CHRONIQUE (SIWEL) — La 3e édition du festival festif et culturel « Holi Festival of colors » de Vgayet n’a pas pu avoir lieu cette année. Deux jours avant le début du festival, les autorités algériennes ont informé les organisateurs qu’aucun dispositif ne sera déployé pour assurer la sécurité des milliers de participants. Pris de court par ce renoncement de la dernière minute, les organisateurs n’ont pas eu d’autres choix que d’annuler cet événement qui a réuni des milliers de jeunes kabyles, de Kabylie et de la diaspora, lors des deux premières éditions.
Holi est un festival marqué par un concert musical où les participants se jettent des poudres colorées, chaque couleur ayant une signification spécifique : le bleu représente ainsi la vitalité, le vert, l’harmonie, le rouge est la joie et l’amour tandis que l’optimisme se pare d’orange.
Ce festival d’origine indienne a su s’exporter pour devenir une tradition auprès de la jeunesse de dizaines de pays du monde, en Europe notamment. En Kabylie, en plus du grand concert, le festival prévoit plusieurs autres activités culturelles et artistiques dans la rues de la ville de Vgayet sous le slogan « l’Art est public ». Des activités qui ont pu être maintenues par les organisateurs.
Pourquoi les autorités algériennes n’ont pas voulu sécuriser la plage où devait se tenir le grand concert?
Aucun motif n’a été avancé et les organisateurs du festival n’y comprennent pas grand-chose. Un an de préparation et le projet tombe finalement à l’eau sans aucune raison. Toutes les procédures ont été pourtant respectées et malgré cela les autorités algériennes ont poussé cet événement à l’annulation.
Au bonheur des salafistes et des panarabistes, qui ont toujours décrié cet événement, qui se déroule dans une parfaite mixité, et qui voient ainsi la jeunesse kabyle empêchée de s’inscrire dans un festival qui célèbre la vie en couleurs partout dans le monde.
La jeunesse kabyle, visage de la résistance à l’arabo-islamisme qui ronge l’Afrique du Nord, est ainsi poussée à l’isolement quand elle ne veut pas s’exiler et qu’elle refuse de s’assimiler.
Ces autorités algériennes, garantes de la montée du salafisme depuis des décennies, sont conscientes que cette jeunesse vivante qui cherche à se connecter au monde civilisé à travers ses valeurs universelles, mais aussi à travers ce genre de festivals, est un potentiel incontestable pour une Kabylie épanouie et ouverte sur le monde.
Ces autorités, qui se comportent en colonisateurs en pays kabyle, sont conscientes qu’une Kabylie qui fait entendre sa voix de la vie et de la liberté est une Kabylie qui s’inscrit forcément dans un destin séparé de celui d’une Algérie acquise à l’idéologie islamiste.
Quoi qu’il en soit, les organisateurs du festival ne devraient plus compter sur les services de sécurité des autorités algériennes qui sont plus aptes à réprimer qu’à sécuriser. Le Festival Raconte-Arts est sans doute un bon exemple d’organisation à méditer. Si ce dernier ne cesse de briller et de faire briller la Kabylie depuis 14 éditions, c’est aussi parce que les autorités algériennes, qui pervertissent tout ce à quoi elles touchent, n’ont jamais réussi à mettre leur nez dedans.
Parions que les citoyens de Tichy sauront sécuriser la prochaine édition.
Mulud At Ɛazdin
SIWEL 120922 Aug 17 UTC