TIZI WEZZU (SIWEL) — Samir Hamma, militant indépendantiste kabyle, connu pour tenir le rôle de photographe dans des activités du MAK-Anavad en France, a passé sa première journée de séjour en Kabylie, le 23 janvier, au commissariat colonial de Tizi Wezzu où il a subi un interrogatoire politique et musclé. Son activité est passée au peigne fin.
Le 23 janvier à 11:25, je me fais arrêter à un barrage de police à Boukhalfa, barrage fixe situé à l’entrée de Tizi Ouzou. Je ne suis alors pas seul, un ami d’enfance venu m’accueillir à l’aéroport m’accompagne. Saïd Kessal, est directeur d’un établissement de formation supérieur à Tuvirett et ancien militant du milieu associatif. Aussitôt, les agents de la police coloniale procèdent à la fouille du véhicule et des bagages, un contrôle d’identité s’ensuit. Un officier en civil s’approche de moi pour m’informer de notre transfert vers le commissariat de Tizi Ouzou, et ce afin d’être entendus sous procès-verbal. Je lui demande les raisons de ce transfert. Il me répond : " Tu sais très bien ce que tu as fait et tu connais les raisons de ton transfert". Mon ami Saïd me susurre : " C’est au sujet du MAK". Arrivés au commissariat central, nous sommes entendus séparément.
Mon audition est tenue à l’étage par deux officiers. À noter que l’un d’eux est Kabyle, l’autre ne maîtrise pas notre langue et se contentera de rédiger le procès-verbal. On me questionne sur mon travail et mon apport en matière photographique au sein du mouvement durant toutes ces années et sur mon lien avec l’agence de presse Siwel. Il cherche à connaître mon statut et ma rémunération dans l’organigramme du MAK-Anavad. Il souhaite également connaître les raisons de ma venue en Kabylie (chez moi) et si j’avais été chargé de mission par le Président de l’Anavad, Mas Ferhat Mehenni ou Mas Ahmed Haddag, Ministre des institutions et de la sécurité au sein de ce même gouvernement.
L’officier me reproche également une photo-souvenir avec Kamel Eddine Fekhar. Un fichier numérique comptant pas moins de 183 photos signées par mes soins m’a été présenté. Il me questionne sur la nature de mes relations avec le Docteur Fekhar et si je me suis déjà rendu à Ghardaïa. Il ajoute : "Es-tu titulaire d’une carte d’identité kabyle, si oui par qui a-t-elle été délivrée et combien vous a-t-elle coûté ? "
Je suis questionné sur la démission de l’ex Président du MAK et sur ses désaccords avec le Président de l’Anavad. Il cherchera enfin à savoir si je me situe dans l’aile autonomiste ou indépendantiste.
15:30 : Un policier vient à ma rencontre pour une fouille des bagages. Il me saisit trois petits couteaux de cuisine qu’il qualifiera d’armes blanches de sixième catégorie. Ces derniers, situés au fond d’un cabas, venaient de traverser deux aéroports sans que je sois inquiété. Deux tablettes, un appareil photo, un caméscope et des documents administratifs personnels sont également saisis. L’ensemble est passé au peigne fin puis restitués. À noter que les cartes mémoires des appareils précités ne comportaient aucune donnée, à l’exception de mon téléphone portable, tombé en panne de batterie peu avant. Nous avons été traités comme de vulgaires terroristes (interrogatoire, procès-verbal, prise d’empreintes…)
17:00 : Ils nous dirigent vers une clinique à quelques deux, trois kilomètres, pour une furtive visite médicale. Notre "libération" sonne à cet instant. Mon ami Saïd Kessal n’a pas été épargné lui aussi puisqu’ils lui saisiront aussitôt une torche qualifiée également d’arme blanche ainsi que deux disques de Ferhat Mehenni.
Je tiens à féliciter le comportement exemplaire de certains policiers kabyles en service pour leur respect, leur bravoure et leur solidarité envers les militants pacifiques que nous sommes.
Aussi, je tiens à rassurer mes sœurs et frères militants. Je n’ai pas cédé face aux intimidations. J’ai assumé mon lien de manière naturelle éternelle à l’égard de mas Ferhat Mehenni et de mas Ahmed Haddag, et mon appartenance au MAK et à la Kabylie.
Ce communiqué a pour but d’éclairer l’opinion publique sur cette répression que subit quotidiennement nos militants en Kabylie. Je tiens à leur rendre hommage pour leur courage et leur résistance.
L’espoir nous est permis, le combat continue, restons unis et solidaires.
Fraternellement,
Samir Hamma.
À Paris, le 31 janvier 2017.
SIWEL 011249 FEV 17