TIZI-WEZU (SIWEL) — Le tribunal criminel de Tizi-Ouzou a examiné et étudié hier le dossier portant sur l’assassinat du jeune Ghilès Hadjou qui remonte, doit-on rappeler, au mois d’octobre 2012. Ils étaient quatre accusés à la barre pour répondre des chefs d’accusation d’association de malfaiteurs, homicide volontaire et kidnapping suivi d’une demande de rançon. Il s’agit des nommés Mohammed H, Amar C, Mehdi B et Amar Y.
Toujours selon l’arrêt de renvoi qui s’est appuyé sur l’enquête et le rapport de la gendarmerie nationale, une fois la victime au rendez-vous, les quatre accusés se sont partagés les tâches. Mehdi B a assuré la surveillance sur la terrasse de la bâtisse dans laquelle devait se dérouler l’opération du crime pour que les autres opèrent tranquillement.
Le rapport du médecin légiste note que la victime est morte par strangulation. Une fois la mort constatée, Mohammed H a pris la voiture de la victime en direction du village Cheurfa où il l’abandonnera. Il sera suivi par Amar C et Mehdi B avec leur voiture pour lui assurer le retour. En effet, tous les trois retrouveront les lieux du crime. La suite de l’opération consistera à envelopper le cadavre de la victime dans un sac en plastique , le mettre dans le coffre de la voiture pour être acheminé ensuite vers la plage d’Aït-Chaffaï où il sera enterré.
Cependant, le téléphone de la victime sera utilisé par ses assassins. En effet, l’accusé Amar Y l’utilisera pour appeler le père de la victime pour lui demander une rançon de 05 milliards de centimes pour obtenir la remise en liberté de son fils. Il lui fera également savoir que c’est suite à son refus de payer 02 milliards de centimes en 2009 que le groupe a décidé de lui faire payer les pénalités. En effet, au cours de l’année 2009, le père de la victime, richissime entrepreneur a eu affaire à « des terroristes » lesquels lui ont demandé de verser pour la « cause » un montant de deux milliards de centimes. L’entrepreneur a refusé d’être racketté. Ce détail sera différemment interprété et exploité par la partie civile et le représentant du ministère public d’un côté et la défense de l’autre. Le 24 octobre 2012, soit 05 jours après le crime, les enquêteurs de la gendarmerie feront la première interpellation. L’interpellé n’est autre que Mehdi B. L’élément ayant abouti à l’interpellation de cet individu n’est autre que le SMS qu’il a envoyé au père de la victime pour « l’informer que son fils était retenu comme otage dans un lieu sûr ». A partir de cette interpellation, les autres suivront facilement.
A la barre, Mohammed H a déclaré s’être effectivement bagarré avec la victime lors de cette journée du 18 octobre 2012 mais il n’avait pas l’intention de le tuer. Il a également soutenu que la victime était tombée de côté. Ses co-accusés diront que la victime tombera face contre terre. Quant au motif de la bagarre, l’accusé a évoqué une affaire d’honneur. « J’ai appris, dira-t-il à la cour, que Aghilès Hadjou a photographié ma cousine avec son portable et qu’il voulait utiliser ces photos à des fins criminelles. Et j’ai décidé de lui fixer rendez-vous, c’était juste pour enlever la puce contenant les photos risquant de déshonorer la famille et les détruire ». Appelée comme témoin, la cousine de Mohamed H, lycéenne de son état, a déclaré n’avoir « jamais été photographiée par la victime » et leur relation était simplement celle de camaraderie lycéenne.
En ce qui les concerne, Amar C et Mehdi B rejetteront aussi l’accusation de l’homicide volontaire. Amar Y ira même jusqu’à déclarer ne se souvenir de rien puisqu’au moment où Mohammed H l’appelé au téléphone pour lui demander de venir jusqu’à lui, il était dans un bar et dans un état d’ébriété avancé. Il reconnaît toutefois avoir appelé le père de la victime pour lui demander la rançon. « J’ignorais aussi la portée de mon geste. J’ai fait ce qu’on m’a demandé de faire », a-t-il ajouté.
Son avocat, et qui n’est autre que le célébrissime M° Chellat, prouvera à la barre que client, un attardé mental dont le degré d’intelligence ne dépasse guère celui d’un enfant de 5 ans, a été outrageusement roulé par Mohammed H, le principal instigateur de l’affaire. « Mon client n’était au courant de rien de cette affaire. C’est en le connaissant parfaitement comme un simple d’esprit qu’on a fait recours à lui. Lorsque je lui ai rendu visite en prison, il n’arrêtait pas de rigoler. Le malheureux ne savait même pas qu’est-ce qu’il lui était arrivé », a plaidé M° Chellat. De même, ce célébrissime avocat a demandé à ce que le tribunal requalifie l’affaire en ce qui concerne son client car en définitive, « même la rançon demandée, c’était dû à la panique des accusés après avoir constaté la mort de la victime qu’ils ont causée sans le vouloir ». Et pour terminer, M° Chellat a demandé au tribunal l’extrême indulgence envers son client car, je réitère que vu sa faiblesse d’esprit, mon client a été victime d’un outrage abus ».
Quant à la partie civile représentée aussi par quatre ténors du barreau, à savoir M° Hocine Ahmed, Bouchek, Redjane et Belkacem, l’accent a été mis le caractère éminemment criminel des accusés. Pour la partie civile, c’est même l’affaire de 2009 qui s’est poursuivie. Toutefois, c’est le représentant du ministère public qui a fait dresser les cheveux sur la tête. Sa plaidoirie qui, en bonne partie a reposé sur des concepts théologiques, a duré une heure et demie, a consisté à démontrer non seulement la volonté de tuer mais aussi le caractère sadique du geste des accusés. Le procureur de la république a aussi longuement développé la psychologie criminelle. « En général, a-t-il souligné, les criminels ne reviennent pas sur les lieux de leur crime. Ce qui n’est pas le cas de ces accusés qui, eux, sont revenus sur le lieu où ils ont enterré leur victime pour mieux apprécier et savourer davantage leur acte diabolique.
La demande de la rançon fait également partie de leur volonté de satisfaire leurs sentiments sadiques ». Après une « éternité » où le verbe a été joué magistralement – Même M° Chellat le reconnaîtra – le représentant du ministère public demandera la peine capitale pour Mohammed H, Amar C et Mehdi B et une peine de 10 ans d’emprisonnement et une amende 100.000, 00 DA d’amende pour Amar Y. La défense des trois premiers accusés tentera de prouver le caractère de l’homicide involontaire mais sans toutefois réussir à convaincre le tribunal. Après plusieurs de débats et une attente « interminable » quant au verdict, celui-ci tombera tard dans la soirée. Peine capitale pour Mohammed H, Amar C et Mehdi B et une trois de prison ferme et une amende de 200.000, 00 DA pour Amar Y.
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SIWEL 19 1603 NOV 13