AKBOU (SIWEL) — Après Vgayet et Tizi-Ouzou, dans la soirée d’hier à 22h, à l’initiative de la Coordination locale du MAK, c’était au tour d’Akbou, troisième ville de Kabylie, d’accueillir un rassemblement de soutien au peuple mozabite. Sur les banderoles et les pancartes déployées, il y avait plusieurs slogans relatifs à la tragédie de Ghardaïa. «Halte au génocide du peuple mozabite», «Non à l’Etat colonial algérien», «la Kabylie solidaire du peuple mozabite».
Par ailleurs, les militants de la coordination MAK d’Akbou avaient parsemé le sol de portrait des victimes Mozabites de la folie meurtrière des châambas ainsi que des bougies allumées à la mémoire des victimes, marquant par ce geste l’assistance qui a été nombreuse.
Après une minute de silence observée à la mémoire des Mozabites assassinées dans le cadre d’un véritable plan de nettoyage ethnique dans le Mzab, Rahim Arezoug, président de la coordination MAK d’Akbou a fortement rappelé que la Kabylie a toujours soutenu les causes justes et de ce fait son soutien aux mozabites est naturel et conforme aux valeurs de la Kabylie: «On ne peut pas rester indifférents devant ce que subissent nos frères mozabites. Politiquement et humainement, notre soutien est un devoir pour faire face au racisme de l’Etat algérien. Nous exigeons la libération de Kameleddine Fekhar et ses codétenus» s’exclama-t-il face à une assistance émue par le massacre que subissent les Mozabites.
Dans son allocution, Farid Djennadi, Secrétaire général du MAK, a affirmé quant à lui que «Le deuil du peuple Amazigh du Mzab est aussi le nôtre». Rappelant les positions de principe du Mouvement qui consistent à soutenir tous les peuples amazighs victimes de racisme et d’injustice, le Secrétaire général du MAK a martelé qu’«il était du devoir du mouvement kabyle de soutenir le peuple frère du Mzab» car, poursuit-il «L’Etat colonial algérien prépare l’éradication de tous les peuples amazighs». Puis revenant sur les multiples dangers qui menacent sérieusement la Kabylie, il a invoqué «la nécessité d’aller rapidement vers la création d’un Etat kabyle susceptible de garantir la pérennité de la kabylité dans toutes ses dimensions».
Quant à Nadir Chelbabi, responsable à l’organique du Conseil régional Vgayet-Setif-Jijel, après avoir réitéré son indéfectible soutien au peuple mozabite, il a mis l’accent sur «l’invasion culturelle et idéologique que subit la Kabylie sous l’impulsion de l’Etat algérien qui aide le salafisme à se propager avec la bénédiction de l’Arabie saoudite» Pour ce jeune responsable au sein du MAK, «la seule façon de mettre un terme à ce fléau qui menace la Kabylie c’est de se doter d’un Etat kabyle» conclue-t-il.
Enfin, le dernier à intervenir a été le président du MAK, Bouaziz Ait Chebib. Défiant les bachaghas Sellal et Ouyehia, il a entamé son allocution en leur déniant toute appartenance à la Kabylie : «Renié par vos propres villages, vous êtes répudiés par la Kabylie!» s’exclame-t-il avec force. Par ces menaces on ne peut plus explicite à l’encontre du MAK, l’Etat algérien cherche d’une part à couper le Mzab de toute solidarité, en particulier celle de la Kabylie, et d’autre part il prépare le terrain à une éventuelle «rafle» des responsables du MAK.
Cependant, le MAK, loin d’être intimidé par les oiseaux de mauvais augure que sont Sellal et Ouyehia, il répond par la voix de son président : «Vos menaces ne valent rien devant notre détermination à aller jusqu’au bout de notre objectif : la libération de la Kabylie !» clame le président du MAK en direction des deux (2) KDS chargés de la sale besogne. Puis il poursuit en évoquant le sort tragique des Mozabites : «L’Etat colonial algérien a sous-traité les châambas pour réaliser son plan diabolique d’extinction du peuple mozabite parce que ce peuple n’est pas un peuple arabe et qu’il refuse de s’assimiler : c’est le vrai visage de l’Etat algérien qui vient d’être dévoilé par cet acharnement raciste contre les amazighs du Mzab».
De plus, précisera le président du MAK, «la conjoncture économique se prête à l’épuration ethnique du Mzab car ce sont les Mozabites qui ont bâtis les cités du Mzab. Et eux seuls sont susceptibles de s’opposer à la destruction de leurs cités et de leur patrimoine millénaire» explique-t-il. Puis, précisant son propos, Bouaziz Ait-Chebib poursuit : «Devant les prix du pétrole et du gaz qui n’arrêtent pas de diminuer, les décideurs algériens opèrent une épuration ethnique au Mzab afin de contrôler ce territoire qui regorge d’énormes richesses. On ne peut pas qualifier cette attitude autrement que de colonialiste»
Enfin, abordant l’arrestation de Kameleddine Fekhar et de ses compagnons, Bouaziz Ait Chebib a mis en évidence les objectifs de cette arrestation : «l’Etat algérien veut museler toute voix de protection et de libération du pays Mzab. C’est pour cela qu’il fait arrêter celui qui a mis à nu le caractère colonial de l’Etat algérien et le génocide qu’il est en train de pratiquer sur le peuple mozabite».
Relevant l’incroyable culot de l’Etat despotique d’Alger, Bouaziz Ait-Chebib rappelle que les détenus mozabites, à leur tête Kameleddine Fekhar, sont «accablés de tous les crimes dont ils sont les victimes». Puis le président du MAK dira qu’il n’y a «rien à attendre des décideurs algériens», que «seule la mobilisation et l’internationalisation de la question mozabite peuventt faire fléchir l’Etat algérien pour qu’il arrête son entreprise coloniale». et que c’est à cet effet que «le MAK appelle toutes les consciences éprises de justice, de liberté et de dignité humaine à se mobiliser pour exiger la libération immédiate et inconditionnelle de Kameleddine Fekhar et ses codétenus».
Puis revenant une nouvelle fois sur les accusations portées contre le MAK qui serait derrière ce qui se passe dans le Mzab, Bouaziz Ait-Chebib relève que cette accusation est avant tout une insulte aux mozabites que l’on traite de mineurs : « Sellal et Ouyahia font preuve de mépris à l’égard du peuple Mozabite en considérant qu’il est manipulé. Le peuple mozabite est mature et n’a pas besoin de tuteur. C’est parce qu’il refuse d’être encore et toujours dupé qu’on lui colle toute sorte d’accusations. Les régimes totalitaires craignent toujours la marche des peuples qu’ils oppriment vers leur libération et tentent vainement de les discréditer en inventant l’impensable implication d’une main étrangère. Or ceux qui tuent à Ghardaia sont les gendarmes et les policiers algériens avec leurs alliés : les châambas ! De ce fait la seule main étrangère que l’on constate c’est bel et bien celle de l’Algérie arabo-islamique».
Bouaziz Ait Chebib fera également remarquer la solidarité sélective de cette "nation algérienne" dont on nous rabâche les oreilles : «plusieurs marches ont eu lieu pour soutenir Ain Salah dans l’affaire du Gaz de schiste mais quand il s’agit des mozabites, les algériens adoptent la même attitude qu’ils ont déjà eu vis-à-vis de la Kabylie au printemps noir de 2001 : l’indifférence!». Alors, s’exclame-t-il : «Il s’agit là d’un racisme anti-amazigh cautionné même par les partis à ancrage kabyle qui brillent par leur silence ou par des déclarations moribondes où l’agresseur et l’agressé sont mis à pied d’égalité … Comme en 2001, le mutisme devant le massacre des mozabites n’est rien d’autre qu’une complicité. La neutralité en pareille circonstance est un acte de soutien à l’Etat algérien au moment précis où il opère le génocide du peuple amazigh du Mzab ».
Enfin, conclue-t-il : «Après la mémorable leçon de 2001, ce qui se passe à Ghardaia nous rappelle encore une fois que le salut des peuples Amazighs passe impérativement par le recouvrement de leur souveraineté» avant de finir sur une note d’espoir en rappelant que : « aucun colonialisme n’est éternel. Aucune répression ne peut venir à bout de la marche d’un peuple sur le chemin de son destin. Le peuple kabyle et le peuple mozabite finiront tôt ou tard par triompher du colonialisme algérien, de même que l’ensemble des peuples Amazighs qui prendront conscience de leur statut d’éternels colonisés ».
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SIWEL 171634 JUIL 15