BOUDJIMA (SIWEL) — Répondant à l’invitation de la Coordination du MAK de la région de Boudjima pour une conférence –débat sur la thématique du droit à l’autodétermination du peuple kabyle, le Président du Mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie, Bouaziz Ait Chebib et Hocine Azem, Secrétaire National aux Relations Extérieurs, se sont rendus aujourd‘hui à 18h à la maison de jeune du village Afir où la conférence était prévue.
Le président du MAK s’attarda ensuite sur les questions fondamentales auxquelles les souverainistes kabyles ont toujours été confrontées d’autant plus que le point d’orgue avait été atteint lors de crise anti-kabyle de 1948-49 entre les porteurs du projet politique de l’Algérie algérienne et les défenseurs de l’Algérie arabo-islamiste de Méssali idéologiquement reproduite par le FLN historique au détriment des kabyles qui constituaient pourtant l’écrasante majorité des combattants de l’ALN. Pendant que les kabyles libéraient l’Algérie du colonialisme français, les arabo-islamsites algériens préparaient le colonialisme arabe.
De 1924 au printemps noir de 2001, en passant par la déclaration de novembre 1954 qui a défini l’Algérie sur une base identitaire arabo-islamique ( marquée par la liquidation physique des berberistes), la guerre de 1963 sous l’étendard du FFS, le printemps amazigh de 1980, la création de la première ligue de droit de l’homme en 1985, le boycott scolaire 1994-1995, le conférencier a démontrer que la Kabylie a toujours été isolé dans son combat pour la démocratisation de l’Algérie. La raison en est très simple, la Kabylie a toujours été perçue par les algériens comme une entité et un peuple à part entière qui ne convient pas à l’identité arabo-islamique de l’Algérie. De ce fait, les kabyles qui sont vus comme un peuple distinct doivent s’assumer en tant que tel et prendre leur destin en main à travers la constitution d’un Etat Kabyle pour échapper à une mort ourdie par ce néocolonialisme installée depuis 1962.
Bouaziz Ait Chebib a également abordé d’autres volets justifiant l’avènement d’un Etat kabyle « depuis 1962, l’anti-kabylisme est érigé en système de gouvernance par l’Algérie arabe qui s’est substituée à l’Algérie française ». Pour étayer ses propos, le président du MAK a traité les questions relatives à la langue, à la culture, à la sécurité, à l’éducation et à l’économie pour conclure : « seule un Etat kabyle est en mesure de prendre en charge tous ces dossiers pour assurer la pérennité de la Kabylie en tant que peuple et nation ». et de poursuivre : « nous ne faisons rien d’autre que d’exercer un droit qui est reconnu par tous les textes des nations unies à savoir : le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. Le peuple kabyle, au même titre que tous les autres, aspire à prendre son destin en main en choisissant librement le statut politique qui lui sied ».
Pour sa part Hocine Azem développa les différents aspects de la politique coloniale de l’Etat algérien en Kabylie :« l’Etat algérien à travers ses institutions n’épargne aucun effort pour dépersonnaliser le peuple kabyle. ». Le conférencier a insisté sur le fait que cette dépersonnalisation frappe en premier lieu nos enfants à travers les crèches, les programmes-préscolaires et tous les paliers de leur scolarité qui incarnent un projet d’arabisation et d’infériorisation de tout ce qui a trait au kabyle ». Les médias lourds sont mis à contribution dans cette opération qu’on peut appeler : « génocide culturel insidieux et sournois qui finira par anéantir la kabylité. Les prémices sont déjà visibles ».
Plus loin, il revient sur le sabotage économique érigé en projet de développement en Kabylie « l’Etat algérien se spécialise dans la destruction de la Kabylie pour empêcher son essor économique en usant de la corruption, du détournement de projet, de la terreur, des kidnappings, de terrorisme fiscal et bureaucratique ».
Puis, Hocine Azem conclue son intervention par des éléments du droit international qui plaident en faveur du droit à l’autodétermination du peuple kabyle. Il a rappelé que la constitution algérienne dans son article 27 consacre la solidarité de l’Algérie avec tous les peuples qui luttent pour ce droit. Il a mis en évidence la solidarité sélective de l’Algérie qui soutient la Palestine et le Sahara occidental par fraternité arabe tout en refusant le droit à l’autodétermination aux peuples kabyle et Azawadien pour la simple raison qu’ils sont Amazighs et non Arabes ».
Dans les débats, les conférenciers ont insisté sur l’impératif vital de soustraire les forces saines et vives de la Kabylie qui croient encore à l’Algérie chimérique pour les capitaliser dans la lutte du peuple kabyle pour sa libération car la Kabylie, au sein de l’Algérie arabo-islamique n’a qu’un seul avenir: la disparition totale et définitive. Nous n’avons plus de temps à perdre, c’est la survie de la Kabylie éternelle qui est en jeu et nous ne sommes pas prêts à substituer notre existence à une fausse nation basée sur la négation de notre langue, de notre culture, de notre identité et de notre civilisation plusieurs fois millénaire. L’arabo-islamisme n’est qu’un conquérant parmi tant d’autres et il doit être considéré comme tel.
ha,
SIWEL 170143 MAI 15