Allocution de la Présidente du CMA à la Xe session du Mécanisme d’Experts de l’ONU sur les peuples autochtones

 

Allocution de la présidente du CMA à l’occasion de la Xe session du Mécanisme d’Experts des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones

10-14 juillet 2017, Palais des Nations, Genève

Aystmaaytma azul amuqran

Monsieur le président, membres de MEDPA, honorable assistance, 

Partout dans le monde, les défenseurs autochtones des droits de l’homme, sont souvent criminalisés, exposés à la violence, la persécution, l’emprisonnement et dans plusieurs cas à l’assassinat.

Pourtant, la déclaration des Nations Unies sur les Droits des peuples autochtones indique que les personnes autochtones ont le droit à la vie, à l’intégrité physique et mentale, à la liberté et la sécurité de la personne et qu’ils ne doivent pas devenir les victimes d’un acte de violence (article 7)  et la déclaration sur les défenseurs des droits de l’homme notamment les articles 1, 5, 6, 7, 8, 9, 11, 12 et 13 de la Déclaration prévoient des protections particulières pour les défenseurs des droits de l’homme.

Les institutions nationales des droits de l’homme qui sont sensées veiller  à la mise en application des textes des nations unies, protéger et promouvoir des droits de l’homme sont dans la majorité des cas des institutions dépendantes des Etats et qui par conséquent ferment les yeux sur les violences faites aux défenseurs des droits des peuples autochtones.

Dans les pays du nord de l’Afrique, être un membre de la société civile, être un défenseur des droits des peuples autochtones, c’est vivre en danger permanent et mettre sa vie en péril.

Au Maroc, depuis la mort du jeune poissonnier, Mouhcine Fikri, en octobre 2016, broyé par une benne à ordures, sous le regard de policiers qui lui ont saisi sa marchandise, les protestations pacifiques des citoyens Rifains sont systématiquement réprimées. Plusieurs dizaines de citoyens ont été arbitrairement arrêtés, torturés et injustement condamnés et d’autres attendent dans la prison leur condamnation.

En Kabylie, l’État algérien interdit toutes les activités des associations amazighes et réprime violemment des citoyens et les membres du mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie, qui manifestent toujours pacifiquement, comme ce fut le cas le 20 mai et le 14 juin derniers, où les services de sécurité ont procédé à des arrestations musclées, des coups de matraque. Des militantes du mouvement pour l’autodétermination de la kabylie ont été trainées par terre, tabassées, déshabillées et insultées dans les commissariats.

Dans le Mzab, un blogueur a passé 2 ans en prison pour avoir posté une vidéo qui montre un policier algérien entrain de voler de la marchandise dans un magasin et des activistes du Mouvement pour l’autonomie du Mzab ont été torturés puis condamnés sans qu’ils aient commis aucun délit. D’autres citoyens du Mzab ayant fui en Espagne sont accusés de terrorisme et risquent d’être extradés en Algérie.  

L’arrêt de la répression et des violences, l’arrêt des atteintes aux droits humains des Amazighs est une priorité pour nous. Les autres droits prévus par la Déclaration ne pourront jamais être atteints dans nos pays si les gouvernements poursuivent leur politique répressive.  

les Nations unies et la commission africaine des droits de l’homme et des peuples doivent prendre des mesures concrètes et agir rapidement lorsque les défenseurs des droits des peuples autochtones sont confrontés à des situations graves et urgentes. Il faut assurer les défenseurs des droits humains d’une protection physique, juridique, matérielle et morale.

Tannemirt
Kamira Nait Sid
Présidente du Congrès Mondial Amazigh (CMA)

SIWEL 131848 Jul 17 UTC

Laisser un commentaire