EXIL (SIWEL) – Suite à la polémique sur un « refus » des services consulaires marocains d’établir un visa au leader du combat de libération de la Kabylie, Mas Ferhat Mehenni, ce dernier à bien voulu répondre aux question de Siwel sur cette étrange affaire.
Ferhat Mehenni, président de l’Anavad : La demande de visa n’a pas été déposée dans les délais car l’invitation officielle au colloque ne m’est parvenue qu’une semaine avant la tenue de cet événement. Cela a dû créer un malentendu que je tiens à lever. S’il y a eu lenteur administrative, on ne peut l’interpréter comme un refus.
Siwel : Pourtant des observateurs font le lien entre cette non-délivrance de visa à la démarche marocaine de réintégrer l’organisation de l’Unité Africaine. Qu’en pensez-vous ?
Ferhat Mehenni : Ma conviction est qu’il y a de l’exagération dans cette analyse. Un visa pour un colloque est un détail qui ne peut remettre en cause des démarches diplomatiques à l’échelle nord-africaine ou continentale, aux enjeux autrement plus colossaux. Ma présence au Maroc au moment où deux officiels marocains se rendaient à Alger n’aurait nullement pu affaiblir la portée de leur action.
Siwel : Mas Aselway, le Maroc a décidé de retourner dans l’Union Africaine. N’avait-il pas besoin de la bienveillance d’Alger pour moins d’obstacles sur sa voie ?
Ferhat Mehenni : Le Maroc a claqué la porte de l’OUA en 1984 pour protester contre l’admission au sein de celle-ci de la RASD, suite à des efforts diplomatiques algériens agressifs. Aujourd’hui, 32 ans après, la plupart des soutiens de la RASD se sont volatilisés. La pétition pour le retour du Royaume au sein de l’organisation continentale a déjà recueilli la signature de la majorité des pays membres. Le passage par Alger est presque une formalité.
Siwel : Ce retour dans l’UA est-il positif pour la Kabylie ?
Ferhat Mehenni : Ce retour du Maroc au sein de l’UA dont il est non seulement membre de droit mais aussi membre fondateur, met fin à la politique de la chaise vide. C’est une victoire de toute l’Afrique. Mais, comme l’a dit le Roi Mohammed VI dans sa lettre au président de l’Union Africaine, « si le Maroc a quitté l’OUA il n’a jamais quitté l’Afrique ». Son action s’est même renforcée au fil des décennies. Je ne pense pas que la préoccupation première du Maroc soit de défendre la Kabylie. Il défendra ses propres intérêts avant tout. C’est plutôt son attachement aux justes causes qui serait de nature à intéresser la Kabylie.
Propos recueillis par Siwel
SIWEL 191508 JUL 16