KABYLIE (SIWEL) —  » Bien entendu, je ne pourrai jamais souhaiter à un peuple d’avoir comme président Bouteflika ou même ses lièvres dans cette course présidentielle qui ne profite qu’aux décideurs sanguinaires, tout clan confondu. Mais la seule manière d’empêcher ce 4e mandat et la pérennité du système c’est de rejeter ce carnaval électoral pour enclencher une véritable dynamique de libération du peuple kabyle voire de tous les peuples d’Algérie » . Contribution de Boussad Becha, membre du conseil national du MAK

 

L’actualité politique est dominée par le simulacre des élections présidentielles que le pouvoir algérien s’apprête à organiser afin de se perpétuer. Certains se focalisent contre le 4e mandat qui est à vrai dire le mandat de trop, mais ils oublient l’essentiel qui est de combattre le système en entier pour opérer un changement digne des aspirations des peuples d’Algérie en général et kabyle en particulier.

Il m’est impossible de manifester contre le 4e mandat d’un président qui n’a jamais été mon président du fait qu’à l’instar du peuple kabyle que je ne l’ai jamais reconnu. De ce fait, je ne peux pas me trouver dans des manifestations publiques à côté de ceux qui l’ont soutenu depuis 1999 à ce jour. Leur objectif est tactique, clanique, alors que le mien tout comme celui de toute la famille militante du Mouvement pour l’Autodétermination de la Kabylie (MAK) est à savoir celui de libérer le peuple kabyle.

Un kabyle qui apporte son soutien, à travers un clan ou un autre, à un régime qui endeuille la Kabylie depuis 1957, est, de fait, renié par sa Kabylité et même par la dignité humaine.

Ce sont ces mêmes « algériens » qui ont accepté le coup d’état constitutionnel de 2008 (permettant à Bouteflka qui incarne le pouvoir qui a assassiné 128 martyrs kabyles de devenir président à vie) qui se mobilisent du jour au lendemain contre le 4e mandat au lieu d’aller dans le sens du rejet carrément des élections présidentielles afin de discréditer et précipiter la chute du système en le vidant du semblant de légitimité populaire qui va lui octroyer la participation aux élections.

Eh oui !!! Les opposants d’aujourd’hui se recrutent parmi les anciens soutiens de Bouteflika qui ont une mission bien claire à accomplir : sauver le système sous prétexte d’empêcher le 4e mandat. Comme par hasard, dans les rassemblements organisés par ces opposants de la 25 ème heure, aucun slogan contre les élections n’a été scandé. Or comme pour toutes les échéances électorales algériennes, tout le monde sait que les jeux sont déjà faits. D’autre part, Bouteflika ou un autre de ses équivalents, le résultat est toujours le même : la pérennité du régime dictatorial et raciste d’Alger.

Tous ces scénarios mis en œuvre dans des laboratoires du DRS visent simplement à démontrer à l’opinion et à la communauté internationale, que dans ce pays qui s’appelle l’Algérie, il n’y a pas de forces vives capables d’opérer un changement et que celui-ci, s’il doit avoir lieu, ne peut pas émaner de l’extérieur du régime en place. Les manifestants anti-4e mandat ont beau bénéficier d’une couverture médiatique exceptionnelle, tant nationale qu’internationale, ils ne dépassent pas la centaine ! Un nombre dérisoire pour une mobilisation dite "nationale", censé représenter "le peuple algérien"… le DRS a trouvé une belle manière de se légitimer !!!!

Bien entendu, je ne pourrai jamais souhaiter à un peuple d’avoir comme président Bouteflika ou même ses lièvres dans cette course présidentielle qui ne profite qu’aux décideurs sanguinaires, tout clan confondu. Mais la seule manière d’empêcher ce 4e mandat et la pérennité du système c’est de rejeter ce carnaval électoral pour enclencher une véritable dynamique de libération du peuple kabyle, et à travers lui, de tous les peuples d’Algérie.

D’autres voix s’élèvent pour présenter l’autre candidat lièvre à la mascarade présidentielle du 17 avril, l’ex chef du gouvernement, Ali Ben Flis, comme le candidat du renouveau et de la rupture face au 4e mandat. La mémoire collective du peuple kabyle n’est pas courte. Notre peuple qui est endeuillé et martyrisé n’est pas prêt à lui pardonner à lui aussi sa complicité dans le massacre et le génocide commis contre les jeunes kabyles assassinés entre avril 2001 et 2003. C’est ce même Ali Ben Flis, alors larbin du nain Bouteflika, qui a fomenté le premier coup contre le mouvement des archs à travers les fameuses négociations avec les fameux archs Taiwan conduit par le sinistre Salim Alillouche, le 06 décembre 2001. Ce champion de la démocratie s’est même illustré à la tête du gouvernement, sous l’ordre des vrais décideurs, en interdisant les manifestations publiques à Alger, juste pour empêcher les Kabyles de manifester sur la capitale.

A chaque faux rendez-vous électoral, on nous sort « la légitimité historique ». C’est le cas de certains serviteurs du régime en Kabylie qui incitent les gens à soutenir Benflis sous prétexte qu’il est fils de chahid. 50 ans après « l’indépendance », certains citoyens se croient appartenir au 1er collège en appartenant à la « famille révolutionnaire ». La Kabylie qui a payé le plus lourd tribut dans la guerre d’Algérie, n’a pas de leçon à recevoir dans ce domaine. A la différence de Benflis qui a trahi le sang de son père en étant un serviteur d’un régime néocolonial, la Kabylie est restée fidèle à son esprit révolutionnaire en portant le combat démocratique face à démons du FLN et du DRS dont il fait partie. La Kabylie poursuivra sa révolution pour un idéal de liberté, de dignité, de démocratie et de laïcité à travers l’avènement de son propre état.

Les autres candidats ne sont que des figurants. Ils ne sont là que pour apporter une « caution démocratique » à un régime totalitaire. Bien entendu, ils seront récompensés sur le dos des peuples d’Algérie.

Il ne faut pas se tromper ni de combat ni de priorité. 4e mandat ou pas, le résultat est le même : « le roi est mort, vive le roi ». Ces élections ne feront que prolonger la durée de vie d’un régime agonisant.

Le MAK a tracé la voie. Il rejette en bloc toutes les élections algériennes. Il lutte pour un idéal kabyle qui s’inscrit dans la kabylité, la modernité, le progrès, et l’universalité. Cet idéal n’est possible que dans le cadre d’un Etat kabyle qui sera arraché via l’autodétermination qui est un droit pour tous les peuples de la planète qui le revendiquent afin de décider librement de leur avenir.

L’autodétermination nous offre la possibilité de nous rassembler dans la diversité pour nous épargner l’effritement qui a précipité la mort du MCB,et dont les partis kabyle algérianistes kabyles en portent toute la responsabilité. Effectivement, ils s’affrontaient en permanence sur la place publique sur des questions accessoires en oubliant l’essentiel au point que chacun des deux partis, FFS et RCD, a eu sa propre aile du MCB qui a fini par êtreréduit à néant.

Notre seul ennemi est la désunion. Nous constatons, aussi bien au MAK que dans la société kabyle, l’existence de deux courant politiques kabylistes : les autonomistes et les indépendantistes.

Un autonomiste kabyle n’a pas intérêt à s’opposer à l’indépendance car défendre cette option va nous faire gagner du temps et accélérer le processus d’autonomisation de la Kabylie.

Un indépendantiste, n’a pas intérêt à s’opposer à l’autonomie car l’accès de la Kabylie à un statut de large autonomie pourrait constituer un pas géant vers son indépendance. Une fois l’autonomie est acquise, on peut envisager des évolutions fédéralistes dans le cadre algérien ou indépendantiste dans le cadre kabyle.

Au lieu que les militants kabylistes s’affrontent sur la nature du futur état kabyle, ils feront mieux de conjuguer leurs efforts dans le cadre d’un MAK fort et uni pour atteindre l’objectif de la libération du peuple kabyle à travers son droit à l’autodétermination qui n’exclue ni l’autonomie ni l’indépendance. Toute confrontation entre autonomiste et indépendantiste nous fera perdre les deux options et perpétuer le joug néocolonial algérien sur la Kabylie.

L’heure est au rassemblement. La désunion prépare le lit pour notre disparition. Autonomie ou indépendance, ces deux visions sont à vrai dire complémentaires. L’une travaille pour l’autre. Et le tout travaille pour une Kabylie libre. Continuons alors notre combat dans l’union et la dignité pour arracher notre droit de choisir librement notre statut politique en tant que nation. Et au final, c’est au peuple kabyle de trancher sur la nature de l’Etat qu’il veut se donner.

BOUSSAD BECHA,
Membre du conseil national du MAK

SIWEL 101900 MARS 14

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