TIZI-WEZZU (SIWEL) — Le président du MAK a eu des propos très dur à l’encontre de François Hollande : « Au lieu de se rendre en Kabylie, théâtre de la guerre d’Algérie et bastion de la francophonie, François Hollande sera en visite demain à Tlemcen […] une ville réputée pour être la région emblématique des « amis de la France coloniale », celle qui a enfanté les Emir Abdelkader, les Messali et les Bouteflika. Dès lors, il n’est pas étonnant que François Hollande préfère honorer les vaillants serviteurs de la France coloniale plutôt que les Chefs kabyles de la révolution algérienne. Ce n’est pas à Amirouche, à Abbane ou à Krim qu’il rendra hommage, il n’a aucune raison de le faire ».

 

La Kabylie condamne la complaisance de la France
A l’arrivée des organisateurs sur la place de l’ancienne mairie, déjà occupée par les forces de répressions, un officier de police, s’adressant en kabyle aux organisateurs, entre d’emblée dans la provocation : « le kabyle n’est rien d’autre qu’un dérivé de l’arabe » dit-il en voulant se moquer de la langue kabyle, qui est pourtant sa langue maternelle. Imperturbable, le président du MAK lui répond en lui disant « visiblement le débat linguistique te dépasse, mai faut que tu sache une chose : notre combat te concerne toi aussi. Dans la Kabylie libre et autonome, tu ne seras pas obligé de te renier ni de réprimer tes frères au profit d’un régime qui te méprise et dont tu reproduis les arguments sans valeurs, dignes des Bachaghas de la colonisation française .En Kabylie Libre et autonome, tu exerceras ta fonction dans la le respect, la confiance et la dignité. Tu seras respecté par le citoyen car tu seras là pour assurer sa sécurité, ce qui n’est, hélas pour toi, pas le cas aujourd’hui.»

Puis s’adressant au public, le premier responsable du MAK dira : « Le pouvoir use de tous les moyens pour nous museler mais en vain car personne ne peut nous réduire au silence ou triompher de notre mobilisation. Notre combat est juste et légitime. Il est par conséquent bien plus puissant que le mépris, l’injustice et la répression que ce régime illégitime et infâme exerce à l’encontre du peuple kabyle déterminé à s’émanciper du régime raciste d’Alger »

L’occupation de l’ancienne place de la mairie par les éléments de la répression algérienne est un aveu de faiblesse qui démontre que l’Algérie de Bouteflika n’a pas d’autre argument que la répression pour cacher l’ignominie de sa gouvernance « tous les mensonges du monde ne peuvent vaincre la vérité. Tôt ou tard la justice triomphera de l’injustice. Nous réussirons tôt ou tard à libérer la Kabylie du joug de cette Algérie arabo-islamique qui n’est rien d’autre qu’un Etat néo-colonial qui n’a vu le jour que pour remplacer l’Algérie française » déclare Bouaziz Ait-Chebib.

Concernant la visite du président français au régime algérien, le président du mouvement autonomiste dira « François Hollande est venu rendre visite à ses partenaires de l’Etat néocolonial d’Algérie. Cette dernière demeure, à ce jour, une colonie française sous couvert d’une fausse indépendance ». Attaquant la France officielle et l’Algérie officielle sur l’exploitation des gaz de schiste le président du MAK dira : « L’exploitation en Algérie du gaz de schiste au profit de l’ancienne puissance coloniale est un crime. Cette exploitation en Algérie pour la France, qui par ailleurs l’interdit sur son territoire, se fera au détriment de la santé publique algérienne. Comment peut-on expliquer le mépris commun de ces deux Etats à l’encontre de la santé des populations algériennes autrement que par une profonde convergence d’intérêts ».

Les autonomistes kabyles ne décolèrent pas face au mépris des peuples de la part du pays qui a vu naître, à Paris, la déclaration universelle des droits de l’Homme. Intervenant à ce sujet, Bouaziz Ait-Chebib dira : « C’est à titre symbolique que nous interpellons le président français contre la politique de deux poids deux mesures que son pays pratique au détriment des droits des peuples qu’ils disent promouvoir dans des discours vagues et généralistes et jamais dans les faits ».

« La politique extérieure de la France n’honore en rien ce pays réputé dans le monde entier comme étant le berceau des droits de l’homme. La France coloniale a combattu les amazighs. C’est elle qui a en premier pratiqué la politique de dépersonnalisation des amazighs. N’est-ce pas elle qui a transformé tous les At en Beni, les Asif en Oued, les Taddart en Dechra etc. etc. Ne leur ayant jamais pardonné d’avoir été les acteurs acharnés de la décolonisation de l’Afrique du Nord, après les indépendances, la France a tourné le dos aux amazighs et a prêté main forte aux idéologies arabo-islamiste qui lui ont succédé »

Aujourd’hui la France officielle, tout comme Rome du temps de Jugurtha, serait à vendre si elle trouvait acquéreur. Poursuit Bouaziz Ait-Chebib, il dira également que « C’est d’ailleurs dans cette perspective qu’elle a accepté que le Qatar entre directement comme membre de la Francophonie en tant qu’Etat associé sans passer par la case observateur alors sans compter que ce pays anglophone n’a jamais eu un seul locuteur francophone. Le refus de reconnaître le droit du peuple Kabyle à l’autodétermination et le refus de reconnaître le GPK ne fait que confirmer le renforcement de la politique arabe de la France, une politique qui, en dépit du droit et du bon sens, se fait au détriment des peuples réels de l’Afrique du Nord : les amazighs »

Poursuivant sur le volte de la politique internationale de la France, le président du MAK dira que « La politique que mène la France officielle contre les amazighs se fait au bénéfice de tous les nouveaux Etat issus des pseudos décolonisations. ». Selon Bouaziz Ait Chebib, cette politique néocoloniale a trouvé son apogée contre nos frères amazighs de l’Azawad « Les efforts conjoints de l’Algérie et la France contre l’avènement d’un Etat amazigh indépendant dans l’Azawad dénote à quel point le monde dit libre n’est qu’une duperie destinée à endormir notre méfiance. La communauté internationale, et la France en particulier pour ce qui concerne l’Afrique du Nord et le Sahel, bafoue le principe de l’égalité des peuples en droits. Quoi qu’il en soit, le peuple kabyle soutient le peuple frère touareg de l’Azawad qui triomphera de l’injustice, du mépris et de la trahison »

Revenant au rassemblement et à l’occupation par la police de la place de l’ancienne mairie Bouaziz Ait-Chebib dira : « La répression de notre rassemblement est en soi une atteinte à la crédibilité de la France officielle. Le président de ce pays est en visite officielle dans un Etat qui n’a comme seuls modes de gouvernance, la répression, l’oppression, la corruption, le terrorisme et le grand banditisme chargé de mater la société. C’est une honte pour le pays des droits de l’homme »

Évoquant la question des archives de la guerre de libération, cette affaire concernant directement et particulièrement la Kabylie, le premier responsable du mouvement autonomiste kabyle dira : « La France a décidé de lever le secret sur les archives de la guerre d’Algérie, soit ! Dans ce cas, étant la première concernée par ces archives, la Kabylie exige de l’ancienne puissance coloniale qu’elle a massivement combattue, que les archives la concernant de près ou de loin lui soient restituées. Dans le cas où elle les remettrait au régime anti-kabyle d’Alger, cela signifiera que la France et en particulier François Hollande compte contribuer, et en connaissance de cause, à la falsification de l’Histoire et au hold-up historique du combat de libération de l’Algérie au profit de ceux qui l’ont trahi ».

Il poursuit sur l’état déliquescent de l’Algérie officielle qui « soigne son image pour la lutte à la succession de Bouteflika qui a d’ailleurs commencé depuis longtemps. Ce dernier, qui succédera à lui-même ou tout autre successeur ne pourra jamais être le président du peuple kabyle. La Kabylie, qui ne reconnaît pas le régime raciste d’Alger et ses représentants, n’est pas concernée par ce conflit de vautours au sommet de l’Etat. Son combat n’est pas d’aider un clan au détriment d’un autre. Bouteflika, Toufik, Ouyahia ou le sinistre Belkhadem… pour nous, ils sont tous les même: ce sont les multiples faces de la même monnaie. Le peuple kabyle, lui, milite pour sa libération à travers l’instauration d’un Etat autonome. Tout le reste n’est que mensonge et duperie " d aghuru " »

Puis revenant au le rôle de la France officielle, le président du MAK dira : « Au lieu de se rendre en Kabylie, théâtre de la guerre d’Algérie et bastion de la francophonie, François Hollande sera en visite demain à Tlemcen : le choix de la capitale de la culture islamique n’est pas fortuit. Cette ville est réputée pour être la région emblématique des " amis de la France coloniale", celle qui a enfanté les Emir Abdelkader, les Messali et les Bouteflika. Dès lors, il n’est pas étonnant que François Hollande préfère honorer les vaillants serviteurs de la France coloniale plutôt que les Chefs kabyles de la révolution algérienne. Ce n’est pas à Amirouche, à Abbane ou à Krim qu’il rendra hommage, il n’a aucune raison de le faire ».

Le président du MAK dira également que « le peuple kabyle demande réparation à l’ancien colon et pas seulement pour la période de la colonisation mais aussi pour le soutien apporté par la France officielle au pouvoir algérien dans ses politique racistes anti-kabyle par ce dernier depuis l’indépendance confisquée à ce jour. » Il a terminé son allocution en rendant hommage aux participants qui ont «défié la peur et la répression pour faire de ce rassemblement un acte de résistance contre l’oppression du régime et de ceux qui les cautionnent » et conclue en donnant RDV au peuple kabyle pour le 12 Janvier prochain « Le MAK qui demeure la seule vraie force d’opposition vous donne RDV pour Yennayer afin de réaffirmer la détermination du peuple kabyle à arracher son droit à l’autodétermination. »

M.Hachim Mohand Ouamer, conseiller auprès du président du MAK, a pris la parole pour dire : « Nous sommes chez nous ici. Nous n’avons pas à demander d’autorisation pour nous rassembler dans le pays que nous avons libéré avec notre sang. il est inconcevable qu’un jeune policier vienne m’empêcher de m’exprimer en tant qu’ancien maquisard alors que sans le combat de mes semblables, il n’aurait jamais eu cette fonction. L’Etat Algérien est un Etat terroriste qui viole nos droits au vu et au su de tout le monde et les puissances occidentales préfèrent nous tourner le dos croyant que la situation ne changera jamais. Qu’elles se détrompent, le peuple kabyle va se libérer avec ou sans leur soutien et n’oubliera pas ceux et celles qui ont soutenu ses ennemis. »

Enfin, la vénérable doyenne du militantisme kabyle féminin, Nna Newara prendra la parole pour dire « Nous en avons assez de ce pouvoir qui a fait des vrais algériens des étrangers dans leur propre pays. Mon père s’est sacrifié pour que moi et ma descendance vive dans la liberté et non pour être humilié par un pouvoir qui a assassiné 128 martyrs. »

Le rassemblement n’a évidemment pas dérogé aux habituels slogans chers à la Kabylie tels que : Kabylie autonome ! Imazighen ! Justice pour nos martyrs ! Corrigez l’histoire, l’Algérie n’est pas Arabe! et Pouvoir assassin !

Enfin, il y a lieu de noter que des éléments de la police, très énervés par le discours de ont adressé à un groupe de manifestants des menaces visant le président du MAK: « on verra ça la prochaine fois! Votre président n’arrivera même pas à sortir de son lieu de domicile, il sera neutralisé avant même d’être sorti de chez lui »

zp,
SIWEL 192110 DEC 12

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