ALGER (SIWEL) — Dans un communiqué rendu public, le Collectif Algérie pour la promotion des droits de l’homme dénonce les tests de virginité pratiqués de force sur des jeunes femmes et interpelle le ministre de l’Intérieur. En voici la lettre.
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Lettre ouverte à Monsieur Dahou OULD KABLIA
Ministre de l’Intérieur
Quand les forces de l’ordre sèment le désordre
Nous ; citoyen(nes), militant(e)s pour la défense des Droits Humains, la lutte contre toute atteinte à la dignité humaine et contre toute forme de violation des droits des personnes, sommes indigné(e)s et dénonçons les agissements indignes et inacceptables des forces de la police, usant de leur autorité en faisant passer à de jeunes femmes, parfois mineures, des tests de virginité; tout cela avec la complicité de médecins.
En effet, depuis quelques semaines, des journaux relatent des faits ayant eu lieu à Cherraga, quand des policiers zélés embarquent de jeunes femmes trouvées en compagnie de leurs copains, à l’hôpital où des médecins les contraignent à passer des tests de virginité, et violent de ce fait la vie privée de ces jeunes femmes.
Ces cas « isolés », comme vous l’avez indiqué, ne le sont aucunement, puisque ce phénomène prend de l’ampleur, s’étend à Constantine et devient une pratique courante chez quelques-uns des représentants de l’ordre. De quel ordre parle-t-on? Quand l’intimité de jeunes femmes est violée et mise à nu par des institutions, celles-là mêmes qui ont pour mission de les protéger et de préserver leur intégrité physique et morale ; leur dignité ! Comment pourrions-nous nous taire sans être, à notre tour, complices de ces violations et de ces pratiques barbares, indignes de l’Algérie du 21ème siècle !
Nous tenons à rappeler qu’aucune loi ne permet de procéder à ce genre d’examen, sauf en cas de viol et uniquement après dépôt de plainte. Et en plus d’être moralement et socialement répréhensibles, ces pratiques outrageantes sont illégales, passibles de poursuites judiciaires et constituent une atteinte aux libertés individuelles consacrées par la constitution.
Lors d’un entretien que nous avons eu avec le Président du Conseil de l’Ordre des Médecins, ce dernier est formel, ces pratiques sont illégales, et même avec une réquisition émanant de procureur ou des institutions concernées, le médecin ne doit en aucun cas pratiquer ces tests si le moindre doute subsiste, tel qu’indiqué à l’article 12 du code de déontologie médicale: ‘le médecin, le chirurgien dentiste, sollicité ou requis pour examiner une personne privée de liberté, ne peut, directement ou indirectement, ne serait-ce que par sa seule présence, favoriser ou cautionner une atteinte à l’intégrité physique ou mentale de cette personne et à sa dignité (…) il ne doit jamais assister, participer ou admettre des actes de tortures ou tout autre forme de traitements cruels, inhumains ou dégradants quels que soient les arguments invoqués et ce, dans toutes les situations.’
En prenant acte de cet article, il est inutile de rappeler que de telles pratiques reflètent de manière claire sa transgression.
Estimant que le ministère de l’Intérieur est la première institution concernée par ces actes impunis, nous sommes, , Monsieur le Ministre, dans l’attente d’explications. En conséquence, nous vous prions de bien vouloir diligenter une enquête approfondie impartiale , dans l’espoir que de telles pratiques, dégradantes et illégales, ne se reproduisent plus et que les responsables de ces actes soient condamnés.
Dans l’attente d’une suite digne de toutes les valeurs prônées par Notre République, veuillez agréer Monsieur le Ministre notre haute considération.
dm
SIWEL 07 1318 JUIL 13