DIASPORA (SIWEL) – La situation dans laquelle se trouvent toujours le Dr Kamel Eddin Fekhar et ses compagnons est des plus alarmantes. Depuis près de deux mois, ces détenus Mozabites, incarcérés sans charges à leur encontre , à la prison de Mnea par l’Etat algérien, subissent quotidiennement des atteintes à leurs intégrités physiques et morales.
Le comité de soutien constitué en France suite à leur arrestation se tient informé chaque jour de l’évolution du dossier. Le comité a maintes fois interpellé l’opinion publique sur cette injustice flagrante en publiant des communiqués. Cette fois-ci, un courrier a été adressé à plusieurs Etats,ambassades, à des Organisations non Gouvernementales (ONG), à l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), à l’UNESCO, Amnesty ….
MZAB : Violation des droits fondamentaux, risque sanitaire et destruction civilisationnelle.
Le MZAB vit depuis quelques années un épisode dramatique où les Arabes Chaambas, appuyés par les forces algériennes, saccagent des mausolées, volent les biens des Mozabites et tuent.
• Le 2 juillet 2015 Le Dr Kamel Eddin Fekhar, militant politique moderniste Mozabite, écrit à BanKi-moon pour lui demander la protection de l’ONU, en raison des exactions commises par la population Arabe Chaâmbas, soutenue et protégée par les forces de sécurité algériennes.
• Dans la nuit du 7 au 8 juillet 2015, un massacre est perpétré contre le peuple Mozabite à Legrara où plus de 30 Mozabites ont été assassinés.
• Dans la soirée du 9 juillet 2015, le Dr Fekhar et trente de ses compagnons ont été arrêtés illégalement et durant plusieurs jours aucune information n’a été communiquée sur le lieu de leur détention.
• Quelques jours avant leur arrestation, le premier ministre algérien Mr Abdelmalek Sellal, lors d’un déplacement de travail dans la ville de Ghardaïa déclara : « Nous avons identifié les responsables du mal " (…) " C’est Kamel Eddine Fekhar le responsable et il sera arrêté… »
Il s’agit ici d’une violation du principe de la séparation des pouvoirs pourtant garantie par la constitution algérienne. En effet, l’arrestation des militants modernistes Mozabites est l’œuvre d’une décision politique et non pas suite à une démarche juridictionnelle conforme aux codes de procédures pénales algérien et dans le strict respect du principe de la présomption d’innocence
Les Amazighs (Berbères) sont le peuple originel en Afrique du Nord. Il est constitué de plusieurs groupes distincts. Parmi eux le peuple Mozabite. Il habite le territoire algérien, dans ce qu’on appelle la vallée du Mzab.
La ville de Ghardaïa, capitale du Mzab, est en proie à une répression étouffant tout élan démocratique dans cette région. Les libertés d’expression et d’opinion sont muselées. En effet, l’État Algérien persiste à vouloir éradiquer toute revendication identitaire. La population berbère du Mzab est éreintée par des siècles de domination arabo-islamique.
L’indépendance confisquée a libéré les instincts de répression et d’éradication des peuples Amazighs : un bon Amazigh est un Amazigh arabisé, islamisé, se croyant lui-même Arabe de souche. Toute parole et tout acte allant contre cette doctrine sont automatiquement et ostensiblement combattus par le régime algérien, quitte à faire couler le sang.
C’est dans ce contexte que le docteur Kamel EddineFekhar ainsi que trente de ses compagnons d’opinion sont incarcérés depuis le 09 juillet 2015, de façon arbitraire, avec une succession d’atteintes à leur dignité humaine et de simulacres de procès.
Le tort de ces détenus politiques est de mener un combat pacifique pour leur peuple : les Mozabites. Ils revendiquent leur droit à vivre dignement et libres, en conformité avec leur particularisme régional, confessionnel et culturel. La constitution de la république algérienne garantit la liberté de culte et d’expression, notamment dans son article 36 qui stipule : « la liberté de conscience et la liberté d’opinion sont inviolables». Or dans l’affaire du Mzab, ces fondamentaux ont été bafoués.
Nous rappelons que le docteur FEKHAR et ses compagnons ont été arrêtés sans mandat d’arrêt, avec violation de domicile, or, selon l’article 40 de ladite Constitution : « l’État garantit l’inviolabilité du domicile ».
Leur arrestation a été arbitraire et brutale. Leur détention se fait dans des conditions qui ne respectent pas les droits des justiciables. Ce sont des atteintes aux fondamentaux de la dignité de la personne humaine et du prisonnier. Notamment en privant les grévistes de la faim, de leur seule source vitale, le sucre.
Pour rappel, l’Algérie fait partie des pays ayant signé et ratifié :
• la Déclaration universelle des droits de l’Homme,
• de la Charte africaine des droits de l’Homme et des Peuples,
• du Pacte international relatif aux Droits civils et politiques.
Le détenu FEKHAR et ses compagnons sont des prisonniers politiques d’opinion, ils n’ont mené aucune action violente, et ils n’ont participé à aucune émeute. Leur voix est pacifique et démocratique.
Le déroulé judiciaire transgresse tous les protocoles précités. La preuve qu’aucune enquête fiable n’a été menée. Les charges retenues contre les détenus ont été inventées de toutes pièces. Nous avons, à ce jour, réuni toutes les preuves de l’innocence du Dr FEKHAR et de ses compagnons ; nous avons à disposition : images, vidéos, actes, témoignages écrits et sonores. Ce qui nous permet d’affirmer qu’ils ont été accusés du crime qu’ils ont subi en tant que peuple Amazigh du Mzab.
Il y a lieu également, de porter à la connaissance de la communauté internationale : États, ONU, ONG des droits de l’Homme, l’OMS et L’UNESCO, d’autres drames qui sont aussi inquiétants et condamnables que la violation des droits individuels des détenus Mozabites.
Sur le plan sanitaire, aucun protocole d’hygiène n’est mis en place par le personnel médical de la prison. Allant jusqu’à utiliser la même aiguille pour contrôler la glycémie des 30 détenus. Avec tous les risques infectieux que cet acte irresponsable pourrait engendrer. Sachant, qu’ils sont dans une région très chaude favorisant l’apparition et la propagation de maladies infectieuses.
Enfin sur le plan civilisationnel et historique, les sites mozabites classés au patrimoine mondial de l’UNESCO, ont subi des dégradations sans précédent, par la population Chaâmbas. On peut citer comme exemple, la destruction d’un mausolée datant du 16° siècle et classé au patrimoine de l’UNESCO.
Mais aussi la profanation des cimetières dont l’agence presse Kabyle, Siwel, s’est faite l’écho dans sa publication du 07/02/2014 sous le titre de GHARDAIA : DESTRUCTION DU PATRIMOINE AMAZIGHE DES MOZABITES
C’est la seconde fois que les arabes châambas s’attaquent aux cimetières et mausolées des Mozabites sans que les autorités algériennes n’interviennent pour empêcher la destruction de sites mortuaires des Mozabites.
Nous, Comité de soutien, appelons la communauté internationale, les démocrates, toute personne éprise de liberté et de justice à soutenir notre démarche en vue de l’annulation des charges retenues contre ces personnes et de leur libération inconditionnelle, ainsi que pour la protection des sites, plusieurs fois millénaires et éviter le déclenchement d’épidémies suite à l’absence totale de mesures d’hygiène lors des rares soins prodigués aux détenus Mozabites.
Paris le 03 septembre 2015
1 Le cimetière ibadite de Baba Ouledjmaa a été le théâtre d’une destruction acharnée par les arabes châambas. Les forces de sécurité algériennes ne sont, à aucun moment, intervenues pour stopper les actes de vandalisme. https://www.youtube.com/watch?v=a8g2JX_YxbM
2 L’architecture Mozabite si particulière et qui a influencé de grands architectes de ce monde comme Le Corbusier, serait menacée, au train où vont les événements.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/remmm_0997-1327_1994_num_73_1_1688