PARIS (SIWEL) — Dans une déclaration parvenue à notre rédaction, le Gouvernement provisoire kabyle, l’Anavad, a réagit à la triste nouvelle du décès de Na Chrifa par la voix de son ministre de la Culture, M. Gaya Izennaxen qui a salué son talent et son courage. Nous publions ci-après la déclaration dans son intégralité.
GOUVERNEMENT PROVISOIRE KABYLE
PROVISIONAL GOVERNMENT OF KABYLIA
La grande dame de la chanson kabyle, Nna Chrifa, vient de nous quitter et L’ANAVAD par la voix de son ministre de la culture salue son talent et son courage.
Nna Chrifa a été de celles qui ont, à l’instar de Hnifa, brisé le tabou interdisant à la femme kabyle de chanter. En passant outre l’interdit, Elle a réussi à porter la voix de notre peuple, sa douleur comme sa fierté, à travers la chanson.
Dame Chrifa, à laquelle de nombreux artistes comme feu Brahim Izri ont rendu hommage de son vivant, a été, pour plusieurs générations, un exemple de courage et de persévérance. En brisant le Tabou, elle a accompli un acte héroïque car elle a brisé par là les chaines d’un ordre établi, imposé par une idéologie moralisatrice ayant un moment tenté d’enfermer la femme kabyle, comme sa culture, dans l’épaisse brume du silence.
Si en tant que femme, elle devait lutter contre ces « démons qui nous agressent à chaque instant » comme le disait si bien notre rebelle Matoub Louenas, en tant qu’artiste elle a aussi fait face à l’ostracisme et au racisme des institutions coloniales algériennes comme la radio où elle avait une émission « Nnuva n Lxalat » durant quarante ans et d’où elle est sortie sans retraite.
S’il est vrai que la société civile kabyle ait tenté à plusieurs reprises de lui apporter aide matérielle et morale, et assistance, cela ne pouvait suffire pour ses besoins. Condamnée ces dernières années par la maladie, Nna Chrifa, pour se soigner à l’étranger, avait besoin d’une prise en charge de l’Etat qu’elle n’a jamais obtenue.
Mais comment attendre une aide d’un Etat qui à défaut de soumettre les artistes kabyles par le chantage, les assassine, les pousse à l’exile ou les marginalise quand il n’arrive pas à les détruire ?
Nous ne le dirons jamais assez, l’industrie culturelle est l’apanage des Etats et la Kabylie ne dispose pas encore de son propre Etat pour promouvoir sa culture, sa langue et protéger ses artistes.
Sgunfu di talwit a Nna Chrifa
Gaya Izennaxen,
Ministre kabyle de la culture