de mariages forcés.
Cette étudiante a été agressée par un agent écervelé et aliéné par cette culture importée d’orient, parce qu’en tant que femme elle a transgressé non seulement sa condition de femme qu’on veut docile et soumise mais aussi parce qu’elle a osé exprimer, pacifiquement, ses idées politiques en brandissant un drapeau Kabyle.
Trop c’est trop, pour cet agent qui comme beaucoup d’algériens a été élevé dans le mépris de la Femme qui ne doit pas empiéter dans le domaine des hommes.
C’est dans et sous cette culture de la violence envers tout ce qui lui résiste surtout quand cela vient d’une femme que ce pouvoir colonial a laissé cet agresseur dans l’impunité totale et en liberté.
C’est dans ces lois iniques en contradiction de tout ce qui fait l’Homme Kabyle et la Kabylie, et de tout ce qui fait son quotidien ainsi que dans l’histoire falsifiée de ce pays que l’on constate que ce pays appelé «Algérie» est un pays colonisateur, un pays fasciste.
Il est plus que temps pour la Kabylie occupée de prendre en main son destin et d’aller vers sa Libération.
Menal At Qasi
SIWEL 252205 FEV 18
(1) Yvonne Turin, Affrontements culturels dans l’Algérie coloniale. Ecoles, médecines, religion, 1830-1880. Ed: François Maspero.