AQVU (SIWEL) — » Un autre agent en civile se précipita vers nous et nous demanda d’ouvrir le coffre pour y découvrir les tartes dont nous étions si fiers. On peut dire que la réjouissance sur son visage se laissait lire sans trop de peine, trop heureux qu’il fût d’avoir fait, selon lui, une découverte révolutionnaire. Nous étions priés aussitôt d’aller rejoindre un agent, attablé sur le bord de la route, qui détenait nos pièces d’identité en inscrivant nos noms et en tentant de nous horrifier, promettant que nous étions foutus et passibles de prison. Notre réaction naturelle était de rire, laissant paraître notre indifférence à ses propos dépourvus de sens. « ,
« Les militants de Chemini ayant renvoyé leur bus, ont choisi de passer le barrage et poursuivre leur route à pieds sur une certaine distance, où ils étaient attendus par un bus d’un militant de Michelet. Tels des renards, nous eûmes la brillante idée de leur confier nos tartes, alors que d’autres militants retenaient l’attention des gendarmes. Nous en avions ri à en avoir mal au ventre à l’idée de les avoir privés du bonheur de nous les arracher et de les déguster. «
Extrait du communiqué de la coordination MAK d’AQVU relatant leurs mésaventures pour arriver jusqu’au lieu du Congrès à At-Zellal
La coordination MAK Aqvu tient à remercier les militants et la population d’At Zellal pour leur chaleureux accueil et leur courtoisie, en accueillant le 3e congrès de notre mouvement.
La coordination tient également à féliciter toute la famille militante du MAK pour la réussite du congrès et les bonnes conditions de son déroulement, malgré les vaines tentatives d’intimidations qu’a imposé le gouvernement mafieux d’Alger, de par son très important dispositif d'(in)sécurité et ses innombrables barrages routiers qui ont bloqué l’accès aux congressistes.
En effet, depuis tôt le matin, nous avons constaté une présence en force et inhabituelle de la police et la gendarmerie, qui se sont retrouvées sur les routes dès les premières lueurs du jour et bien avant dans certaines régions, nous a-t-on appris. Un barrage de police a été établi à la sortie ouest de la ville d’Akbou très tôt le matin, faisant semblant de régulariser une circulation fantôme, dès l’aube d’un vendredi. Mais le barrage a été démantelé et les agents se sont volatilisés dès que les militants de la coordination se sont mis à affluer sur leur place de prédilection, la fameuse place des martyrs du printemps noir. C’est à croire qu’ils se sont suffis d’un travail de repérage et de collecte d’informations, que nous les soupçonnons d’avoir transmis à leurs compères.
A l’heure prévue, le cortège entreprit la route dans la bonne humeur comme à l’accoutumée, en espérant un trajet tranquille et sans incidents, mais tout de même avec l’infime conviction de rencontrer quelques soucis avec les forces coloniales qui attendaient cet événement décisif tout autant que nous.
Quelques minutes plus tard, c’est au tour du bus qui transportait le reste des militants d’être arrêté et questionné sur sa destination. Le conducteur a donc répondu que ces jeunes gens se rendaient au mausolée de Wedris, une réponse maligne et mensongère, dont le but était de gagner du temps pour éviter toute tentative de retardement. Ce qui n’a pas manqué de réussir.
Un autre agent en civile se précipita vers nous et nous demanda d’ouvrir le coffre pour y découvrir les tartes dont nous étions si fiers. On peut dire que la réjouissance sur son visage se laissait lire sans trop de peine, trop heureux qu’il fût d’avoir fait, selon lui, une découverte révolutionnaire. Nous étions priés aussitôt d’aller rejoindre un agent, attablé sur le bord de la route, qui détenait nos pièces d’identité en inscrivant nos noms et en tentant de nous horrifier, promettant que nous étions foutus et passibles de prison. Notre réaction naturelle était de rire, laissant paraître notre indifférence à ses propos dépourvus de sens.
L’agent pas du tout surpris par notre insolence se permit de sourire à son tour, lâchant des mots qui traduisent : Ça ne doit pas être la première fois pour vous, cela se voit ! Il nous remit nos papiers et nous autorisa à rejoindre la voiture mais tout en nous interdisant de démarrer. Quand nous nous sommes rendu compte que l’agent en civile, photographiait la preuve matérielle de ce qu’ils considéraient comme notre délit, en l’occurrence, nos deux tartes très appétissantes.
La voiture a fait l’objet d’une fouille minutieuse et l’un des agents, s’est précipité sur le PC portable de Rahim Arezoug , espérant mettre la main sur des informations sensibles. Mais Rahim qui n’était pas dupe, a allumé le PC en accédant au second système d’exploitation vierge, qui ne comportait que des photos de nos deux présidents et aussi des photos de nous entre amis.
Nous avons fait l’objet d’interrogatoires insensés et inutiles qui avaient pour seul objectif de nous retarder et nous interdire de poursuivre la route. La seule chose qui vous est permise, est de faire demi-tour sans vous retourner, nous a-t-on répété maintes fois pour nous intimider, ce que nous avions refusé farouchement en leur expliquant que nous étions chez nous et que nous avions la liberté d’aller où ça nous chantait.
La tension montait dangereusement, quand le bus qui transportait nos militants a été arrêté à son tour, pour exiger d’eux d’aller inscrire leurs noms. Un instant après, le bus transportant nos frères militants de Chemini a également été arrêté avec le même scénario, suivi du bus d’un confrère de Melbou. Il s’en était fallu de vraiment peu pour que ça tourne au drame, voyant la foule nombreuse et coléreuse qui s’opposait à l’idée de faire demi-tour.
Il a fallu nous calmer les uns les autres, nous disant que justement, ces hordes sauvages ne demandaient qu’une minuscule occasion pour nous embarquer ou nous passer à tabac, c’était un luxe que nous n’avions pas le droit de leur accorder. Nous avions répondu en scandant nos slogans habituels et principalement : (Mon pays la Kabylie) et (Kabylie indépendante).
Les militants de Chemini ayant renvoyé leur bus, ont choisi de passer le barrage et poursuivre leur route à pieds sur une certaine distance, où ils étaient attendus par un bus d’un militant de Michelet. Tels des renards, nous eûmes la brillante idée de leur confier nos tartes, alors que d’autres militants retenaient l’attention des gendarmes. Nous en avions ri à en avoir mal au ventre à l’idée de les avoir privés du bonheur de nous les arracher et de les déguster.
Une fois la tension baissée, notre bus quitta les lieux en faisant le détour par At Hicem (Ait Hichem) et Taqa. Nous avions été les derniers à être autorisés à partir, après avoir joué sur leurs nerfs à tous, usant de ruses et moqueries à leur encontre, leur disant que de toute façon, nous avions prévenu tout le monde pour faire le détour et que le congrès allait se tenir avec ou sans nous quatre. L’un des deux agents en civile nous a demandé de quitter les lieux avec un air lassé et dégoûté de voir nos "sales gueules" souriantes sur place.
Nous nous apprêtions à démarrer quand un gendarme nous a salué bien bas en nous lançant : S tawil kan ay atmaten (allez-y doucement mes frères), c’était certainement pour nous narguer, lui à qui ça plaisait tant de n’avoir révélé sa Kabylité qu’à la fin.
Nous avions fini par faire le même trajet que nos amis en faisant le détour pour enfin atteindre notre destination. Nous n’étions que soulagés de pouvoir finalement assister à cet événement historique et déterminant pour tout le peuple Kabyle.
Ce récit n’est qu’un exemple de ce qui s’est produit dans tout le pays Kabyle durant a journée du 26 février. Chacun a eu droit à un traitement de ce genre, mais nous espérons que personne n’a vécu pire et que chaque militant est parvenu à rejoindre son foyer en bonne santé et en toute insouciance.
La Kabylie est certainement fière de la détermination et du courage de ses femmes et hommes, qui pour le bien-être de leur pays, ont fait preuve de sagesse, en tenant tête intelligemment à des hommes en armes, réputés pour leur férocité. Je suis personnellement très fier de faire partie de cette solidaire famille du MAK, grâce à laquelle je me lève chaque matin sans ressentir de honte mais au contraire, avec la conviction que je contribue à la libération d’un pays, qui n’a jamais été destiné à l’esclavage.
Coordination MAK AQVU.
Le responsable à la communication,
Nordine MEZI
SIWEL 281702 FEV 16