CHRONIQUE (SIWEL) — La lutte pour la Berbérité, dans cet espace dit « algérien » part de la Kabylie et des Kabyles et revient à la Kabylie et aux Kabyles qui sont les fers de lance dans cette lutte identitaire et civilisationnelle.
Par un jeu de dupes malsain, perfide et pernicieux, le pouvoir colonial algérien vient de jeter un os à rogner aux algériens.
Il a même mobilisé ces intellectuels organiques en la personne de cet « écrivain » arabo islamique originaire de Tlemcen, le Zaoui, qui se présente comme un ami des Kabyles et qui préconise de transcrire Tamazight en caractères latins pour mieux flouer les Kabyles et les cantonner dans ce faux débat sur la question linguistique, alors que la Kabylie à travers le MAK Anavad lutte pour son indépendance.
Soulignons juste que notre « ami le Zaoui» cet « écrivain » en service commandé n’a jamais condamné la répression et les interdictions de conférences dont sont l’objet les écrivains Kabyles tels que Larbi Yahioun, Rachid Hitouche, Younès Adli, Karim Akouche et bien d’autres écrivains Kabyles. Mais il est vrai que pendant que nos écrivains sont interdits chez eux en Kabylie, le Zaoui a toutes les portes ouvertes en Kabylie pour dédicacer et vendre ses livres.
N’est-il pas dit que le malheur des uns fait le bonheur des autres en monnaie sonnantes et trébuchantes mais l’honneur en moins ?
Dimanche 21 janvier dernier, Larbi Yahioun a été encore interdit de conférence sous le silence complice de notre « ami » le Zaoui intéressé..
Dans l’espoir vicieux de détourner leur attention de la misère noire qui les guette désormais au fur et à mesure que la crise économique s’approfondit, le colons algérien ressort la carte berbériste.
Comprendre, la question linguistique, en occurrence Tamazight, qu’il a mis, non seulement sous le boisseau depuis 1962 mais dont il a aussi assassiné, torturé, emprisonné, exilé tous l’élite Kabyle qui a milité, lutté, travaillé et fait des recherches particulièrement sur la langue Kabyle.
La junte militaire Algérienne, veut faire d’une pierre plusieurs coups.
D’une part elle veut détourner les regards sur la ruine du pays et de l’autre elle veut couper l’herbe sous les pieds du MAK Anavad dont la politique souverainiste a amené à poser la questions de l’Indépendance de la Kabylie devant l’ONU et des divers institutions internationales et continentales.
Si le pouvoir colonial, recule, gigote et cède sur certains points dépassés (Tamazight et Yennayer), c’est grâce au travail de sape que mène le MAK-Anavad qui pousse en continu cette junte militaire à se retirer de la Kabylie qu’il occupe.
Le pire dans cette manipulation est l’espoir secret entretenu par cette junte de détourner la colère des algériens sur la Kabylie avec toutes les conséquences que cela va induire.
N’a-t-on pas vu et entendu Ouyahya fustiger le MAK et les indépendantistes Kabyles et demander aux autres Kabyles qui ne le seraient pas de leur couper la route ? A-t-il déjà oublié les 250 000 morts et 70 000 disparus suite à une manipulation religieuse des masses ?
Reposer la question linguistique de Tamazight est une manipulation aussi qui lui permet d’éluder la question de l’indépendance de la Kabylie.
Question autour de laquelle le MAK-Anavad le convoque et l’attend de pieds fermes à l’ONU pour une solution politique et pacifique depuis le dépôt du Mémorandum au sein de cette même institution.
Cette attitude dilatoire qui vise à retarder l’échéance et l’ouverture d’un dialogue sur la question de l’indépendance sous les auspices des Nations Unies, s’apparente à la politique de l’autruche .
Le comble de l’ironie et de la bêtise, c’est qu’en ouvrant ce faux débat sur la langue entre algériens -remarquons que les Kabyles ne sont pas tombés dans ce piège et n’y participent pas – les Mollahs d’Alger, ont ouvert la boite de Pandore et ils y ont trouvé Pandore.
Ce débat amène déjà certains algériens et en amènera d’autres à se poser cette question lancinante:
« Quelle est exactement notre langue nationale et officielle ?» Nonobstant le fait qu’elle soit déjà définie dans la constitution de ce pays et qui est ou plutôt, serait la langue arabe.
Deux langues officielles ne suppose-t-il l’existence de deux états ?
Y’a-t-il de la place pour deux états sur un même territoire ?
La logique voudrait qu’ils se posent aussi cette question:
« Si nous sommes des arabes pourquoi nous imposer Tamazight et si nous sommes des Amazighs comme vous semblez nous le dire actuellement, pourquoi alors, nous avoir imposé la langue arabe et avoir défini dans votre constitution que nous sommes des arabes alors que nous le serions pas ? »
Longtemps nourris au lait de l’islamisme, de l’islamité et de l’arabité, une grande partie des algériens commence à se rebiffer contre ce qu’ils considèrent comme une incartade du pouvoir colonial.
Abdellah Djaballah, un islamiste notoire, président du FJD ( front justice et développement) qui s’est fermement opposé en 2016 à « l’officialisation » de Tamazight dans la révision de la constitution, récidive encore pour dénoncer, non seulement la reconnaissance de Yennayer comme jour férié, qu’il assimile à « une fête païenne », mais encore, contre la diffusion par le ministère de l’intérieur d’un communiqué en Tamazight transcrit en caractères Latins, lesquels caractères « sont un danger pour l’unité culturelle de l’Algérie».
Au demeurant y a-t-il jamais existé une « unité » culturelle ou identitaire qui formerait un semblant d’une nation algérienne ? Les déclarations en 1936 de Ferhat Abbas à ce propos sont encore d’actualité.
Sur les réseaux sociaux nombre d’algériens récusent ce fait accompli d’une remise en cause, imposée par le pouvoir colonial quant à leur identité linguistique arabe qu’ils ne veulent partager avec Tamazight.
Soulignant fort à propos, que raillés et moqués par certains ou même insultés par d’autres, les Djaballah et consorts sont dans leur logique et sont en droit de critiquer ce qu’ils estiment être une reculade du pouvoir colonial ou carrément un échec total.
Sur le plan international, limité ici aux pays arabes, la grogne et l’inquiétude se font sentir à tel point que les pays de la ligue arabe ont dépêchés en urgence à Alger le 18 janvier 2018, le Directeur Général de l’organisation arabe pour l’éducation, la culture et les sciences (Alesco), le koweïtien Saoud Hilal Al-Harbi, pour demander des explications et des éclaircissements sur la volonté de la junte militaire de généraliser Tamazight à l’ensemble des écoles algériennes.
Au cours de sa « visite » impromptue, plutôt une descente autoritaire et cavalière, le Koweitien a rencontré la quasi totalité des ministres algériens et des responsables religieux, c’est dire que la ligue arabe à laquelle appartient l’Algérie, n’est pas prête à tolérer une atteinte par le pouvoir colonial, à leur idéologie arabo islamique même si cela relevait d’une arnaque destinée aux Kabyles et un dérivatif envers les algériens.
Depuis le mémorandum de 1948 présenté par Messali Hadj qui déclare que ce pays est arabo islamique, ce pays qu’on appelle aujourd’hui l’Algérie et particulièrement depuis 1962 s’est « construit » sur les principes de l’arabité et de l’islamité et ce en passant sur le corps des milliers de Kabyles qui s’y sont opposés.
Comment et pourquoi, après tant de crimes, d’assassinats et de négationnisme de la Berbérité et particulièrement de la Nation et de la Civilisation Kabyles, ces voyous arabo islamiques prendraient-ils le risque de se faire « casser » par leurs mentors, les pays arabo islamiques mais aussi de créer un rival à la langue du coran?
Le Koweitien est certainement venu les tancer et les mettre en garde contre tout ce qui peut affaiblir ce qu’ils appellent la « langue du paradis » sur une terre nord africaine qu’ils estiment acquise à leurs intérêts idéologiques.
Cette visite est en soi un rappel au voyous d’Alger, qu’en la matière, leur souveraineté est strictement limitée.
Au vu de ce pays qui vit dans la « Khalota », dans l’anarchie institutionnelle, sociale, économique, culturelle, identitaire, éthique et morale, une question revient sans cesse repuis 1962 : « Qu’est-ce qu’un algérien, c’est quoi être algérien ? »
Même si ce pouvoir colonial persiste dans sa politique de la négation de la Nation et de la Civilisation Kabyles, il doit savoir que la lutte pour la Berbérité, dans cet espace dit « algérien » part de la Kabylie et des Kabyles et revient à la Kabylie et aux Kabyles qui sont les fers de lance dans cette lutte identitaire et civilisationnelle.
Il est vain de tenter de noyer la KABYLITÉ, la Kabylie et la langue Kabyle dans un terme générique qu’on appelle Tamazight.
Le sort réservé à Tamazight par le pouvoir colonial algérien est connu. Il veut la cantonner dans la sphère du vieux patrimoine Amazighe, en tant que langue ancienne du pays et dans de pseudos études scientifiques sans aucun avenir en tant que langue vivante et surtout dans le giron de l’idéologie arabo islamique, pour maintenir ainsi toute la Kabylie sous la domination salafiste.
Tamazight subira alors le même sort que le Latin ou le Grec ancien en France où ils sont l’objet d’un Enseignement Pratique Interdisciplinaire et sera donc enseignée (si les promesses sont tenues) seulement pour aborder le patrimoine historique et culturel Amazighes.
La langue Kabyle,Taqvaylit, est une des variantes de Tamazight et la Kabylie ainsi que les Kabyles travaillent dans le format de l’indépendance, pour une langue Nationale et officielle qui est le KABYLE, TAQVAYLIT.
Menal At Qasi
SIWEL 252200 JAN 18