ALGER (SIWEL) — Le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), qui se définit comme un parti national algérien invite la population de Kabylie (mais pas celle d’Algérie) à des marches populaires le 15 avril prochain partout en Kabylie pour, dit-il, « exiger le statut de langue officielle pour tamazight » mais il est question surtout de mobiliser la Kabylie (et pas l’Algérie) contre la présidentielle algérienne du 17 avril prochain; d’où le choix minutieux de la date du 15 avril et non pas la date hautement symbolique du 20 avril qui reflète de manière dramatique et significative le combat identitaire amazigh, comme l’assassinat de 128 kabyles par la gendarmerie algérienne.
C’est qu’il faut bien faire sortir le « troupeau kabyle » pour aller manifester, non pas pour étancher sa soif de justice et de liberté, sa soif d’exister pour ce qu’il est, libre et amazigh, mais bien pour appuyer le RCD qui « concentre aujourd’hui l’essentiel de ses activités et engagements sur l’échéance du 17 avril », comme il le précise lui-même dans sa déclaration ; et pour se faire, il faut bien que tamazight apparaisse quelque part…
D’autre part, à aucun moment, le RCD ne fait référence aux martyrs kabyles de 2001, ni à leur lâche assassinat par les gendarmes algériens, ni à l’impunité de leurs assassins, ni même aux sacrifices énormes (et vains) de la Kabylie depuis bien trop longtemps. Et le comble du cynique, c’est que c’est à la Kabylie seule que le RCD s’adresse pour sortir manifester, non pas le 20 avril mais le 15 avril, et ce, pour faire échec au 17 avril et au simulacre d’élections algériennes.
Faut-il rappeler au RCD qu’il les a très longtemps légitimées ces simulacres d’élections ?! Car personne n’ignore que ces simulacres ne datent pas du 4è mandat de Bouteflika. Mais ce n’est que maintenant que le RCD vient expliquer que « Boycotter ne se limite pas seulement au refus de donner sa voix à des candidats qui ont pris la lourde responsabilité devant l’histoire de prolonger un système » mais « c’est rendre concrètement caduc ce scrutin »… Dommage qu’il ne l’ait pas compris lui-même quand il apportait sa caution « démocratique » à ce même système.
Le plus grave est que le RCD a l’air d’oublier que le 20 avril est le combat de l’identité amazighe, qu’il est dédié à la lutte des peuples amazighs pour se réapproprier leur droit inaliénable à vivre librement dans leur langue, leur culture et leur identité. Le 20 avril ne saurait servir de nouveau tremplin au détournement du lourd sacrifice de la Kabylie au profit d’une opposition conjoncturelle, liée à la seule opposition à un Bouteflika finissant, où le Printemps Noir est « évacué », ses 128 jeunes kabyles assassinés « oubliés », et où il n’y en a que pour la « nation algérienne » que le RCD veut sauver avec la seule mobilisation du peuple kabyle, pendant que les autres algériens en sont dispensés.
Après la « grande réussite » du meeting de la salle Harcha où le RCD a estimé être en devoir de construire l’avenir de l’Algérie avec ce qu’il appelle « les forces vives de la nation » ,sous le merveilleux slogan de « Ya Ali Ya Abbas, El djebha rahi labas », voilà qu’il veut maintenant faire du 20 avril un instrument de mobilisation pour faire barrage au clan Bouteflika, un clan qu’il a copieusement soutenu du temps de sa grandeur, avant qu’il ne soit en sursis et à l’article de la mort !
Et le cauchemar continue…
maa,
SIWEL 011927 AVR 14