A l’occasion du 33éme anniversaire du printemps Amazigh (tafsut n yimaziɣen), de 1980, le bureau du comité de langue et culture Amazighes, université Mouloud Mammeri, saisit le le ministre de l’éducation nationale dans une lettre ouverte que nous reproduisons ci-dessous.

 

Bureau du comité de langue et culture Amazighes, université Mouloud Mammeri : lettre ouverte au ministre de l'éducation nationale.
A monsieur le ministre de l’éducation nationale.

Monsieur le ministre,

Nous saisissons l’occasion du 33éme anniversaire de printemps Amazigh (tafsut n yimaziɣen), de 1980, et le 12éme anniversaire du printemps kabyle de 2001 (tafsut taberkant), pour nous adresser directement à vous. Les droits linguistiques et culturels sont des droits fondamentaux de la personne humaine. En Algérie, ces droits en ce qui concerne l’identité amazighe, sont toujours niés, ce fait engendre un sentiment de marginalisation voire d’exclusion chez de nombreux citoyens Amazigh et en Kabylie en particulier ; les citoyens de cette région ont affiché leurs attachement à leur identité, plusieurs fois millénaire demandent sa constitutionnalisation en tant que langue officielle.

En Algérie, les langues étrangères sont reconnues et enseignées mais la langue Amazighe reste toujours marginalisée, malgré son introduction dans la constitution en tant que langue nationale elle a une présence réduite dans le système éducatif, cela est en parfaite contradiction avec la constitution où elle est présentée comme l’égale à l’arabe. La volonté de l’administration et ses pratiques portent gravement atteinte à l’Amazighité de l’Algérie. En exemples : l’enseignement de tamazight reste toujours facultatif, et non généralisé ni au niveau des primaires, ni au niveau des CEM, ni au niveau des lycées, même dans les wilayas où la demande sociale est affichée à l’instar de Tizi Ouzou, Bejaia, Bouira, Boumerdas… alors que des diplômés et des licenciés en cette langue se présentent quotidiennement aux portes fermées des académies gangrenées par le favoritisme.

Monsieur le ministre,

Nous attendons et nous souhaitons des initiatives audacieuses et un plan d’urgence comme : la généralisation de l’enseignement de tamazight sur tous les niveaux dès la classe préscolaire; l’abolition officielle du statut facultatif de l’enseignement de la langue accompagnée par une loi qui rend obligatoire son enseignement dans les écoles publiques et privés, prélude à la mise en place de moyens adéquats pour assurer un enseignement effectif, et généralisé, voire une véritable réforme éducative dont Tamazight aura sa véritable place. En tout état de cause, notre collectif de diplômés et d’étudiants Amazighs et le comité autonome des étudiants du département de langue et culture Amazighes de l’Université Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou, demeurent attaché à ces revendications que nous vous transmettons sous couvert du Recteur de notre Université. Veuillez agréer Monsieur le ministre l’expression du profond respect des Imazighen.

Le 15/04/2013

Le bureau du comité autonome des étudiants de langue et culture Amazighes.

Pièce jointe à la lettre ouverte :
Nous avons l’honneur de venir respectueusement, vous informer que cette pièce est jointe à notre lettre ouverte.

 La valorisation du diplôme de langue et culture Amazighes.
 Elargissement des recrutements pour les diplômés en langue et culture Amazighes, lors des concours nationaux /régionaux touchant aux domaines Amazighs (art, patrimoine, tourisme …)
 La généralisation de l’enseignement de la langue Amazighe au niveau de tous les paliers préscolaire, primaire, moyens et secondaire, en tenant compte des wilayas où l’enseignement est introduit déjà depuis le boycott scolaire 1994/1995 ; son enseignement n’est pas encore généralisé faute de volonté politique et /ou blocages administratifs.
 Recrutement de tous les candidats diplômés de langue et culture Amazighes du concours de 2012.
 L’abolition officielle du caractère facultatif de l’enseignement de la langue Amazighe.
 L’enseignement obligatoire de la langue Amazighe dans les écoles privés et publiques, car cette langue est inscrite comme langue nationale dans l’article 3 bis de la constitution.
 La titularisation des enseignants dans les délais fixés par la loi.
 Mettre fin au chantage exercé à l’encontre des enseignants, exemple de l’ajournement de 09 enseignants.
 Officialisation de l’usage de la graphie latine dans l’enseignement, notamment dans les régions où elle est utilisée depuis près de 20 ans.

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