CONTRIBUTION (SIWEL) – Le verbe s’incline, la voix s’affirme ; l’espoir se dessine ; l’horizon s’illumine. Des résonnances et des concordances ; des orientations et des résolutions dans cette façon d’épancher ses peines par l’art et ses souhaits par l’espoir.
Intitulé Asikel son premier texte écrit sous la forme d’une nouvelle (tullist), cet ouvrage rédigé en tamazight paru aux éditions Achab confirme le talent de Tilyuna Su. Dans celui-ci, elle invite notre esprit à voyager voire errer en toute confiance dans des espaces plus cléments où la nature et l’amour tombent en chœur, où la couleur de sa plume à la fois frappante et discrète, associée fidèlement à ce qu’elle dénote, reflète le chatoiement éclairant nos pas quiets et cadencés. En traduisant les pensées intimes de ses personnages, elle associe à cela l’éducation et la fragilité de la cellule familiale que doivent cerner de près par beaucoup d’attention les parents et la société.
Partie d’un rien sauf une volonté et un courage de femme comme armes de défense et des œillères lui voilant les préjugés, seule face à son objectif, elle a pu franchir le seuil sur lequel des artistes renommés sont passés. Elle est un exemple, elle est un fleuron, elle est une voix couleur d’une voie pour l’ensemble de ses semblables souhaitant sortir de l’ordinaire et suivre ce long chemin risqué récompensant tardivement son auteur. Son compact disc Lfusi lfusi composé de douze chansons sorti aux éditions Ifri Music est un appel à la vie, à la confiance en soi et à l’amour pour les autres. Elle chante ses traditions kabyles comme elle chante sa langue et sa langue dans sa modernité. Elle chante le chômage et la jeunesse désemparée rêvant de l’autre rive, son seul repère, car coincée dans ce repaire véreux non conçu pour elle. Des rimes et des harmonies faisant appel à la démocratie et à la loyauté tout en rêvant d’un monde sans misères et sans guerres, ce monde si fragile où règnent déjà le mensonge et la trahison. « Quoi qu’il en soit, l’amour, gratuit à toutes les échelles, est la panacée. Il est le seul remède pouvant sauver les quatre coins de notre globe ! » confie-t-elle.
Quelle rigueur poétique et intellectuelle de cette âme sanctionnée par l’université de Vgayet (Béjaïa) par un master de langue et culture amazighes et aussi et surtout par son esprit rassis tout naturel chassant l’artificiel ! L’avenir que lui réserve sa persévérance est prometteur pour cette jeune artiste kabyle d’Aït-Soula de Chemini, et déjà beaucoup d’âmes sensibles, que ce soit grands ou petits, femmes ou hommes, se reconnaissent dans sa plume et sa voix véhiculant espoir et tout ce qui rime avec vie. C’est en s’imprégnant de sa poésie qu’on pourrait se permettre l’emploi de tels qualificatifs honorables en sa faveur et à tout ce qu’elle crée de vraiment magnifique.
À la lire ou à l’écouter, son message coupe la faim comme il jugule l’intolérance ; il subjugue l’œil comme il caresse les sens. Un vrai éden où confluent les idées pures et les messages matures.
Iris (Mohand-Lyazid Chibout)