OUAGADOUGOU ( SIWEL) — Le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) a tenu une conférence de presse hier, jeudi 22 mai à Ouagadougou. Accusant les plus hautes autorités maliennes de faire de la « propagande mensongère » le MNLA a donné sa version des derniers événements survenus à Kidal qui ont débouché sur la déroute de l’armée malienne et la demande expresse du président malien pour un cessez-le-feu immédiat. Au cours de cette conférence de presse, le MNLA a également donné le bilan humain et matériel des derniers affrontements qui l’ont opposé aux forces armées maliennes.
En effet, depuis que la visite du Premier ministre malien a fini par tourner au fiasco total pour le Mali, les autorités de Bamako distillent mensonges sur mensonges et accusent le MNLA de les avoir combattu et vaincu avec l’aide des djihadistes, de même qu’elles les accusent d’avoir procédé à des exécutions sommaires.
Propagande mensongère
Le MNLA, réfute les accusations calomnieuses du Mali de Bamako et les qualifie de « propagande mensongère ». Le MNLA a affirmé que «les deux gouvernements qui se sont succédé depuis l’arrivée d’Ibrahim Boubacar Keita, contrairement au gouvernement transitoire, n’ont jamais eu le souci de la préservation de la paix et du respect des accords de Ouagadougou » et que les nouvelles autorités maliennes portent ses accusations mensongères dans le but de « camoufler leur refus d’aller à de véritables négociations de paix avec l’Azawad et de discréditer le MNLA ».
Répondant aux calomnies de Bamako qui affirment que le préfet et le sous-préfet auraient été « égorgés », le porte-parole du MNLA est catégorique : « C’est un mensonge, ils n’ont pas été égorgés et nous en avons les preuves ». Mossa Ag Attaher précise que «L’exécution sommaire de l’ennemi n’est pas dans les traditions des groupes de l’Azawad. Pour preuve, lors du conflit en 2012, les 300 soldats maliens qui avaient été capturés par le MNLA ont été remis sains et saufs au CICR».
Concernant la propagande malienne qui consiste affirmer que le MNLA était assisté par les groupes djihadistes, le MNLA a rappelé que « c’est l’armée malienne qui avait intégré des éléments du Mujao dans ses rangs et non pas le MNLA ». Par ailleurs, sur le terrain, c’est effectivement « le MNLA qui est régulièrement attaqué par le Mujao » et ce sont bien « les membres du MNLA qui sont les cibles de l’Aqmi » et cela parce que « c’est le MNLA qui combat les terroristes et non pas l’arme malienne».
D’autre part, il est utile aussi de rappeler que c’est bien avec le MNLA que les forces de Serval combattent le terrorisme et non pas avec les soldats maliens. Et il n’est pas non plus inutile de rappeler que c’est le parti présidentiel malien, le RPM, qui a fait élire sur sa liste 2 lieutenants de Ansar Dine et un du Mujao.
Légitime défense
Revenant sur la visite du Premier ministre malien qui a mis le feu aux poudre, Mossa Ag Attaher a déclaré que « Ce n’est qu’à la veille de l’arrivée du Premier ministre malien à Kidal, où le Mali ne contrôle ni le territoire ni l’administration, que nous avons été informés par la MINUSMA ».
Malgré cela « Nous avons tout fait pour que cela ne dégénère pas » a déclaré le porte-parole du MNLA mais, précise-t-il « ce sont les militaires maliens qui ont tiré sur la population civile qui manifestait pacifiquement leur opposition à la présence du premier ministre malien». Le Porte-parole du MNLA a également rappelé que ce sont «les militaires maliens ont été les premiers à tirer ». « Ils ont tiré sur nos positions pendant plus de 20 minutes » a-t-il précisé, ajoutant que « les forces armées azawadiennes n’avaient fait qu’user de leur droit de légitime défense ».
Le MNLA a estimé par ailleurs qu’il ne pouvait pas rester passif face à des soldats maliens qui viennent tirer sur les populations civiles de l’Azawad qui manifestent pacifiquement leur refus voir revenir les autorités maliennes. Les forces armées maliennes ont tiré sur la population civile de Kidal à trois reprises. Mossa Ag Attaher a précisé qu’« Il y a un désamour total entre la population de Kidal et l’armée malienne ». D’ailleurs, a rapporté le porte-parole du MNLA « les populations civiles de Kidal sont sorties manifester leur joie après que les forces armées de l’Azawad aient remportés les combats contre l’armée malienne ».
Concernant la reprise des combats mercredi matin, le MNLA a estimé qu’ils relevaient « de la seule et unique responsabilité du gouvernement malien », « Les combats ont été imposés par l’assaut de l’armée malienne et les forces armées de l’Azawad n’ont fait qu’user de leur droit de légitime défense » a déclaré le porte-parole du MNLA. La suite tout le monde la connait. Le MNLA a repris le contrôle total de Kidal mais aussi de plusieurs autres villes dont Anefis, Léré,
Bilan des affrontements
Bilan humain
2 morts, dont un officier parmi les forces armées de l’Azawad
Une quarantaine de morts et 70 prisonniers parmi les forces armées du Mali
Une dizaine de blessés côté Azawad et une cinquantaine parmi les militaires maliens qui ont été remis au CICR
Bilan matériel
50 véhicules 4×4 neufs, 10 camions, 12 blindés et plusieurs tonnes d’armes et de munitions ainsi que deux citernes de carburants ont été récupérées par les forces armées de l’Azawad.
Plusieurs casernes militaires ont été récupérées aussi bien à Kidal que dans les autres villes
Cependant, malgré cette victoire éclatante du MNLA, son porte-parole, Mossa Ag Attaher, a assuré que la défaite infligée par les forces armées de l’Azawad à celles du Mali ne leur procurait « aucun enthousiasme particulier » car « Notre objectif n’est pas de gagner les batailles mais de gagner la paix »a-t-il dit.
Perspective d’avenir
Au cours de la conférence de presse, le porte-parole du MNLA a affirmé que « la solution à ce conflit n’est pas militaire » et que son Mouvement est « prêt à mettre fin aux hostilités à condition que l’armée malienne en fasse de même » avant d’ajouter que les forces azawadiennes entendaient bien garder toutes leurs positions tant qu’il n’aboutiraient pas à un véritable accord : « Nos revendications n’ont pas changé : nous demandons l’application de l’accord de Ouagadougou et un statut juridique et politique pour l’Azawad ».
«Nous voulons mettre fin à ces hostilités à condition que l’armée malienne le veuille. Mais pour l’heure, nous avons donné des instructions à nos forces pour protéger les positions nouvelles et anciennes jusqu’à nouvel ordre », a-t-il insisté.
Crise humanitaire
Évoquant une véritable « crise humanitaire » dans l’Azawad, le porte-parole du MNLA a appelé la communauté internationale à venir en aide aux populations civiles de Kidal et aux blessés car même l’hôpital a été mis hors service par les tirs d’obus et de missiles de l’armée malienne.
avec agences
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SIWEL 231735 MAI 14