TIZI WEZZU (SIWEL) — Le pouvoir algérien ne recule devant rien pour intimider et faire pression sur les militants et les activistes kabyles. Certains de ces procédés sont d’un ridicule manifeste, mais comme le ridicule ne tue selon l’adage, reste la mobilisation. Enquête de Zahir Boukhelifa :
Les faits : convoquée au commissariat de la ville, la gérante du local est informée qu’un PV pour infraction est rédigé en vue de fermeture du local pour motif de non présence sur les lieux. Malgré les justificatifs d’absence, les certificats médicaux et la jambe dans le plâtre rien ne fait changer d’avis les services de police.
Pour prendre connaissance de l’arrêté préfectoral abrogeant l’autorisation d’exercice, la gérante s’adresse aux services de la Wilaya de Tizi-Wezzu. Mais chose curieuse, l’administration a refusé de lui communiquer une copie. Après une quête tortueuse dans les méandres de la bureaucratie algérienne, elle récupère enfin un exemplaire de l’arrêté. Mais là le motif de fermeture invoqué ne correspond nullement à celui de la police. Le Wali reproche à la gérante d’exercer des activités qualifiées sous le générique de « non autorisées ».
Le fait que la présidente du Congrès mondial Amazigh se retrouve dans un local commercial, constitue pour l’administration algérienne un délit. En violation des droits les plus élémentaires et des libertés individuelles, le Wali en sa qualité de premier représentant du pouvoir algérien en Kabylie, prend une décision arbitraire et illégale. Il cherche à asphyxier financièrement une famille militante en la privant de son gagne-pain.
Situé sur le territoire de la commune de Tizi-Wezzu, dirigée par un maire issue de l’opposition qui ne semble pas être préoccupé par les violations des droits de ses administrés. A moins que les citoyens kabyles qui ne partagent les mêmes sensibilités politiques que le pouvoir et ses relais ne sont pas comptables dans la liste des défendables face à l’injustice ?
L’avocat des victimes de cette flagrante injustice a introduit un référé en attendant un jugement sur le fond de l’affaire. Mais les chances que cette procédure aboutisse et qu’enfin les droits de la plaignante soient réhabilités sont minces.
La mobilisation : Face à ce déni de droit et cet acharnement de l’administration coloniale contre une activiste kabyle présidente d’une ONG internationale la mobilisation prend de l’ampleur. Aux côtés de l’affaires des détenus d’opinion du M’zab, cette enième violation sera à l’ordre du jour dans la prochaine session plénière du Parlement européen. Le bureau du Comité des droits de l’Homme à l’ONU est saisi pour le même motif. De son côté l’organisation des femmes autochtones du Québec a apporté son soutien total a Kamira Nait Sid.
Au niveau national, le président du Mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie (MAK) Bouaziz Aït Chebib nous a affirmé que cette affaire risque de déborder dans la rue si une solution n’est pas trouvée dans les meilleurs délais. Des sit-in et des manifestations de rue sont envisageables pour que cessent les pratiques de ce pouvoir colonial en Kabylie.
Enfin, Nna Nouara, la mère de Kamira, battra le pavé pour défendre sa petite famille, après avoir donné tant à la grande famille Kabyle et Amazigh.
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SIWEL 010240 FEV 16