KHARTOUM (SIWEL) — Meriam Ishag, la jeune soudanaise chrétienne, condamnée à la peine de mort par pendaison au Soudan pour apostasie a accouché en prison d’une petite fille. Sa condamnation à mort est en suspense et les autorités soudanaises doivent statuer sur son sort. En attendant, Meriam et ses enfants restent en prison.L’affaire ayant été rendue publique, la république islamique du Soudan, embarrassée par les pressions internationales, ne sait plus comment faire pour « régler le compte » de cette jeune femme qui a osé embrasser la religion de sa mère, chrétienne, alors que le Soudan la considère « musulmane de naissance » puisque son père est musulman ; d’où sa condamnation à mort pour « apostasie ».
Grace à la médiatisation de l’affaire, le mari de la jeune femme a obtenu un droit de visite hebdomadaire et a finalement été autorisé à voir la jeune maman, le nouveau-né et son fils de 22 mois, détenus en prison avec sa mère. Mais au cours de ses visites, Dani Wani, le mari de Meriem, a déclaré qu’ils ne pouvaient pas parler car «Il y a un garde assis derrière nous» a-t-il expliqué. Le mariage d’une musulmane avec un chrétien étant strictement interdit, la relation entre les deux époux est considéré comme un adultère et la jeune femme a été condamnée à 100 coups de fouets…en attendant sa pendaison pour « apostasie ».
L’avocat de Meriem a fait appel du verdict de la peine de mort qui a été retenue contre la jeune femme. Son sort est maintenant suspendu au verdict de la cour d’appel. Suite au débat engagé dans la presse soudanaise sur la légitimité de la peine de mort pour apostasie, le gouvernement soudanais envisage de créer une commission de 50 juristes pour statuer sur la question. En attendant, Meriam Ishag reste en prison, elle et ses enfants.
Pourtant, la semaine dernière, les médias soudanais et la presse internationale avaient annoncé la possible libération de Meriam Ishag…sur décision politique. Mais l’information a aussitôt été démentie par le ministère des Affaires étrangères soudanais. Pour l’avocat de Meriam, l’apostasie étant un crime relevant du « hudûd », corpus de peines légales non modulables inscrites dans le droit islamique, seul un jugement rendu en sa faveur à l’issu de l’appel introduit le 22 mai pourrait lui rendre sa liberté : « D’un point de vue juridique, et pour répondre aux informations répandues par les médias, il n’y a qu’un moyen pour libérer Meriam, et ce moyen relève d’une prérogative exclusive de la cour d’appel ».
Selon Amnesty International, sa double condamnation est contraire au Pacte international relatif aux droits civils et politiques, dont le Soudan est signataire. Ses avocats soulignent qu’ « elle est légalement mariée ». Et, selon les accords internationaux en vigueur, acceptés par le gouvernement soudanais, « il ne devrait pas y avoir de crime d’apostasie ».
Malgré la condamnation unanime des instances internationales de défense des droits de l’Homme et des pays occidentaux, un recours international semble peu plausible. Et si les Etats criminels et despotiques, tels que le Soudan, respectaient leurs engagements internationaux, cela se saurait.
Avec agences,
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