(SIWEL) — Le particularisme kabyle, son reniement par les arabophones algériens, son refoulement par une partie des kabyles urbanisés, sa diabolisation par les élites gouvernantes depuis la naissance du mouvement national algérien. Comme ces hommes politiques ont été ostracisés et éliminés de la mémoire collective algérienne, il est devenu naturel que des intellectuels et hommes politiques kabyles exhument leur mémoire afin que les kabyles puissent se souvenir de ce dont la politique éducative, informationnelle algérienne a voulu les couper.
Ceci se rajoute, entre autres, a la premiere ligue algerienne des droits de l’homme qui avait été fondée en 1985 par …25 kabyles.
Vers l’âge de 8 ou 9 ans, il entre à l’école primaire de Taguemount-Oukerrouche, village de ses grands-parents maternels, distant de 2 km environ d’At-Mesbah.
Il commence à travailler très tôt, d’abord, pour aider ses parents, puis pour gagner sa vie dans la Mitidja.
Il émigre en France au milieu de la Première Guerre mondiale. Il y travailla dans diverses usines et entreprises : Manufacture française des pneumatiques Michelin de Clermont-Ferrand, du 30 avril au 17 novembre 1917, puis dans l’Établissement des Constructions et Armes Navales en Charente, du 6 décembre 1917 au 23 juillet 1918. En 1920, il descend dans les mines de charbon du Pas-de-Calais où il fut affecté comme mineur de fond, du 7 avril 1920 au 4 avril 1922.
En 1924, il est à Paris où travaillent la majorité des ouvriers nord-africains. Ces derniers à majorité Kabyles, créent un syndicat dénommé «Le Congrès des ouvriers nord-africains de la région parisienne» pour défendre les droits des Algériens, Marocains et Tunisiens. En mars 1926, ce syndicat deviendra un parti politique : l’Étoile nord-africaine qui prône la lutte pour le progrès social. Parmi les huit fondateurs, cinq sont Kabyles : Imache, Belkacem Radjef, Si Djilani, Ahmed Yahiaoui, Rabah Moussaoui, tout comme la majorité des militants.
Pour des raisons d’unification des rangs et de solidarité avec les pays arabes, ils élisent un arabophone (Messali Hadj) à la présidence du Parti. Lors de l’assemblée générale du 28 mai 1933, Amar Imache est élu secrétaire général de l’ENA et rédacteur en chef du journal El Ouma, organe du parti, Radjef Belkacem trésorier et Si Djilani directeur du journal .
Convaincu que ces institutions peuvent donner à l’Algérie indépendante, un caractère social et démocratique, il plaide longtemps pour la prise en compte des structures sociales, politiques et économiques berbères : âarch : (communautés des terres villageoises) et tajmâat : (assemblée élue du village).
Ces références explicites à des caractéristiques socio-culturelles berbères que tentent d’intégrer au mouvement national les dirigeants kabyles, vont susciter défiance et suspicion de la part de leurs compagnons acquis à l’arabo-islamisme. La conjoncture historique va créer les conditions qui permettront à Messali d’écarter les “gêneurs kabyles”.
Au moment où Messali vit en exil à Genève auprès de Chekib Arslan (décembre 1935 – juin 1936), c’est Imache avec Yahiaoui, Nouira et Radjef qui dirigent l’Étoile.
Au retour de Messali, une première divergence va opposer les deux hommes au cours de l’été 1936. Le conflit latent Imache-Messali qui éclate au sein du comité directeur, à propos du Front populaire espagnol, va s’exacerber lors de l’assemblée générale du 27 décembre 1936. Imache reproche à Messali de s’être réfugié en Suisse pour se soustraire à l’arrestation, ainsi que son long séjour en Algérie (d’août à novembre 1936) non approuvé par le comité directeur. Il dénonce aussi l’atteinte au fonctionnement démocratique de l’organisation et le culte de la personnalité. Une autre divergence et non des moindres porte sur l’attitude à adopter à l’égard du Front populaire espagnol
Sollicité par le Parti communiste français (PCF), Messali est prêt à engager des militants dans les brigades internationales. Les dirigeants kabyles, derrière Imache et Yahiaoui réclament au contraire une offensive politique contre le PCF . Ils lui reprochent son virage au nom de la priorité de la lutte anti-fasciste (pacte Laval-Staline) en matière de lutte anti-coloniale et prônent le refus de tout soutien au Front populaire espagnol accusé de ne pas vouloir accorder son indépendance au Rif.
Imache dénonce le nouveau programme en retrait par rapport à celui de l’Étoile qui revendique l’indépendance nationale. Il refuse donc d’adhérer à ce nouveau parti et invite les militants à « suivre un programme et non à se mettre à la remorque d’un seul homme » (Lettre d’adieu d’Amar Imache).
Lors de l’occupation de l’Éthiopie par l’Italie, Amar Imache mène campagne contre cette occupation. « Tous les Africains, sans distinction de religion, doivent manifester contre le fascisme italien, tous les Africains doivent s’unir pour combattre l’impérialisme en Afrique » déclare-t-il le 22 août 1935 dans le journal El Ouma, reprenant ainsi le mot d’ordre de son ancêtre massinissa : l’Afrique aux Africains.
À la veille de la Seconde Guerre mondiale, il dénonce aussi bien la convoitise étrangère que l’attitude française qui ne regardent l’Afrique du Nord que sous l’angle de la défense de leurs intérêts. Il déclare que : « les Africains sont intéressés à la défense de leurs pays et dénient aux uns et aux autres, le droit de les marchander ainsi que celui de les convoiter » (Journal El Ouma).
Au début des années 1940, Amar Imache est déporté en Allemagne comme prisonnier politique. En 1946, il rédige la brochure l’Heure de l’Elite dans laquelle il dénonce les évènements du 8 mai 1945 ainsi que l’attitude des intellectuels algériens (les “zélus”) qui ont accepté de siéger au Palais-Bourbon. Les conditions de vie du peuple algérien (épidémie de typhus, manque de nourriture, de soins…) y sont relatées. Après quelques années de détention dans des camps de concentration, avant de rentrer définitivement en Algérie, il crée avec Si Djilani le Parti de l’Unité Algérienne (P.U.A.) qui se propose notamment de débattre de la religion musulmane et de combattre le fanatisme.
Il rejoint durant la même année l’Union démocratique du manifeste algérien (UDMA) de Ferhat Abbas jusqu’en 1951. À la même période, pour pouvoir subvenir aux besoins de sa famille, il occupe le poste de magasinier dans la société d’import-export Le Comptoir nord-africain Amal à Alger. Son état de santé s’étant dégradé, son médecin traitant le déclare inapte au travail avec un taux de 100 % d’incapacité permanente partielle. Il rentre dans son village natal à la veille du déclenchement de la révolution armée, où il continue néanmoins à prodiguer ses conseils aux responsables de l’ALN qui le sollicitaient.
Il meurt le 7 février 1960, pendant le blocus alimentaire imposé par l’armée française à la population du village pour la contraindre à se rallier, laissant cinq enfants en bas âge.
Source Eldjoudhi WordPress
SIWEL 281710 JAN 16