POLITIQUE (SIWEL) — Dans une intervention que nous a accordé le Premier ministre kabyle, Mas Lhacène Ziani, il revient sur l’avancement des différents chantiers de l’Anavad et sur la convention politique des autonomistes Kabyles, publiée au début de l’année 2017.
M. le premier ministre, vous avez parlé tout récemment de plusieurs chantiers, comment va tout cela?
Tout va bon train. Le programme du gouvernement a été rendu public. Il se décline en projets concrets dont les plus importants sont : le mémorandum, le parlement, le fond de souveraineté, la télévision, la cartographie, le bureau des statistiques, l’académie, le dossier des droits humains en Kabylie et autres.
Je suis en pleine tournée notamment pour Le projet de Parlement qui suit son cours avec succès (voir le site www.parlementkabyle.com).
Nous continuons également la réorganisation du MAK-Anavad en le dotant de structures et de méthodes de travail à même de répondre aux exigences des projets dont nous venons de parler.
Quel constat faites-vous de la situation en Kabylie? Comment comptez-vous gérer tout cela?
Tout va très vite effectivement. La mobilisation et le dynamisme de nos militants a paniqué le pouvoir d’Alger à tel point qu’il recourt aux intimidations les plus archaïques. Il tente même de nous attirer dans le piège de la violence.
Pour gérer cela? La mobilisation est le meilleur moyen d’éviter la violence. Personne ne peut s’aventurer à réprimer une forte mobilisation. Réciproquement, toute tendance pacifique doit se mobiliser pour éviter justement la violence. Les dictateurs répriment une opposition lorsqu’elle est fragile.
Dda Lhacene, comment accueillez-vous l’annonce de la convention du groupe d’autonomistes kabyles publiée ces jours-ci?
Dans l’absolu, j’accueille favorablement tout débat sur la Kabylie car je veux bien croire que de la discussion jaillit a lumière.
Vous dites « dans l’absolu »… Avez-vous des réserves ou des appréhensions?
Je veux dire, qu’en théorie, on gagne à s’ouvrir à toute idée nouvelle. Mais il se trouve, qu’en pratique, nous sommes déjà passés par là. De ce point de vue, on peut constater donc un recul puisque le cheminement vers une large autonomie a été amorcé par le MAK en 2001. Or, celle-ci devait normalement se négocier avec Alger. Mais ce dernier n’a jamais daigné entendre parler de cette question, d’où la nécessaire option pour l’indépendance.
Avez-vous déjà effectué un pas en direction du groupe dit « du manifeste »?
Personnellement, j’ai rencontré plusieurs éléments de ce groupe au moins à deux reprises. Je leur ai présenté notamment notre démarche vers le Parlement kabyle.
Vous avez lu la déclaration des initiateurs de ce projet. Quelle est votre première impression?
Comme je vous l’ai dit, tout débat sur la Kabylie m’intéresse. Cependant, j’aime bien aller de l’avant, autrement dit ne pas régresser.
Avec un œil critique, cette déclaration me parait, pour le moins, trop minimaliste. Je suis désolé par le fait qu’on fasse allusion aux sacrifices de 1949 et de 1980 en occultant le dramatique printemps noir de 2001 dont on connait le nombre impressionnant de victimes et de séquelles. Est-ce pour ne pas irriter Bouteflika qui en est le parrain?
On parle de projets de développement sans aucune allusion au développement de la langue Kabyle qui est la préoccupation centrale des Kabyles.
Dans cette déclaration, on fait également allusion à un parlement alors qu’un projet est déjà en route depuis une année. Faut-il nier tout ce que l’on n’a pas initié soi-même?
Globalement, je vois une régression de 15 ans sans compter les interférences certaines d’Alger.
Un conseil, une suggestion, que proposez-vous?
Mon souhait est de ne pas réinventer la roue chaque jour mais d’exploiter à fond ce qui existe déjà. Ainsi, je suggère vivement à tous les Kabyles d’accéder au site du parlement (www.parlementkabyle.com), de lire la feuille de route et de la commenter publiquement.
Le temps devient la ressource critique dans le processus d’émancipation de la Kabylie. Sa réduction par l’arabo-islamisme bat son plein. Plus tôt on réagit, plus on laissera à la Kabylie la chance de s’en défaire.
Propos recueillis par Slimane Aweghlis quelques jours avant l’annonce de la création d’un mouvement autonomiste.
SIWEL 272034 Feb 17