ALGER (SIWEL)- Lahsene Bahbouh, le grand militant de la cause berbère n’est plus. Après une longue maladie, il a rendu l’âme aujourd’hui, plus exactement à 2 heures du matin, à l’hôpital d’Alger. L’annonce de sa mort a fait l’effet d’un séisme dans les milieux politiques et militants kabyles. Même son enterrement a eu lieu aujourd’hui même au cimetière d’Ouled-Fayet (Alger).
En dépit des intempéries, ils étaient nombreux à rendre hommage à ce militant de la cause berbère dont l’engagement était tel qu’il a accepté volontiers d’être enrôlé dans l’affaire dite « Les poseurs de bombes » en I976 ; enrôlement qui lui a valu une dizaine d’années de prison. Parmi la foule nombreuse venue faire adieu à cet homme de valeur, figuraient la troupe Debza, certains de ses anciens compagnons de lutte et ex-codétenus à l’instar de Hocine Cherradi et Hacène Chirifi. Saïd Laïmechi, le militant de l’Académie berbère, a fait aussi le déplacement de Tizi-Ouzou jusqu’à Alger pour rendre un hommage à son compagnon de lutte. Du côté du Mouvement pour l’Autodétermination de la Kabylie (MAK), la représentation a été même officielle et au plus haut niveau. En effet, c’est le Président du MAK en personne, Bouaziz Aït-Chebib, à la tête d’une délégation composée de Kamel Chetti et Hacène Chirifi, qui s’est déplacé à Alger, plus exactement au domicile mortuaire. Bouaziz Aït-Chebib a présenté ses condoléances à la famille du défunt en son nom personnel, au nom de la grande famille militante et patriotique du MAK, au nom de Ferhat M’henni et au nom du Gouvernement Provisoire Kabyle (GPK). L’enterrement a eu lieu après la prière du Dohr. Le défunt faisait partie de cette vieille race d’hommes dont l’engagement militant n’était pas un simple caprice, ou un jeu pour agrémenter sa vie. Feus Lahsene Bahbouh et Muhand Uharun ainsi que
beaucoup d’autres militants de l’Académie berbère ont vécu comme des samouraïs et quitté les lieux d’ici-bas comme des samouraïs.
De nos jours, il reste encore, Dieu merci, des samouraïs comme Hacène Cherifi, Hocine Cherradi etc. Hélas, ils ne sont quand même pas nombreux. Il faut reconnaître que l’affaire de la pose des bombes, à cause sans doute de terribles incompréhensions, leur a fait beaucoup de tort. L’absence d’une communication entre ces acteurs et les nouvelles générations de militants est sans doute responsable de ces incompréhensions. Notons enfin que le défunt Lahsene Bahbouh nous a laissé un livre de grammaire kabyle considéré comme une sorte de plaidoyer.
Said Tissegouine