ALGER (SIWEL) — La « Glorieuse révolution » algérienne n’a pas échappé au vieil adage bien français qui dit que la « révolution dévore ses enfants ».
Pour le 61è anniversaire du déclenchement de la Guerre d’Algérie, c’est à l’ancien ministre algérien de l’intérieur, M. Daho Ould Kablia, que revient l’honneur d’offrir pour la seconde fois la tête du Kabyle Abane Ramdane, architecte de ladite révolution, à l’impérialisme Arabo-islamique….
Visiblement, il y a comme un défaut de fabrication dans la création de l’Etat-Nation «Algérie», c’est en effet, le seul Etat au Monde où l’on entend des hauts responsables, des hommes d’Etat, expliquer et justifier un assassinat politique … »
« il n’y avait pas d’autres solution que de le liquider » nous dit Monsieur l’ancien Ministre de l’Intérieur algérien…
… un peu comme le colonel Amirouche, également «mort sur le champ d’honneur» mais dont le cadavre a tout de même été séquestré durant des dizaines d’années dans les sous-sols du Commandement général de la gendarmerie algérienne… sans doute au cas où il se réveillerait de sa mort "prématurée" … après tout, il faut s’attendre à tout avec ces diables de Kabyles… SAIT-ON JAMAIS !
On passera sur les détails anachronique dans les propos du «ministre Ould Kablia» qui évoque la médiation de Ferhat Abbas, président du GPRA, entre Abane Ramdane et les autres alors que le GPRA n’a été constitué qu’en 1958 et que Abane a été exécuté en 1957… l’essentiel du propos du ministre algérien étant de justifier l’assassinat de Abane et non … d’en discuter les détails!
Pour rappel, ce n’est pas la première fois que des tentatives d’explication de la surprenante « mort au champs d’honneur » de Abane Ramdane est évoquée, notamment par Ben Bella et Ali Kafi, mais c’est à Ould Kablia que reviendra finalement l’honneur de dire que « pour sauver la glorieuse révolution algérienne, il fallait nécessairement passer par la liquidation physique de son principal artisan »…
Pour rappel, et à l’attention des naïfs kabyles plus particulièrement. On sait que Bennai Ouali, exécuté dans le dos pour avoir revendiqué une Algérie "algérienne", avait pourtant averti Abane Ramdane : « en creusant ma tombe, tu creuses aussi la tienne » … et du coup celle de la Kabylie toute entière pourrait-on ajouter sans se tromper … comme cela s’est d’ailleurs vérifié dès 1963 avec le massacre des 400 maquisards kabyles, épuisés par 7 années de guerre contre la France et achevé par l’armée des frontières de Boumedienne, une armée n’ayant jamais tiré une seule balle contre l’armée française; et comme cela s’est encore vérifié en 2001 avec le massacre de la jeunesse kabyle par la gendarmerie algérienne à coup de balles explosives…
« «Si tu rencontres Abane, tu lui diras de ma part…»
En quoi Bennaï Ouali peut-il être aussi dangereux pour la Révolution? Il n’a pourtant pas pris part à une quelconque conspiration que ce soit, et encore moins à un complot contre la Révolution. Il a intégré la mort dans son existence, car c’est une réalité qu’il a vue de près durant sa vie clandestine. Le tragique s’est trop tôt invité dans sa vie. Il a côtoyé la mort dont il est un habitué. Pourquoi ce besoin psychique de purifier la Révolution par la condamnation des Berbéristes considérés comme des facteurs de dérive, de comploteurs, alors qu’ils sont tous pourtant au service de la Révolution, dès la première heure? C’est le condamné à mort par le CCE qui parle (Bennaï Ouali). Je ne fais que transcrire ses paroles avec mon stylo: «Nous sommes chargés de cinq mille ans d’histoire. C’est le prix d’être un peuple, avec son histoire, sa source, ses racines, sa culture, sa langue, sa terre fertilisée par le sang des meilleurs de ses fils pour la libérer des envahisseurs. Le droit à n’être ni colonisé ni soumis à la domination d’une personne étrangère, est le message de Jugurtha écrit par Mohammed Cherif Salhi et saboté par la direction PPA-Mtld, qui a éliminé la période antéislamique du peuple algérien. Je refuse de m’inscrire devant cette condamnation à mort, illégitime, sans procès. Et remuerais ciel et terre pour la combattre. J’ai servi le parti et mon pays au prix de renoncement et de multiples sacrifices. Je reste dans mon pays, parce que c’est mon devoir, et toute fuite est une désertion. Fuir est contraire à ma conscience et à mon honneur, deux choses qui ne s’aliènent pas et dont je suis le seul dépositaire. Et si tu rencontres Abane, tu lui diras de ma part: «En creusant ma tombe, tu creuses aussi la tienne.» »
Passage extrait de Témoignage exceptionnel de Me Ali Yahia Abdenour / Ma dernière rencontre avec Abane
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SIWEL 031853 NOV 15