KIDAL (SIWEL) — Avec l’opération Serval, la France du président socialiste François Hollande à rejoint celle d’un autre président socialiste : celle du président Guy Mollet qui avait fait voter en 1956 « les pouvoir spéciaux en Algérie », autrement dit l’usage légal de la torture pour combattre « en tout honneur » les maquisards de la guerre d’Algérie qui luttaient contre le colonialisme français. En 2013, sous la présidence du socialiste François Hollande, le pays des droits de l’homme réédite un bel acte d’honneur et de bravoure en sortant ses chars, ses fusils et ses matraques contre les femmes et les enfants touaregs de Kidal pour empêcher un peuple de crier son désespoir face au destin macabre qui leur a été cyniquement tracé.
Reprenant à leur compte les bonnes vielles méthodes chinoises de la place Tiananmen en 1986, les soldats français de la SERVAL ont dirigé leurs chars sur les femmes et les enfants touaregs de Kidal pour les museler, les empêcher de protester contre des décisions prises par d’autres sur des questions qui engagent leur propre avenir.
Pourtant, le peuple touareg vit une tragédie qui relève de la responsabilité pleine et entière de la France mais il n’a pas le droit de protester. La France et même l’ONU s’accordent à leur ôter tout droit de manifester contre leur sacrifice programmé.
En effet, comme nous l’annoncions dans une précédente édition, la violente répression des manifestants, à l’aéroport de Kidal ce dimanche, a été officiellement attribuée aux forces de la MINUSMA, une mission placée sous l’égide des Nations unies. L’ONU qui n’a pas démenti l’information assume donc la répression des femmes et des enfants touaregs de Kidal.
Mieux encore, c’est toute honte bue que le 16 septembre, le représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies au Mali, M. Bert Koenders, a «déploré lundi un incident survenu à Kidal, au cours duquel une délégation de haut niveau du gouvernement malien a été prise à partie par des manifestants ».
Il convient également de préciser que la « prise à partie » des ministres maliens par les femmes et les enfants de Kidal n’est en rien comparable aux arrestations, aux exécutions, aux viols et aux spoliations que pratiquent ouvertement et impunément l’armée malienne et ses milices un partout dans l’Azawad.
Rappelons tout de même que c’est bien en attaquant la ville malienne de Kona que le chef terroriste Iyad Ag Ghaly (un pion missionné par Alger pour torpiller le MNLA) a pu donner à l’armée française une « occasion en or » pour se redéployer en territoire touareg : un territoire qui regorge malheureusement des précieuses ressources énergétique tant convoitées par les puissances occidentales et qui n’ont aucun scrupule à sacrifier les populations locales dans les pires conditions qui soient.
Par ailleurs, malgré les rapports des ONG d’Amnesty international et de Human Rights Watch, ni la SERVAL, ni la MINUSMA n’ont jamais empêché les exactions maliennes sur les civils touaregs. Le cessez-le-feu, stipulé par les accords de Ouagadougou sous garantie internationale, a été unilatéralement violé par l’armée malienne mais il n’a fait l’objet d’aucune réprobation (formelle ou informelle).
En revanche, c’est à la suite de manifestations touarègues dénonçant le non respect de ces mêmes accords que la communauté internationale demande aux touaregs « d’œuvrer au succès des pourparlers de paix », et c’est encore aux touaregs que l’on demande de se conformer à « la résolution 2100 (2013) du Conseil de sécurité et à l’Accord préliminaire de Ouagadougou ».
L’ONU à travers son représentant spécial au Mali, M.Bert Koenders en l’occurrence, n’a pas hésité à se fendre d’un communiqué aussi injuste que surréaliste au regard de la réalité des faits pour les touaregs, notamment depuis le redéploiement de l’armée malienne et de ses milices dans l’Azawad grâce à Serval.
On se demande ce que peut bien signifier un « climat apaisé » dans un contexte de haine raciale et de massacres ethniques sans cesse renouvelés. Depuis les prétendues indépendances africaines, rien qu’au Mali, les victimes Touaregs se comptent par centaines de milliers.
Des cimetières de fortune se dressent un peu partout dans l’Azawad parce que la France coloniale a « souverainement décidé » des frontières territoriales sans tenir compte des peuples en présence et encore moins de leurs rapports dans l’Histoire qui présageaient pourtant, et de manière évidente, une impossible cohabitation pacifique.
La France, ce pays des droits de l’Homme, grand défenseur de la démocratie (et donc du droit de manifester), n’a pas hésité à pointer ses fusils et à diriger ses chars sur les femmes et les enfants touaregs qui manifestaient en criaient leur ras le bol face au calvaire auquel ils sont condamné à vivre depuis plus de 50 ans.
Les photos et les vidéos prises lors de cette manifestation montrent que les chars, les fusils et les matraques utilisées contre les femmes et les enfants de Kidal ont été des « hauts faits d’armes » commis essentiellement par les soldats français de la calamiteuse « Opération SERVAL » sous caution de l’ONU qui en assume la responsabilité officielle à travers la MINUSMA.
Mais en réalité, comment pouvait-il en être autrement quand on sait que les soldats français, de la bien nommée opération « Serval »* ne sont plus en mission sur "sollicitation du gouvernement Malien" mais en "soutien guerrier" de la mission de Paix des Casques bleus. La « chose » est tellement nouvelle et mal définie qu’elle ouvre la porte à l’innommable, notamment à l’usage de la violence contre des femmes et des enfants qui manifestent leur refus de revivre éternellement le même cauchemar.
zp,
SIWEL 190845 SEP 13
* Le serval est un félin prédateur de la savane africaine qui peut uriner jusqu’à 30 fois par heure pour marquer son territoire. C’est aussi le plus efficace des prédateurs. Le plus souvent, il joue pendant plusieurs minutes avec la proie qu’il vient de chasser avant de la dévorer. L’opération française du nom de Serval ne pouvait pas trouver meilleur nom.
Ci-après, quelques photos prises au cours des manifestations de protestation contre la venue des autorités maliennes à Kidal, contre la présence de l’armée malienne, contre le non respect des engagements pris par le Mali, l’ONU et la France…