CHRONIQUE (SIWEL) — Dda Lmulud, ainsi l’appellent et s’adressent à lui les Kabyles qui lui vouent un immense respect. Dda Lmulud ! Comme les Kabyles aiment à manifester leur respect pour les grands sages de la Kabylie mais Mouloud Mammeri pour ses ennemis. Ces ennemis de la Kabylie qui tentent d’imposer et de greffer une culture orientale en Kabylie. Comprendre le pouvoir actuel et passé, qui est le même tout compte fait depuis 1962 et qui tente actuellement de récupérer la mémoire et l’œuvre gigantesque de Dda Lmulud, travail d’écrivain et de chercheur enraciné dans la Culture, l’Identité et la Civilisation Kabyles mais ouvert sur l’Universalité.
En cette période très engagée, riche sur le plan politique en rebondissements, acquis et victoires politiques pour les kabyles et la Kabylie qui s’affirment avec tranquillité, sagesse, pacifisme et intelligence et ce sous la direction de Mass Ferhat Mehenni et du MAK-Anavad ; le pouvoir tente avec beaucoup de mal et d’échecs, d’endiguer le Tsunami indépendantiste qui s’affirme avec de plus en plus de conviction politique. Les grandes marches du 20 avril qui ont drainé des centaines de milliers de Kabyles revendiquant l’indépendance sont là pour affirmer que le peuple Kabyle veut son émancipation totale de ce pouvoir négateur.
Après les précédentes tentatives qui ont porté sur la mémoire de Tahar Djaout à Azeffoun où le ministre de la culture H. Grine s’est fait interdire par la population l’accès au cimetière, la maison de Matoub que le pouvoir, qui l’a assassiné, veut transformer en Musée, la médaille posthume à Mouloud Mammeri, ce pouvoir fait contre mauvaise fortune bon cœur. Telle est l’entourloupe adoptée par le régime pour tenter de casser la dynamique indépendantiste, non négociable, des Kabyles et du MAK-Anavad.
A l’occasion du centenaire de la naissance de Dda Lmulud, ce pouvoir essaie par tous les moyens de récupérer et de manipuler sa mémoire.
L’année 2017, dans ce pays, est consacrée à Mouloud Mammeri. Non rien moins que ça, pour un écrivain kabyle qui a été humilié, interdit de conférence en 1980 et qui est mort dans des conditions louches quand des écrivains Kabyles, vivants, Karim Akouche, Hiba Tayda, Larbi Yahioune et Lounis Adli, le sociologue, sont interdits de conférences et de vente dédicaces. Allons donc !
Un bon écrivain ou intellectuel Kabyle est-il un homme mort ?
Donc cette année 2017, par la « grâce » des circonstances politiques malheureuses pour le régime qui voit l’idée Indépendantiste gagner actuellement toute la Kabylie et la diaspora Kabyle, est consacrée sur le plan de la « culture algérienne », année Mouloud Mammeri.
« Les festivités ont été lancées en février 2017 pour se poursuivre durant toute l’année » dit Si El Hachemi Assad , Secrétaire général du Haut-Commissariat à l’Amazighité (HCA), lequel HCA est placé sous l’autorité de la Présidence de la République dans TSA.
Donc durant cette année, des manifestations à caractère nationales et internationales auront lieu dans ce pays, pour retracer la vie et l’œuvre de Mouloud Mammeri. Colloques, traductions de livres, conférences, film documentaire, éditions d’un livre lié à sa vie… enfin, toute la panoplie et l’arsenal d’un pouvoir qui tente avec désespoir, panique et fébrilité de s’accaparer la mémoire du Grand Dda Lmulud.
Fidèle à ses vieilles habitudes de récupérateur et de manipulateur, il n’est pas surprenant que dans sa logique perfide, après avoir fait appel à ses intellectuels organiques, selon la définition Gramscienne du terme, ce pouvoir mette à contribution, cet été, à l’occasion des Festivals dont il aime à abreuver le peuple en chansons et artistes orientaux – payées en millions de dollars – quand des artistes « algériens » sont ignorés et finissent dans une grande précarité sociale, fasse appel à ses artistes « organiques ».
Ce pouvoir a toujours agi ainsi, il l’a fait dans le passé et il va le refaire.
Dans les années 70, ce fut Rabah Dariassa, avec ses éloges sur la révolution agraire et la révolution culturelle sous le règne du grand dictateur Boumedienne, maintenant ce sera avec des artistes dont l’un s’est promu « porte parole » de Bouteflika à sa sortie de l’hôpital du Val De Grâce.
Après «khoudh el meftah ya fellah» (Tiens la clé ô Paysan) de Dariassa, pendant la révolution agraire qui a fini dans un échec total, ce sera « prends le livre ô Kabyle » qui te raconte la vie et l’oeuvre de ton grand écrivain.
Last but not least, le pouvoir met des limites à sa politique de récupération. Par la bouche de son représentant, en l’occurrence Si El Hachemi Assad, qui précise bien : « Dans le manuel scolaire adapté par le ministère de l’Éducation nationale, les variantes sont prises en charge avec l’usage des trois graphies (arabe, Tifinagh et latine). L’enseignant a la liberté de choisir la graphie qu’il veut. La polygraphie est, à mon sens, une réalité d’étape. Il arrivera le jour où l’on doit trancher sur ces questions, ça sera l’un des rôles de la future Académie de tamazight ». Comprendre que quelque soit les graphies adoptées actuellement et arbitrairement par chaque enseignant avec toute l’anarchie que cela sur le plan pédagogique, la langue arabe sera la graphie principale puisque le « pouvoir » a déjà fait en sorte que cela soit ainsi. L’enseignement se fera en langue arabe pour mieux arabiser et salafiser les enfants Kabyles en leur enseignant Tamazight, et non Taqvaylit, qui sera ainsi tributaire de « La langue arabe, la langue nationale et officielle et qui demeure la langue officielle de l’état ».
Le journal El Watan rapporte dans son édition du 13 mai, que « Pour le recrutement d’un peu plus de 10 000 enseignants à travers le pays, en prévision de l’année scolaire 2017/2018, seuls 57 postes sont revenus à l’enseignement de tamazight ».
Depuis la reconnaissance de la langue Amazigh comme langue nationale et officielle en 2016, non seulement aucun décret d’application n’a été promulgué, mais le blocage administratif persiste.
Ce secrétaire et le régime qu’il sert éludent le fait que toutes les études, les recherches sur la langue Amazighe se sont faites en Latin ou en Tifinagh, qui restent les langues de référence sur toute études portant sur tamazight et particulièrement sur TAQVAYLIT qui s’écrit actuellement en dehors du Tifinagh, en Latin et ce depuis les études sur la linguistique Kabyle de Hannoteau en 1858 et sur la langue Targui (Touareg) en 1860.
Les écrivains Kabyles contemporains, en langue Kabyle relaient cette tradition d’écriture en Latin.
Après avoir nié la culture et l’identité Kabyle, assassiné des milliers de Kabyles et tué la majorité de son élite restée au pays et poussé à l’exil d’autres, pour plonger la Kabylie dans l’obscurantisme religieux et l’ignorance, ce régime manifeste un regain d’intérêt pour le pays kabyle non pour le reconnaître dans ses droits fondamentaux, dont le droit à son autodétermination mais pour le duper.
Cassier De Farnèse
SIWEL 171807 May 17 UTC