PARIS (SIWEL) — Le professeur kabyle Mohand Issad est décédé dans la nuit de mercredi à jeudi, à 5 heures du matin, à l’hôpital de l’Hôtel Dieu à Paris, à l’âge de 75 ans, suite à une longue maladie.
L’explication de ce transfert réside dans le fait que l’hôpital de l’Hôtel-Dieu étant devenu un hôpital ambulatoire dont l’activité est resserrée autour des urgences, les activités conventionnelles sont regroupées sur l’hôpital Cochin.
Mohand Issad a été, en décembre 1985, l’avocat des Kabyles arrêtés et traduits devant la Cour de Sûreté de l’Etat (tribunal d’exception) de Médéa pour "atteinte à la sûreté de l’Etat ", ces derniers ayant créé la ligue algérienne de défense des droits de l’homme (LADDH).
Professeur agrégé en droit, spécialiste du droit international et avocat émérite, Mohand Issad fut nommé en 1999 président de la Commission nationale de réforme judiciaire (CNRJ) qui a rendu, fin 2000, son diagnostic sanctionnant le système judiciaire algérien dont il déclara en 2007 : « Je pense que nous n’avons pas progressé (…) je pense même que nous avons régressé; il y a beaucoup de signes annonciateurs d’une régression très inquiétante ».
Bouteflika avait dit à son directeur de cabinet d’alors, Ali Benflis : « La justice est une fonction, elle n’est pas un pouvoir. Je ne crois pas à l’indépendance de la justice. »
Le 02 mai 2001, alors que des évènements continuaient d’ensanglanter la Kabylie, le président algérien Abdelaziz Bouteflika par l’entremise de son premier ministre Ali Benflis l’avait chargé de présider la Commission d’enquête sur le Printemps noir de Kabylie. Mohand Issad ne rencontrera le président Bouteflika qu’une fois le rapport préliminaire rendu, trois mois plus tard, le 07 juillet 2001. Fin décembre, la commission remettra son rapport définitif.
Le document soulignait que «la violence enregistrée contre les civils est celle d’une guerre, avec usage de munitions de guerre». «Le rapport que j’ai rédigé et remis au président de la République n’a eu aucune suite. Il est toujours dans un tiroir», regrettait le juriste. L’enquête a été enterrée. Bouteflika avait déclaré à Tizi-Ouzou, le 27 mars 2009 durant sa campagne électorale pour un 3ème mandat présidentiel « Je ne sais pas, jusqu’à maintenant, qui, d’un côté ou de l’autre, a provoqué les événements de Kabylie ».
La répression par la gendarmerie algérienne des manifestations en Kabylie de 2001 à 2003 a coûté la vie à 128 jeunes Kabyles et fait plus de 5000 blessés.
wbw
SIWEL 281852 AVR 11