France (SIWEL) — Ils s’appellent Karim, Mhend, Djamel, Nassim. Depuis le 29 août, ces quatre militants kabyles marchent. Leurs pas les mènent du Finistère à Paris, où ils arriveront le 19 septembre après un périple de plus de 600 kilomètres. Leur combat : dénoncer l’emprisonnement arbitraire de centaines de militants kabyles et exiger justice pour un peuple privé de liberté.
À l’origine de cette initiative, des échanges sur les réseaux sociaux entre membres de KHR (Kabyles for Human Rights), de l’association nationale des collectifs kabyles des droits humains et des militants déterminé à briser l’isolement médiatique et politique dont est victime la Kabylie.
Une mobilisation née dans l’ombre des réseaux sociaux
C’est par écrans interposés, dans l’urgence numérique et la frustration du silence, que l’idée a germé. « Assoiffés de justice, nous ne pouvions plus nous contenter de likes et de partages », explique l’un des organisateurs. « Il fallait incarner la lutte, prendre la route, affronter le réel. »
Leur marche, baptisée « La Voix des Sans-Voix », s’inscrit délibérément dans la lignée de mobilisations historiques, comme la marche Bretagne-Genève, et rappelle que les batailles pour les droits humains se gagnent aussi par la persévérance et le symbole.
La « Voix des Sans-Voix » n’est pas qu’un slogan : c’est le cri de toute une peuple qui refuse de se taire. Et qui, pas après pas, impose son droit à exister.
Paris pour cible, le monde pour témoin
Le choix du parcours est éminemment politique. En partant de Bretagne — région connue pour sa forte identité culturelle et ses résistances — pour converger vers Paris, siège du pouvoir français, les marcheurs tissent un parallèle entre les luttes locales et les enjeux internationaux.
Cette action pacifique vise entre autre à attirer l’attention des médias et des organisations internationales (ONU, Amnesty International, FIDH) sur la détention des militants kabyles, de l’écrivain Boualem Sansal, du journaliste français Christophe Gleizes… La date d’arrivée à Paris pourrait être l’occasion d’un événement médiatique.
Cette action met en avant la diaspora Kabyle forte de ces 2 millions de personnes en France . Ainsi elle se veut comme un renforcement de la cohésion et le sentiment d’action au sein de la communauté, montrer que la lutte continue malgré la distance.
Leur stratégie est précise :
Rencontrer les élus locaux (maires, conseillers) pour recueillir leur signature et leur soutien ;
Sensibiliser l’opinion publique française, encore peu informée sur la situation en Kabylie ;
Internationaliser la cause en visant explicitement les institutions françaises et, au-delà, l’ONU et les organisations de défense des droits humains.
« Chaque signature est une preuve de légitimité. Chaque poignée de main est un engagement », souligne Karim, l’un des marcheurs. « Nous ne mendions pas la compassion : nous exigeons la reconnaissance de nos droits. »
Ces signatures s’ajouteront à une pétition qui sera remise solennellement à l’arrivée à Paris. Elles visent à démontrer la préoccupation croissante de la société civile et des représentants français face aux arrestations arbitraires et à la répression systématique exercée par le régime algérien contre les militants kabyles et les voix dissidentes.
« La Marche de la Liberté » s’inscrit dans la plus pure tradition de la liberté et la justice. En marchant, en parlant, en ralliant des soutiens, ces activistes honorent la mémoire de toutes les luttes passées et présentes pour la dignité humaine.
Leur périple est un rappel puissant que la solidarité n’a pas de frontières et que le combat pour la justice continue, un pas après l’autre.
« Nous marchons pour ceux qui sont réduits au silence, emprisonnés pour avoir simplement exprimé leurs opinions ou défendu leur droits et leur identité », explique un organisateur de la marche. « Chaque signature d’élu est une petite victoire, une fissure dans le mur de l’indifférence. Nous portons la voix des sans-voix jusqu’au cœur du pouvoir politique français. »
La Kabylie sous répression : chiffres et réalités
Dans l’ombre de cette marche, une réalité brutale :
Plus de 500 militants kabyles sont actuellement emprisonnés en Algérie, souvent sans procès équitable ;
38 citoyens kabyles ont été condamnés à mort dans le sillage d’une affaire controversée — le meurtre d’un jeune — victime d’une manipulation des services de sécurité algériens.
« Le régime algérien instrumentalise la justice pour museler toute revendication culturelle ou politique en Kabylie », dénonce un rapport récent de KHR.
En choisissant Paris comme point d’arrivée le 19 septembre, les organiseurs envoient un message fort. La capitale française n’est pas seulement le siège du gouvernement ; c’est une tribune internationale. Cette marche est une stratégie pour internationaliser la cause kabyle et forcer la diplomatie française, ainsi que les organisations internationales basées en Europe, à regarder la situation en Algérie en face et à condamner les abus.
L’arrivée des marcheurs à Paris, le vendredi 19 septembre, ne sera pas un aboutissement, mais le début d’une nouvelle étape. Des rassemblements sont prévus, auxquels devraient participer personnalités politiques, journalistes et représentants d’ONG.
Les organisateurs l’assurent :
« Cette marche est un outil de pression et d’affirmation. Notre but c’est la libération des prisonniers politiques kabyles et la reconnaissance des droits du peuple kabyle. Nous allons remettre les signatures collectées au Quai d’Orsay. Nous interpellerons les députés et d’autres organisations des droits humains. Le combat continue. »
Vive la Kabylie libre et indépendante.
Boualem Afir.
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