PARIS (SIWEL) — L’information est tombée tel un couperet. Toute la Kabylie est encore sous le choc. L’assaillant de Notre Dame de Paris ayant porté un coup de marteau à un policier, Farid Ikken, serait un Kabyle originaire de Vgayet. Le profil du personnage qui est doctorant et ancien journaliste du quotidien algérien El Watan, professant des idées « progressistes », à en croire ses proches, est à l’opposé de l’acte terroriste commis et de l’allégeance faite à l’organisation criminelle Daech-Etat islamique. N’y a-t-il pas méprise sur la personne ? S’agit-il de la même personne ? Si oui, qu’est-ce qui a bien poussé un profil pareil à se radicaliser aussi subitement ? Un Kabyle, subissant les affres de la domination coloniale, commet un acte terroriste pour… la Syrie ! Sommes-nous face à un cas de dépersonnalisation et d’aliénation mentale qu’il serait grandement intéressant d’analyser ? Ce sont autant de questions qui laissent perplexes les observateurs.
La mise au point du MAK
Farid Ikken serait un souverainiste qui a « créé la première section du MAK en Suède », à en croire le journal algérien en ligne, TSA. Mais qu’en est-il au juste ? Qu’en pense la Fédération MAK de Suède ? Tout d’abord, le journaliste de TSA n’a même pas pris la peine de vérifier son information auprès des instances du Mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie. Selon Mazigh Kessaï, le président de la fédération en question, « Farid Ikken était tout simplement un sympathisant du mouvement et n’avait à ce titre aucune responsabilité organique ». En effet, il aurait pris part, tout comme beaucoup d’autres Kabyles vivant en Suède, à l’assemblée générale ayant vu l’installation de la Fédération MAK en 2009. Farid Ikken avait eu aussi de bonnes relations avec le président de la Fédération MAK de Suède. Ce dernier témoigne que « les discussions portaient sur plusieurs sujets d’ordre scientifique et philosophique : existentialisme, fonctionnalisme, structuralisme, les arts… » « Farid Ikken était ouvert sur le monde », ajoute Mazigh Kessaï qui dit ne pas comprendre cet acte.
Le président de la Fédération MAK de Suède dit ne pas reconnaitre la personne sur la photo présentée comme étant Farid Ikken. « Il était petit de taille. Il ne dépasse pas 1 mètre 70 », confie dubitatif Mazigh Kessaï qui attend les résultats de l’enquête pour voir plus clair dans cette affaire.
« Inimaginable !»
On retrouve les mêmes interrogations du côté des proches et des amis de Farid Ikken, tellement son acte est incompréhensible et inattendu. « Chétif, calme, affable » et « défendait les valeurs de la démocratie », dit de lui son encadreur en thèse Arnaud Mercier. C’est un « progressiste » qui n’avait « rien à voir avec le courant extrémiste », dit de lui son neveu, Sofiane. Pour Kamel Medjoub, du bureau d’El Watan à Béjaia, c’est « inimaginable ». C’est « un choc terrible », écrit le caricaturiste Ghilas Aïnouche dans un long témoignage sur sa page Facebook. « En mars 2014, quand j’ai rejoint Charlie Hebdo, il était l’un des rares à me féliciter pour cette percée alors que d’autres voyaient ça comme une trahison et une transgression vis-à-vis de la religion. Et pourtant, Farid connaissait très bien mes positions sur l’intégrisme de tous bords. Il ne m’a jamais fait de remarques ou quoi que ce soit. Je n’arrive toujours pas à croire ce qui est arrivé», écrit encore Ghilas Aïnouche.
Farid Ikken est à l’hôpital et il devrait donner plus d’explications aux enquêteurs sur sa radicalisation, son acte criminel et ses liens avec l’organisation terroriste Daech-Etat islamique, s’ils existent vraiment.
Akli Ameziane
SIWEL 081056 Jun 17 UTC