CHRONIQUE (SIWEL) — Les images du chaos et de la violence policière ont marqué le référendum de la Catalogne pour accéder à son indépendance. Le gouvernement souverainiste catalan avait tenu sa promesse d’organiser cette consultation sur l’avenir de la nation. De son côté, le gouvernement espagnol a décrété, avec référence à la constitution espagnole, l’illégalité de cette consultation populaire. Un juge l’avait également déclarée inconstitutionnelle, ce qui a justifié la réponse musclée de la Guardia civile, la police nationale espagnole.
L’absurde de tout ce tutti frutti de la constitutionnalité et la légalité réside dans le fait de nier le droit à l’autodétermination. Cette action violente et acceptable pour les nations européennes et les nations unies nous prouve que le droit à l’autodétermination est limité par le droit des nations à l’unité nationale et territoriale. Sinon, aucune nation n’aurait signé de traités de droit à l’autodétermination. Cette observation est une leçon pour nous les Kabyles et pour tous les peuples qui aspirent, comme nous, à l’indépendance. Il n’est pas dans l’intérêt de la cause de tout miser sur le droit à l’autodétermination.
Le silence des nations et de l’Europe des nations nous prouvent également que l’action espagnole, même violente et absurde, est jugée adéquate dans les circonstances. Car elle est perçue comme une façon de protéger les nations de la dislocation, au détriment des peuples. La France, l’Italie, le Royaume-Uni et l’Europe du nord font face à des révoltes internes des peuples qui s’estiment lésés dans leur droit d’exister comme tels. C’est pourquoi l’Europe préfère garder le silence quand elle ne soutient pas l’Espagne. Car faire autrement serait encourager les mouvements souverainistes en son sein et permettre ainsi son propre démantèlement.
Pourtant, quand il s’agit des mouvements externes à l’Europe comme le mouvement souverainiste Kurde, l’Europe se permet de donner des leçons à qui mieux mieux. Elle revendique les droits humains et surtout le droit à l’autodétermination. Dans les Balkans et en Afrique, elle s’est empressée de reconnaître les nouveaux pays.
La Catalogne va certainement déclarer son indépendance, ce que l’Espagne n’acceptera pas. Elle invoquera une affaire interne et enverra éventuellement l’armée pour reprendre le contrôle. C’est la raison du plus fort. Le pathétique triomphe d’une nation sur une autre, au détriment d’une autre. La Catalogne, si elle poursuit son indépendance unilatéralement sera isolée dans une Europe hostile aux revendications régionales. Il n’y a que le génie politique et la volonté populaire pour résoudre des cas aussi complexes. Les catalans et les Espagnols en seront-ils à la hauteur?
Mack Aït-Aoudia,
SIWEL 101542 Oct 17 UTC