TIZI-OUZOU (SIWEL) — Belkacem Boukhrouf, économiste et enseignant à l’université de Tizi-Ouzou a adressé une lettre à Brahim Ben Merad, wali (préfet) de Tizi-Ouzou. La lettre sans concession est claire, nette et précise que nous reproduisons ci-dessous dans son intégralité.
A lire absolument !
Sidi El Wali,
Cette missive vous est adressée par devoir patriotique. Je sais qu’elle actionnera vos sbires et vos lèche-bottes mais des parades et des ripostes à vos manœuvres, j’en ai à revendre.
Sidi El Wali,
Depuis votre arrivée à Tizi-Ouzou, vous cumulez des combats d’arrière-garde dont un digne commis d’Etat se serait passé volontiers. Voulant jouer le gugus face à une opinion publique vaguant sur le sensationnel, vous prétendez vouloir moraliser la vie publique. Mais à y voir de près, il n’en est rien.
Vos sorties dans les communes sont ponctuées de déclarations pour le moins étranges et se résumant à la seule volonté (disons l’envie) de réinstaller la gendarmerie en Kabylie et d’intensifier la mainmise sécuritaire sur la région, connue pour son hostilité pour le diktat militaire.
Sidi El Wali,
Les courtisans, nombreux à vous faire la cour, vous affublent du titre de «El Hadj», pour le motif que vous ayez fait le pèlerinage à la Mecque. Je commence par invalider ce titre puisque, selon mes informations, le voyage aux lieux-saints vous aurait été payé par l’Etat Algérien et non pas de vos moyens propre ; ce qui est une entorse au principe du Hadj, pour lequel l’islam stipule : «l’accomplissement du hadj pour ceux d’entre vous, qui peuvent se prendre en charge» (سبيلا اليه استطاع لمن البيت حج).
Aussi, pour moraliser les autres, ne faudrait-il pas être irréprochable ? Vous arrivez à Tizi-Ouzou et vous ne faites pas votre déclaration de patrimoine (ce qui est une obligation légale)
Puis, dans votre action calculée, vous commencez votre mandat par vous attaquer aux pilleurs du sable et à la vente informelle des boissons alcoolisées (encore du sensationnel et du dogmatique).
Pour le sable, la gendarmerie arrête simplement des jeunes pris en flagrant délit de transport de ce produit et étrangement, de gros bras et de grosses entreprises continuent à piller à longueur de journée et à une échelle industrielle les lits de oueds. Je vous sais peu courageux pour vous risquer à une telle manœuvre ; la vraie maffia, celle de l’administration à laquelle vous appartenez vous éjectera de votre poste en un tour de bras. Sinon, comment expliquer que des sablières sont autorisées et vos services délivrent des autorisations d’extraction du sable de oueds pour le besoin des projets à Tizi-Ouzou tandis qu’on emprisonne de petites gens. Pire, n’est-ce pas là une volonté de saborder le développement de la wilaya puisqu’aucune carrière d’agrégats ne fonctionne et quand les entrepreneurs les achètent, les laboratoires de qualité leur interdisent l’usage. N’est-ce pas les gendarmes qui en bénéficient le plus de ce commerce juteux. Quelques éléments, sont par ailleurs, en justice pour chantage et abus d’autorité. Forces de l’ordre dites-vous ?
Pour ce qui est des boissons alcoolisées, vous franchissez le rubican pour frôler le ridicule : sous prétexte de préserver l’environnement, vous prenez un raccourci dangereux : interdire la vente des boissons alcoolisées comme si elles sont la pollution la plus dangereuse. Pour votre information : cette pollution est, certes, esthétique, mais elles moins sont dangereuses contrairement aux autres pollutions qui laminent notre potentiel écologique : La Kabylie consomme 90 fois plus de plastique que de verre ou d’aluminium, tout à fait recyclable. La pollution industrielle, faite de résidus chimiques dangereux éjectés par les entreprises dans les oueds ne vous offusquent nullement, notre santé ne vous intéressant certainement pas.
Je vous informe juste que l’Etat a institué, en 2008, une taxe de ramassage de cinq (05) DA qu’elle collecte sur toute bouteille de boisson alcoolisée vendue. C’est la réglementation cher Monsieur et son emballage est le seul digne à être collecté. Votre directeur de commerce, voulant vous emboiter le pas attente même à la santé des usagers en voulant décréter l’interdiction de la vente de boissons fraîches ; une décision incongrue et antiréglementaire qui attentera à la santé publique.
Sur les milliers de dossiers déposés par des personnes pour la création de débits en toute légalité, votre administration, répondant aux sirènes du dogme islamistes, les bloquent et refusent leur agrément. Quel sens de la république avez-vous ? Pensez-vous que vous vous ferez pardonner par Dieu tous vos pêchés en jouant le pasdaran sur terre ? Le comportement de votre administration est, curieusement, le même que celui des USA dans les années 30 face au poids d’Al Capone, le parrain et de sa maffia qui a su profiter de ce caractère informel pour se faire fortune !!!!
Lors de votre visite à Ouaguenoun, vous déclarez «faire de la politique et l’assumer ». Faisons-y : vous vous attaquez aux MAK et à la classe politique en Kabylie, vous humiliez les élus et leur ôtez leur légitimité. Non, le mal du pays est le FLN qui vous a enfanté, le DRS qui vous a parrainé et le pouvoir qui vous actionne. Le mal, ce sont ces maffias auxquelles vous prêtez le flanc et devant lesquelles vous vous pliez. Le silence des partis locaux est, tout de même, intrigant.
Sidi El Wali,
Occupez-vous des cliniques (celles de Mizrana notamment) que vous avez refusé de visiter ; occupez-vous des enfants de mon village, parmi lesquels ma petite sœur, qui font chaque jour trois (03) kilomètres à pied pour rejoindre leur collège ; occupez-vous de la maffia du foncier qui a dilapidé Tizi-Ouzou et a détourné tous les mètres carrés d’espaces verts restant ; occupez-vous de la bureaucratie qui enchaîne les investisseurs et les empêche de bâtir l’économie locale ; occupez-vous surtout de la drogue que votre religion tolère et qui fait des dégâts énormes dans notre société ! Mais pour ça, les intérêts sont énormes et ce commerce juteux de stupéfiants profite à toutes les clientèles.
Chaoui de Ouled Fadel, vous ferez mieux de vous abstenir de ces combats et de mener la vraie bataille du développement ? Des leçons, Tizi-Ouzou en est gavée ! Sinon, ce soir, je prends une bière dans un bar clandestin, puisque vos services n’ont autorisé aucun commerce de ce genre, dans ma région, pour me délecter et vivre ce plaisir ; ô combien exquis.
Tout le reste est littérature !
Source Kabylie.Actualité
SIWEL 190051 DEC 15