Kabylie – Algérie : Entre déclaration d’indépendance et mobilisation générale, les signes d’un basculement

L’annonce récente du MAK (Mouvement pour l’Autodétermination de la Kabylie) d’une possible déclaration unilatérale d’indépendance marque un tournant majeur dans la tension historique entre la Kabylie et le pouvoir central algérien. Alors que le pays kabyle, fière de son identité amazighe et son attachement à la Kabylité, a longtemps exprimé un profond malaise vis-à-vis d’un régime centralisateur, marqué par des pratiques colonialistes, cette initiative symbolique semble avoir fait réagir Alger d’une manière aussi rapide qu’inhabituelle.
La réponse du pouvoir ne s’est pas faite attendre : une loi de mobilisation générale, adoptée au Conseil des ministres, vient élargir le cadre légal permettant au régime de mobiliser non seulement les forces armées, mais aussi les ressources civiles et économiques du pays face à ce qu’il qualifie de menace à l’intégrité nationale.
Ce texte, en apparence technique, est lourd de signification. Il traduit une nervosité croissante au sommet de l’État. Le régime semble redouter un soulèvement organisé ou spontané en Kabylie, à la suite d’un éventuel acte de rupture proclamé par le MAK. Pour les autorités, il ne s’agit plus d’un simple mouvement d’opposition régional, mais d’un scénario qu’il faut anticiper militairement et politiquement.
Dans ce climat, la Kabylie apparaît à la fois comme espace de revendication et terrain de confrontation latent. La population locale, marquée par une histoire de luttes, pourrait se retrouver prise entre un régime qui se durcit et un mouvement indépendantiste dont les intentions sont plus affirmées que jamais. La loi de mobilisation peut aussi être vue comme un signal destiné à rassurer l’appareil d’État et à intimider les éventuels soutiens au projet indépendantiste, y compris dans la diaspora.
Sur le plan diplomatique, cette situation pourrait placer Alger dans une position délicate. Car si une déclaration unilatérale d’indépendance venait à être faite, même sans reconnaissance internationale, cela pourrait ouvrir une brèche politique dans le discours de l’unité nationale. Les voisins et partenaires étrangers, bien que prudents, pourraient être forcés de se positionner ou d’agir selon leurs propres intérêts.
En réalité, cette séquence révèle un malaise profond, non résolu depuis l’indépendance de l’Algérie : celui de la reconnaissance pleine et entière des identités régionales, linguistiques et culturelles . Le durcissement du pouvoir, à travers des lois d’exception, ne fait que confirmer que la réponse reste essentiellement sécuritaire, quand c’est d’écoute, de dialogue, et de négociation avec le MAK dont l'Algérie aurait besoin.
Exil, le 21/04/2025
 Samir Oukaci, universitaire et militant Kabyle.

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