KIDAL (SIWEL) — Paraphé par Bamako, Alger et Paris, les accords d’Alger n’ont pas obtenu la signature du MNLA et de ses alliés. Ces accords, qualifiés par la base, comme par la population civile d’accords « de la honte et de l’humiliation » ne pouvaient pas être signé par le MNLA, ni par ses alliés, à moins de couper court avec leur propre base et avec le peuple qui constitue l’unique légitimité dans ce conflit qui dure depuis plus de 50 ans. Le plus difficile sera de résister encore à la pression internationale dont une délégation s’est rendue aujourd’hui même à Kidal pour les « convaincre » de parapher cet accord… en clair, pour essayer de tordre encore davantage le bras au MNLA et à ses alliées, voire même de les menacer personnellement de « représailles » comme cela a été fait à Alger.
Cette déclaration est l’aboutissement d’une consultation entre les dirigeants azawadiens, fortement mis sous pressions à Alger au début du mois de mars, et une société civile très remontée, dans l’Azawad comme dans les camps de réfugiés, et qui n’a cessé depuis deux semaines de manifester tous les jours une franche hostilité à ces « accords de la honte et de l’humiliation ».
Les organisations de femmes et de jeunes de l’Azawad ont été les plus virulents (et les plus francs) opposants au simulacre d’Accord proposé par la médiation au peuple de l’Azawad en souffrance depuis plus de 50 ans.
Les femmes ne sont pas passées par quatre chemin et ont demandé d’emblée à la médiation internationale de « retirer immédiatement le dossier de la médiation à l’Algérie », dénonçant les « pressions et les menaces personnelles exercées par certaines parties de la médiation sur des membres des délégations azawadiennes pour leur faire signer l’accord»; de même qu’elles ont manifesté leur «désapprobation face à un accord se souciant plus de la préservation des intérêts géostratégiques français et algériens que de la volonté de mettre fin à ce conflit ».
Les jeunes ont également été très clairs en rappelant leur «attachement aux engagements et promesses faites » à leurs braves martyrs, de leur vivant, en réaffirmant « lutter jusqu’à une libération effective » de leur territoire « par tous les moyens et voies légitimes » et en affirmant qu’il « ne sera pas mentionner dans l’histoire » de leur révolution que leur génération a «signé cet accord de honte et d’humiliation ».
La position de la coordination des Mouvement de l’Azawad est bien entendu politique, donc plus nuancée. Le MNLA et ses alliés ont très vite et très bien compris les entourloupes du langage politicien des médiateurs. Tout comme le document d’Alger est truffé de phrases en « trompe l’œil », destinées à arnaquer les azawadiens et leur faire croire qu’on leur propose de réelles solutions, la CMA a répliqué sur le même registre car elle non plus ne dit pas qu’elle refuse de signer ce simulacre d’accord, mais elle « estime que le document produit par la médiation constitue une bonne base de travail qui mérite d’être améliorée dans l’intérêt supérieur de la paix », autrement dit elle ne signe pas l’accord…
La CMA explique en outre que « de l’avis exprimé par les différentes communautés de l’Azawad, il ressort que ledit projet d’accord n’a pas pris en compte les éléments essentiels des aspirations légitimes des populations de l’Azawad. Cette position a été largement exprimée bien avant la rencontre, à travers des manifestions d’hostilité organisées partout dans l’Azawad et dans les camps des réfugiés »…à malin, malin et demi !
À ces petits jeux politiciens, tout le monde peut jouer. Mais pour comprendre ce que veut exactement dire le MNLA et ses alliés, il suffit de se référer aux déclarations des jeunes, des femmes, des chefs de tribus et de fractions, des cadres de l’Azawad et des réfugiés pour comprendre ce que les azawadiens pensent de ces «accords de la honte et de l’humiliation» tels que surnommés par les jeunes et ce qu’ils en disent: «retour à l’objectif de l’indépendance» comme le précise les femmes de l’Azawad.
zp,
SIWEL 171358 MARS 15
Vous trouverez ci-après la déclaration finale de la Coordination de l’Azawad, suivie des déclarations des divers représentants de la société civile azawadienne.
Déclaration finale de la CMA suite aux journées de concertation des populations de l’Azawad tenues du 12 au 15 mars 2015 à Kidal sur le projet d’accord.
Elle remercie également le Gouvernement malien pour sa disponibilité maintes fois affirmée dans le cadre de la recherche d’une solution par la voie de la négociation.
– Considérant les résolutions 2100 et 2164 du Conseil de Sécurité des Nations Unies, relatives à la crise malienne ;
– Considérant la déclaration du conseil de Sécurité des Nations Unies sur le Mali, en date du 06 février 2015 ;
– Considérant l’Accord de Ouagadougou du 18 juin 2013 ;
– Considérant la feuille de route signée à Alger le 24 juillet 2014 ;
La CMA a organisé du 12 au 15 mars 2015 à Kidal, une large consultation ayant regroupé des milliers de participants en vue de recueillir l’avis de la population de l’Azawad sur le projet d’Accord du 25 février 2015, paraphé le 1er mars 2015 par la partie malienne.
De l’avis exprimé par les différentes communautés de l’Azawad, il ressort que ledit projet d’accord n’a pas pris en compte les éléments essentiels des aspirations légitimes des populations de l’Azawad. Cette position a été largement exprimée bien avant la rencontre, à travers des manifestions d’hostilité organisées partout dans l’Azawad et dans les camps des réfugiés.
Après avoir enregistré les analyses, contributions et recommandations des différentes composantes de la population et des structures de Mouvements de l’Azawad sur le Projet d’Accord, la CMA réaffirme son ferme engagement à poursuivre le processus de paix sous l’égide de la médiation internationale.
Elle renouvelle son attachement au respect des engagements pris avec la communauté internationale, dont : le cessez-le-feu du 23 mai 2014 à Kidal et ses modalités d’application du 13 juin 2014, ainsi que l’Accord de cessation des hostilités signé à Alger le 19 février 2015.
Elle réaffirme également sa disponibilité à renforcer sa coopération sur le plan sécuritaire avec les forces internationales présentes sur le terrain.
La CMA estime que le document produit par la médiation constitue une bonne base de travail qui mérite d’être améliorée dans l’intérêt supérieur de la paix.
C’est pourquoi, elle sollicite une rencontre avec la médiation et les partenaires internationaux concernés, en vue d’échanger sur la suite du processus.
Kidal, le 15 mars 2015
Pour la Coordination des Mouvements de l’Azawad
Bilal AG ACHERIF
Déclaration de l’Association des Femmes de l’Azawad suite à la clôture des discussions d’Alger 5
En tant que force motrice de l’Azawad, notre organisation a également accordée un intérêt particulier à prendre connaisse de l’ensemble des échanges entrepris par les délégués de la Coordination des Mouvements de l’Azawad (CMA) avec d’abord l’équipe de médiation et ensuite la partie malienne.
C’est avec un grand étonnement que l’Association des Femmes de l’Azawad a pris acte des actions graves et injustes qui ont été posés par une partie de l’équipe de la médiation internationale dans le but d’imposer aux délégués de la CMA la signature d’un document. Ces actions allant des pressions aux menaces personnelles ne siéent point à la médiation d’un conflit aussi vieux que celui nous opposant au Mali; de même qu’elles ne siéent pas aux pays membres de la médiation internationale.
C’est par devoir et obligation morale que l’Association des Femmes de l’Azawad a lu l’ensemble de la proposition d’accord après sa distribution à la CMA. Au terme de la lecture du document d’Accord, nous fûmes animés par une grande déception seulement mixée par un sentiment de déjà-vu. Etait-ce nécessaire d’engager 8 mois d’échanges, d’invité les représentants de la société civile de l’Azawad, et de faire participer un ensemble de pays et d’organisations internationales à la médiation pour offrir un document similaire à ceux déjà produits en 1990, 1992, et 2006?
L’Association des Femmes de l’Azawad n’a malheureusement rien vu de nouveau dans ce document présenté par la médiation. De même que cet Accord n’a rien de nouveau, il ne contient également rien de positif à l’Azawad et répond uniquement aux attentes du Mali qui conduisent toujours à la case-de-départ d’une autre révolution dans l’Azawad.
Parce que l’Accord document est similaire à ceux des révolutions précédentes; parce qu’il ne contient aucune des attentes des populations de l’Azawad; parce qu’il n’offre pas de pistes de résolution du conflit cyclique opposant l’Azawad au Mali; parce qu’il ne contient rien qui nous permette de vivre en paix avec le Mali; parce que l’équipe de médiation internationale entreprend des actes injustes non conforme à son rôle d’arbitre et de facilitateur, l’Association des Femmes de l’Azawad rejette fermement cet Accord et ne se considérera pas concernée par ses termes malgré les pressions internationales sur la CMA.
De ce fait, l’Association des Femmes de l’Azawad demande à la Coordination des Mouvements de l’Azawad de retourner à la revendication initiale de l’indépendance de l’Azawad.
Prenant acte des échecs des Accords signés en 1990, 1992, et 2006 sous la médiation de l’Algérie; prenant acte de l’échec certain de l’Accord proposé en 2015 s’il avait été mis en place ; prenant acte des techniques dangereuses pour la paix entrepris par l’équipe de médiation, l’Association des Femmes de l’Azawad demande à la communauté internationale engagée pour la résolution du conflit entre l’Azawad et le Mali de retirer immédiatement le dossier de la médiation à l’Algérie en faveur d’un autre point sans connexion ni avec l’Azawad ni avec le Mali et dont le seul intérêt et de faciliter la résolution d’un conflit.
L’Association des Femmes de l’Azawad salue et encourage chaleureusement la Coordination des Mouvements de l’Azawad et l’invite à continuer à prendre des décisions justes même si cela sous-entend s’opposer à de très fortes pressions.
L’Association des Femmes de l’Azawad remercie la communauté internationale pour toute l’assistance et l’accompagnement qu’elle apporte à l’Azawad dans ces moments difficiles.
Kidal, le 6 Mars 2015
Assi Wallet Hitta,
Présidente de l’Association des Femmes de l’Azawad
Déclaration Association des Femmes de l’Azawad.pdf
Déclaration de l’Union des Jeunes de l’Azawad
• Considérant la tournure décisive de la situation politique azawadienne;
• Considérant le fait que la jeunesse est la couche de la société la plus concernée par son devenir et qu’elle constitue la force motrice de son histoire;
• considérant que la jeunesse est un acteur incontournable de stabilité et de paix, et que nous sommes les principaux acteurs du conflit historique opposant l’Azawad au Mali;
Nous déclarons :
1. Notre attachement aux objectifs et principes fondamentaux de la révolution azawadienne à travers une direction menée par notre secrétaire General Bilal Ag Acherif ;
2. Notre attachement aux engagements et promesses faites à nos braves martyrs, de leur vivant, de lutter jusqu’à une libération effective de notre territoire par tous les moyens et voies légitimes ;
3. Nous promettons aux veuves et mamans des martyrs, aux orphelins qu’il ne sera pas mentionner dans l’histoire de notre révolution que notre génération à signé cet accord de honte et d’humiliation ;
4. Enfin Nous appelons tous les azawadiens âpres de liberté, particulièrement les jeunes, à dépasser leurs différences, de tout ordre qu’elles soient, pour faire entendre leur voix en protestant massivement et partout contre cette honte et à continuer la lutte de libération.
Kidal, le 05/03/2015
Pour le Bureau National de l’UJA
Aboubacrene Ag Zambou
Déclaration des chefs de villages, de fractions, leaders religieux, leaders d’opinions, et cadres de l’Azawad (Région de Tombouctou)
– Considérant la légitimé irréfutable du combat que mène le brave peuple de l’Azawad;
– Considérant les conséquences désastreuses irréversibles de cette guerre sur nos populations ;
– Considérant l’échec du pays médiateur (l’Algérie) à faire respecter les accords antérieurs;
– Considérant l’incapacité du Mali à construire une nation plurielle;
– Considérant les peuples comme la source d’où les Etats tirent leur légitimité;
– Considérant les chartes des nations unis consacrant aux peuples le droit a disposer d’eux-mêmes ;
– Considérant le droit a la vie, a la liberté et la dignité en tant que droits naturels inaliénables;
– Considérant l’aspiration légitime du peuple Azawadien à prendre son destin en main comme tous les peuples d’Afrique et ce depuis 1958 a travers une pétition populaire signée par 300 leaders communautaires de l’Azawad;
– Considérant notre ferme détermination à nous opposer à tout Etat, organisation ou personne qui tenterait de bricoler encore une fois de plus un accord qui ne répond pas au problème politique qui oppose le gouvernement malien aux populations de l’Azawad depuis 3 générations;
– Considérant notre indéfectible attachement au statut politico-juridique de l’Azawad que nous exigeons afin d’abréger les souffrances de notre peuple tant éprouvé par l’exil, les assassinats, les pogroms et la misère.
Nous ci-dessous soussignés, apportons notre ferme opposition au projet d’accord proposé par la médiation le 25 février 2015 à Alger, et soutenons sans ambages la proposition des mouvements de l’Azawad pour le fédéralisme gage de paix définitive.
Informons, la médiation et la communauté internationale qu’aucun accord ne saurait être durable a fortiori définitif sans traiter la question de l’Azawad dans toute sa profondeur, et cela passe par l’acceptation sincère d’une réalité politique qui s’impose à savoir : le statut politico-juridique de l’Azawad pour mettre le destin des Azawadiens entre leurs mains, car ils représentent le seul rempart contre le terrorisme et donc la seule et unique solution pour la stabilité du sahel.
Enfin, nous lançons un appel fraternel à toutes les filles et fils de l’Azawad, unissons-nous autour de notre revendication légitime. Faisons honneur à nos martyrs, à nos exilés, à nos réfugiés; Restons attachés à nos convictions pour ne plus jamais trahir l’honneur et la dignité qui sont des principes inviolables dans notre culture et notre tradition.
L’Azawad c’est notre choix.
Le porte parole
Ehameye Ansari
DÉCLARATION CONJOINTE DES FEMMES DE L’AZAWAD
La Coordination des Femmes de l’Azawad,
L’Association des Femmes de l’Azawad,
L’Association des femmes du Haut Conseil pour l’Unité de l’Azawad (HCUA),
L’Association des femmes du Mouvement Arabe de l’Azawad (MAA),
Après concertation sur la situation politique actuelle de l’Azawad déclarons :
1) Notre attachement au but pour lequel nos parents, maris et enfants ont donné leurs vies à savoir le droit à l’autodétermination de notre peuple ;
2) Notre engagement à poursuivre la lutte, peut nous importe les menaces et intimidations, nous consentons aux sacrifices nécessaires ;
3) Nous demandons au nom de la justice, de la paix et de la stabilité dans toute cette région à ce que notre dossier quitte l’Algérie sans tarder, car jusque-là l’Algérie s’est imposé comme médiateur et s’est voué chaque fois à l’échec. Les accords précédents en témoignent ;
4) Nous manifestons notre désapprobation face à un accord se souciant plus de la préservation des intérêts géostratégiques français et algériens que de la volonté de mettre fin à ce conflit ;
5) Enfin nous appelons nos leaders politiques et militaires, notables coutumiers, oulémas et surtout les jeunes à persévérer dans la lutte et à manifester partout les moyens leur refus de cette humiliation.
Nous préférons le martyr à l’humiliation !
Kidal, le 06 Mars 2015
LES SIGNATURES
Coordination des femmes de l’Azawad Aminatou Walet Bibi
Association des femmes de l’Azawad Assi Walet Hita
Association des femmes du MAA Bébé Mint Mohamed
Association des femmes du HCUA Zeïna Walet Alladi
Déclaration de la Coordination de Cadres de l’Azawad
La coordination des cadres de l’Azawad / CCA se félicite du niveau d’avancement significatif réalisé dans les négociations entre la coordination des Mouvements de l’Azawad / CMA et le Gouvernement Malien à l’occasion du 5ème round clos à Alger le 1 mars 2015.
Pris sous tous les angles, ce texte n’offre à la CMA rien moins que de signer les conditions d’un armistice. Et, pour enfoncer le clou dans sa campagne médiatique contre la Paix, notamment, en invitant, le 9 mars 2015 sur RFI, la CMA ‘’….à signer le texte, choisir la Paix pour se démarquer des jihadistes… », le Ministre malien des affaires étrangères fait dans la rumination et réchauffe la vieille rengaine maîtrisée par Bamako de diabolisation de la cause légitime du Peuple de l’Azawad face à l’opinion malienne et internationale.
Or, depuis longtemps, il n’y a que Bamako et son Ministre pour dire sans le croire que les forces combattantes de l’Azawad ont un lien quelconque avec les jihadistes, ce pendant que tous savent que c’est bien Bamako qui abrite d’illustres leaders de la nébuleuse narco terroriste jusque dans l’hémicycle du parlement malien.
Depuis l’attentat de Bamako, le Ministre a-t-il compris que l’on ne dine pas impunément avec le diable?
La Coordination des Cadres de l’Azawad invite, Mr le Ministre à s’engager résolument dans la voie de la Paix en se démarquant de la stratégie visant à discréditer maladroitement la CMA et à convaincre son régime de négocier avec franchise et honnêteté dans la perspective d’une Véritable Paix.
Le Mali et son ministre gagneraient pour le bien du Mali, de l’Azawad, de la sous région à poursuivre, sans délais, l’approfondissement des discussions avec la CMA qui y est très ouverte dans un cadre de médiation rénovée qui obtiendrait ouvertement un libre assentiment, en premier lieu de l’Azawad.
C’est la seule voie de sagesse et de réalisme politique vers un vrai accord porteur d’une paix juste, équitable et durable, auxquelles adhéreront tous y compris l’opinion internationale.
Coordination des cadres de l’Azawad
Ansari Habaye Ag Mohamed
Président