RIFLAND (SIWEL) — » Vous vous faites des illusions si vous croyez que Abdelkrim appartient au passé et que vous l’avez enterré ! Pendant 52 ans, vous avez œuvré contre la pensée d’El khattabi, et confisqué son droit à la parole. Sachez qu’Abdelkrim ne s’adressait pas à vous, ni même à ceux qui vous manipulent, Abdelkrim s’adressait à la conscience vive en nous. Il s’adressait à l’avenir incarné par ces générations qui ont adopté ses idées sans avoir eu l’occasion d’étudier sa pensée ni dans vos écoles ni non plus dans vos universités. »
Poursuivez vos stupidités…
Mais sachez, quoi que vous fassiez, soyez sûr que l’Histoire prendra revanche sur vous. Abdelkrim vous a vaincu quand il a révélé votre conspiration et votre défaitisme devant vos peuples.
Vous revoilà au grand jour mis a nu, qu’allez-vous faire ?
Vos peuples avaient émis contre vous un jugement équitable et sans appel lorsqu’ils vous ont demandé de partir, et bien sûr vous avez poursuivi votre chemin dans le mépris parce que vous êtes ainsi, cependant, les peuples ont un naturel différent du vôtre, les peuples, selon Abou el Kacem Chebbi, si un jour ils voudront vivre librement, obligation est faite au destin de répondre.
Qui a imaginé qu’un jour les drapeaux du RIF allaient ressusciter ?
Au départ ce fut un drapeau orphelin, qui lui arrivait de papillonner timidement lors d’une manifestation dans un village rifain marginalisé quelconque, or aujourd’hui le drapeau du RIF est arboré dans tous les 4 coins du Maroc, en Europe et dans le monde entier. Soyez sûr que vous êtes morts dans les cœurs de vos peuples, le Temps vous a rejeté, et l’Histoire vous méprise.
Abdelkrim ne vous combat pas et il ne vous a jamais combattu, mais c’était vous qui avez émis contre lui une fatwa appelant à le combattre. C’est vous qui avez fêté avec l’occupant sa réédition en 1926, en les remerciant de vous avoir débarrasser de celui que vous avez qualifié de « séditieux » et « Rogui * » et vous avez œuvré, éhontés que vous êtes, pour effacer toute trace de lui. Avez-vous oublié la conspiration de l’exil forcé vers l’Ile de la Réunion ? Avez-vous omis la conspiration du débarquement au Caire en 1947 ? Et vous revoilà aujourd’hui entrain de scruter son exil même après sa mort.
Vous vous faites des illusions si vous croyez que Abdelkrim appartient au passé et que vous l’avez enterré !
Pendant 52 ans, vous avez œuvré contre la pensée d’El khattabi, et confisqué son droit à la parole. Sachez qu’Abdelkrim ne s’adressait pas à vous, ni même à ceux qui vous manipulent, Abdelkrim s’adressait à la conscience vive en nous. Il s’adressait à l’avenir incarné par ces générations qui ont adopté ses idées sans avoir eu l’occasion d’étudier sa pensée ni dans vos écoles ni non plus dans vos universités.
Depuis un siècle et vous, ainsi que vos maîtres, avez oeuvré à meurtrir l’âme d’El Khattabi dans la mémoire du Maroc et des marocains, en dépit de cela, la détermination et le défi ont eu raison de vous. Abdelkrim est vivant grâce à la volonté de celui dont vous croyez avoir effacé la mémoire et maudit l’identité irrémédiablement.
Vous savez très bien qu’El khattabi n’est pas votre adversaire, vous ne méritez même pas l’honneur d’être ses adversaires et il disait vrai quand il vous a qualifié de « semblants d’hommes » ou « Lalla à la barbe » comme il disait de vous quand il lui arrivait de plaisanter avec ses amis. Ecoutez une anecdote que son fils Saïd El khattabi m’a racontée lors de sa visite au Pays-Bas, en novembre 2001 :
« Lorsque Hassan II a visité le Caire, plusieurs manoeuvres ont été entreprises pour réunir ensemble Hassan II et Abdelkrim, dans un tête à tête, comme ce fut le cas entre Mohamed V et Abdelkrim, sauf que cela n’a pas abouti. Abdelkrim a réuni ses enfants et leur a posé la question « À votre avis, qui est perdant dans cette histoire ? » Tout le monde s’est tu, et lui de répondre: « C’est le roi qui est perdant, parce que les rois sont présents en tout temps et en tout lieu, tandis qu’il n y a qu’un seul Abdelkrim » !!
C’est celui-là Abdelkrim qui connaît sa propre valeur, et c’est bien la fierté et la dignité qui furent ses propres ressources dans la vie.
Regardez bien cet appel qu’Abdelkrim a adressé le 20 février 1954 aux circonscrits marocains dans la l’armée française « Il n’y a point de place parmi nous pour les lâches, et les défaitistes ne peuvent pas être des NÔTRES ; La révolution s’annonce globale et gigantesque afin de décrocher notre liberté. Venez ! Vous, qui avez goûté à l’esclavage et à la misère, des années durant. Soyez unis, ouvrez vos cœurs, et élargissez vos perspectives pour bâtir l’avenir par le biais d’une libération complète, une indépendance pleine et une évacuation de l’occupant accomplie jusqu’au bout »
Ici, Abdelkrim qualifie les circonscrits dans les armées étrangères de « lâches» et de « défaitistes» et il qualifie celui qui a vendu sa patrie, à bas prix, de « collectif de défaitistes ». N’a-t-il pas dit de ce collectif au Maroc, en Algérie, et en Tunisie « Les défaitistes sont partout (…) dans nos pays, par conséquent il ne leur est pas permis, en tous les cas, de prendre en otage notre détermination et sous-estimer notre foi dans le combat noble. La victoire est l’alliée des militants sur la voie de la vérité ! »
Il y a toujours ceux qui combattent dans la « fausse tranchée » et les défaitistes en tout temps et en tout lieu. Abdelkrim savait plus que tout le monde que les « lâches» et les « défaitistes » étaient le fer de lance qu’avaient utilisé vos maîtres pour tuer dans l’œuf son projet politique. Rappelez-vous ce qu’a dit votre maître Lyautey quand il a dit à ses maîtres à Paris, que si jamais le projet d’El khattabi réussissait, il constituerait un précèdent dans tout l’empire colonial !
Lyautey a parlé d’un « foyer islamique » que El khattabi préparait dans le RIF. Ce fut exprès de sa part de décrire les choses ainsi, car s’il disait la vérité du projet politique d’El khattabi , en tant que premier projet démocratique moderniste dans le monde musulman de l’époque, cela aurait été le coup de grâce porté au projet colonial en entier. Le protectorat n’est-il pas venu, selon les prétentions de Lyautey et ceux qu’ils l’ont missionné, pour moderniser le Maroc, et le faire entrer dans l’aire de la civilisation ?
N’en tirez pas que Lyautey n’avait pas saisi la profondeur du projet d’El Khattabi, ce fut tout le contraire, Lyautey était celui qui avait bien compris le projet d’El khattabi, et avait compris ses objectifs pour de vrai, c’est pour cette raison qu’il l’a combattu de toute ses forces, ce fut le cas de son pays, la France, et de l’Etat espagnol, avec l’appui de la Grande Bretagne qui a mis en place un embargo maritime contre la République du Rif, sous prétexte de lutte contre la contrebande.
Il est possible de dire sans la moindre hésitation, qu’elle fut une guerre INTERNATIONALE contre le RIF et les RIFAINS. Près d’un million de soldats dans l’ensemble, dirigés par 60 Généraux et 3 Maréchaux. Si Abdelkrim El khattabi fut un « séditieux » ou un « Rogui » comme vous le prétendez, vos maîtres ne lui auraient pas opposé toute cette armée, et préparé toute cette flotte, expédition et équipement de guerre, qui n’étaient pas moins meurtriers que les équipements utilisés pendant la première guerre mondiale.
Pire que cela, l’Espagne est allé plus loin, en utilisant des gaz toxiques interdits internationalement.
Y a-t-il parmi vous quelqu’un qui a fait face à un million de soldats, 60 Généraux et 3 Maréchaux ? Ne perdez pas votre temps dans la recherche dans vos archives de votre histoire, il n’y personne parmi vous qui oserait prendre ne serait-ce qu’un fusil !
Abdelkrim n’a jamais disparu, Abdelkrim, a habité nos cœurs, nos esprits et nos âmes à jamais !
Abdelkrim est notre HISTOIRE et vous avez LA vôtre !
Abdelkrim est notre AVENIR… et point d’avenir pour vous !
Mohamed Ameziane, journaliste et écrivain, fils du leader du soulèvement 1958-59 dans le RIF, Mohamed Haj Sellam Ameziane.
Discours délivré en arabe par Mohamed AMEZIANE, lors du 50ème anniversaire de la mort de Mu’hend u Abdelkrim EL KHATTABI, dans la ville d’Utrecht au Pays-Bas.
Traduction : Rachid OUFKIR
* Rogui : Un titre que l’on donnait à tout homme qui, sans prétentions dynastiques sérieuses, aspire, au Maroc, à renverser, le sultan et à créer un nouveau gouvernement.
SIWEL 081611 FEV 15