ALGER (SIWEL) — Dans une contribution à Siwel, Madjid Ait Mohamed, militant démocrate et fervent défenseur de tamazight, traite du problème de tamazight chez nos voisin et fait le parallèle avec l’Algérie.
Constitutionnellement Tamazight n’est consacré à ce jour qu’en tant que langue Nationale seulement. Cette langue qui véhicule une histoire et une identité depuis des millénaires n’est assurément dans ces cas qu’un outil « Folklorique » destiné à calmer les esprits puisqu’il n’existe aucun instrument juridique pour la rendre effective et opérationnelle dans nos échanges, dans la rédaction d’actes administratifs, dans l’enseignement et en un mot dans la vie publique au même titre que l’arabe.
L’Algérie a toujours été à l’avant garde de l’encouragement de tous les mouvements d’émancipation à travers le monde .Elle offrait les refuges, en aidant à leurs indépendances et à leurs libertés au point où sa capitale fut surnommée « La Mecque des révolutionnaires » .Elle se trouve aujourd’hui à la traîne pour sa propre émancipation culturelle et linguistique. Comment n’a-telle pu faire ce sursaut salvateur lorsqu’au Maroc, où la lutte fut moins âpre, Tamazight est reconnue maintenant en tant que langue nationale mais surtout officielle !
Chez nos voisins de l’Est, M Mohamed El Magrif président du Congrès général, dans une Libye empêtrée encore dans l’après « révolution dite arabe », a déclaré récemment que son pays où la population amazighophone n’est que de 15%, est bien en voix de reconnaître Tamazight en tant que langue nationale et officielle.
Cette lucidité démontre la volonté des nouvelles autorités libyennes de mettre un terme sur la sombre période du despote El Gueddafi et de contredire Nicolas Sarkozy qui déclara lors de sa visite à Benghazi et en présence de David Kameroon, « Vive les révolutionnaires arabes libyens ».
Les rédacteurs de la nouvelle constitution qui sera soumise à référendum sont entrain d’inclure la rédaction de la clause de cette reconnaissance.
M Mohamed El Magrif a déclaré en outre lors d’un festival de culture Amazigh : « il n’y a aucun préjugé à ce que la constitution reconnaisse plus d’une langue, et ceci ne peut provoquer en aucun cas un quelconque préjudice à l’unité nationale et à notre vision de l’avenir qui nous attend tous ».
Qu’en est-t-il de l’Algérie qui a contribué à libérer une partie du monde et qui n’arrive pas à se défaire des ses propres préjugés pour se libérer elle-même de son carcan devenu un poids maintenant pour la réappropriation de son histoire et de son identité multiple ?
Peut être, contrairement aux informations obtenues et confirmées par la presse pour la non officialisation de tamazight, que l’hypothétique prochaine révision de la constitution nous dira un peu plus à ce sujet !
Quant à la Tunisie, la députée du parti islamiste Ennahda déclara que tamazight est un faux problème, qu’il n’y a pas de régionalisme dans la nouvelle Tunisie dont les valeurs identitaires ne peuvent être qu’ arabo-musulmanes. D’un autre coté comment croire que son nouveau président, Merzouki, connu pour ses tendances de gauche, qui se dit démocrate et militant des droits de l’homme, puisse déclarer le 15.10.12 sur TV5 monde (chaine française) que la Tunisie est arabe et que tous ses habitants sont arabes (cela me rappelle une certaine année 1963 où à partir de Tunis, Ben Bella déclara que l’Algérie est arabe et que ses 10 millions d’habitants sont arabes).
En tout état de cause, tamazight, contrairement aux autres langues de part le monde qui ont été obligés d’emprunter au latin pour exister (l’Europe, l’atlantique et une certaine partie de l’Asie) à l’araméen (l’arabe) tamazight ne doit rien à personne du fait qu’elle possède ses propres écrits (hiéroglyphes appelés tifinagh) depuis la nuit des temps.
La réappropriation effective de sa place dans le concert national et international n’est qu’une question de temps car l’histoire est en marche et aucune force ne saura l’arrêter.
MAM
SIWEL 30 1155 NOV12