QUEBEC (SIWEL) — Nous avons lu à maintes reprises le contenu de l’avant projet de révision de la constitution algérienne. Non, nous ne sommes pas déçus car nous n’attendons plus rien de ce côté là. Bien au contraire cela renforce nos volontés de faire autrement et militer encore plus avec le MAK-GPK. Deux structures qui ont vu juste concernant notre présent et notre avenir.

 

Le ‘’combat continue » disent certains de nos amis. Nous, nous disons que le combat a changé et nous pensons aussi pour le MAK-GPK et tant mieux car lorsque le mal, le cancer mute et se transforme, il est mortel de garder le même traitement. Lorsque la cellule cancéreuse mute, le médecin doit ajuster son traitement pour être plus efficace.

Le MAK-GPK travaillent la main dans la main pour bâtir un État Kabyle. Ils le font pour sauver la Kabylie. Le combat a donc changé ! Et tant mieux. La Kabylie et les Kabyles innovent et avancent.

Revenons donc au sujet.

Notre première lecture de ce texte de ‘’Constitution » fut "en diagonale" et ce pour nous faire une idée assez rapidement. Ensuite, nous nous sommes mis à la relire, doucement, en nous arrêtant sur des mots, des adjectifs, des paraphrases. On s’attardait pour mesurer les choix des mots, l’ordre dans lequel ils ont été mis.

Nous faisions des aller-retour entre les passages consacrés à la langue arabe versus ceux citant Tamazight …

Nous n’allons pas reprendre ici ce que d’autres kabyles et analystes ont si bien décortiqué et avec lesquels nous partageons une grande partie de leurs analyses.

Pourquoi seulement une " grande partie" et pas le tout ? Parce que, ces analyses se sont limitées à s’informer uniquement du "sort" réservé à Tamazight.

Cette précipitation et cette fixation uniquement sur Tamazight est explicable par le fait que notre génération en a fait une pierre angulaire héritée de nos aînés.

Mais dans nos relectures, non constatons aussi que le contenu "Préambule" n’est pas à négliger surtout qu’on y lit la dernière phrase, la formulation est presque sous forme d’avertissement : "Ce préambule fait partie intégrante de la présente Constitution." Ça sonne comme : Voici les règles du jeux !

Le diable est donc vraiment dans le détail !
Donc, dans ce même " Préambule", notre analyse va porter sur les deux paragraphes suivants :

Ces deux paragraphes placent le décor, le cadre, les limites, la matrice, le gabarit, l’étalon, la cellule mère, la souche, l’embryon, la formule, la norme, le repère, le centre de gravité, l’essentiel, l’origine, le départ, le référentiel, … à tous les articles qui jalonnent cette nouvelle "Constitution".
Et c’est pour souligner l’importance de ces deux passages que les rédacteurs-décideurs les ont clôturé par la formule puissante de "… partie intégrante de la présente Constitution."

" Vous voulez Tamazight ? … Elle sera dans ce cadre … " disent-ils clairement, il faut le leur reconnaître !

Passons à la loupe, chaque morceau et voyant comment cela va à contre sens des aspirations et des valeurs de la Kabylie.

"L’Algérie, terre d’Islam, …" : La Kabylie est laïque, elle glorifie l’islam de Cix Muhand U lhusin, elle revendique la parole du chrétien Saint-Augustin, elle est fière de la juive "Kahina" et elle jure par "Jma3 Liman" …

Et à ce jour, malgré les coups que lui assène l’islamisme, par le truchement de ceux que vous devinez, la Kabylie refuse de placer la religion au premier plan de ses positions.

"partie intégrante du Grand Maghreb, … " : Ce "Syndicat de présidents …" comme l’avait si bien décrit le Dr. Said Sadi. Un syndicat dont les fondateurs ne sont plus de ce monde et qui l’ont tellement mal géré que la zone est devenue un chantier en désordre.

" pays arabe, … " : Depuis quand ? par quelle logique veulent-ils faire de la terre ancestrale Amazigh de Massinissa un " pays arabe, … " ? Un pays arabe en Afrique ? La Kabylie ferait alors partie de la zone arabe ?! Nos ancêtres se retourneraient dans leurs tombes.

Est-ce une demande de la France ? La Kabylie a refusé de devenir française, pourquoi ira-t-elle se déguiser en ‘’arabe » ou en finlandaise ?

On accuse souvent les États-Unis de vouloir reconfigurer la carte du monde et voilà qu’en 2016 on tente de falsifier l’Histoire écrite depuis des millénaires par Massinissa sur cette terre Amazigh. Ce lointain Roi Amazigh l’avait dit :  »L’Afrique aux Africains ! »

Et la Kabylie ne cesse de le crier, de le redire en d’autres mots et même dans ses moments de douleurs intenses: ‘’Corrigez l’Histoire l’Algérie n’est pas arabe !  ». Nous sommes Kabyles, africains, ni pires ni meilleurs que les Arabes ou les autres peuples de cette terre, mais fièrement Kabyles. Aucune constitution ne pourra changer cela.

"Nous sommes chargés de cinq mille ans d’Histoire. C’est le prix d’être un peuple "… clamait feu Benai Ouali. Et cela résonne et raisonne encore et encore dans nos têtes, dans nos cœurs, dans les monts, les ruelles, sur les roches et dans les maisons de Kabylie.

– "La fierté du peuple,… "
: Cette mouture ne valorise pas du tout la fierté Kabyle-Amazigh, bien au contraire elle veut la classer en seconde zone et … "à terme" en finir avec cette dimension.

"ses sacrifices, son sens des responsabilités, … " Le contenu de cette ‘’constitution » ne respecte pas les sacrifices de la Kabylie et son … ‘’sens de responsabilité » lui dicte de lui tourner le dos et ne pas l’endosser.

" son attachement ancestral à la liberté et à la justice sociale …" : Ivan ukurfa akw d weclim, irden akw tsemzin. Aqvayli matci s adaynin ig tsarra.

" … adopte et transmet aux générations futures, dignes héritières des pionniers et des bâtisseurs d’une société libre… " : Aucun Kabyle digne de ce nom ne transmettra en héritage ce contenu négateur, violent, assimilationniste et néocolonial à sa future génération.

Ce que la Kabylie transmettra à ses futures générations n’est pas dans cette "constitution".

Ce que la Kabylie transmettra à ses futures générations est déjà inscrit sur les supports immatériels de sa mémoire.

Ce que la Kabylie transmettra à ses futures générations est noté dans le parcours héroïque de Laimeche, Benai, Abane, Amirouche, Krim, Matoub, Ait-Ahmed, Said Sadi, Ferhat Mehenni et des millions de Kabyles.

Ce que la Kabylie transmettra à ses futures générations est inscrit, tatoué en signes intelligents sur les visages de nos mères et dans les regards de nos pères.

En lisant le document, on ne s’attendait à rien. Non, nous n’attendions rien de ce côté là.

Nous n’attendons plus rien de ce côté là, depuis le jour ou nous avons vu nos aînés libérer un peuples, un pays et ensuite être forcés à l’exil et y mourir dans une douleur indicible mais mêlée de grandeur et d’honneurs. Même morts, nos Héros kabyles dérangent !

Nous n’attendons plus rien de ce côté là, depuis nous avons vu nos ainés se dépenser généreusement, courageusement, férocement, pacifiquement, douloureusement cheminer à travers le FFS, le MCB, Le RCD, La3rac et ne récolter très souvent qu’injures, anathèmes et toujours davantage d’arabisation.

Non la Kabylie n’a pas tari.

‘’Igrwa d yiwen ulqaf … » C’est ainsi qu’on disait, lorsqu’enfants, en Kabylie, on jouait Ilqafen et qu’il nous restait une dernière chance.

Oui, la Kabylie innove, elle avance, elle s’adapte face à son malheur, face à ses malheurs. Et c’est pour cela qu’elle dérange tant.

Alqaf anegaru, qaren as : Awanek Aqvayli.

LA solution à nos malheurs est de nous doter d’un État Kabyle.

Le véhicule ? : Le MAK et le GPK additionnés à toutes les bonnes volontés kabyles, et ce dans tous les domaines.

Un État kabyle pour ne plus résister, pour ne plus s’épuiser à sauver des morceaux, réparer … mais construire et bâtir notre avenir dans le respect de notre passé, de notre présent et de ce que nous aurons projeté pour notre futur.

Un État kabyle car ‘’ Nous voulons la patrie de nos pères, la langue de nos pères, la mélodie de nos songes et de nos chants sur nos berceaux et sur nos tombes. Nous ne voulons plus errer en exil dans le présent sans mémoire et sans avenir…”. (Dixit Jean L Muhuv Amruc)

Un État kabyle pour ne plus demander, quémander, supplier, marcher, démarcher, pétitionner … mais faire et servir la maison Kabyle.

Un État kabyle pour vivre dans et par nos valeurs, ni pires ni meilleurs, mais les nôtres!

Un État kabyle pour ne plus être assimilés, écrasés … mais partager pacifiquement nos valeurs et nos passions avec les autres peuples dans le respect mutuel, loin de toute domination.

Un État Kabyle pour rester debout. Pour rester libre.

Un État kabyle sans aucune amertume ou dépit envers quiconque mais sereinement pour nous servir et protéger nos codes de valeurs et nos intérêts immatériels.

Un État kabyle, ou ‘’à terme » disparaîtrait. Et tout cet héritage Kabyle façonné par le temps, nos luttes, nos victoires, nos défaites, nos joies, nos douleurs, nos exils, nos héros et les sacrifices de la multitude d’anonymes … disparaîtra pour toujours.

Un État largement autonome ? Et l’on se rendra vite compte des limites de cette option car céder certains pouvoirs, et non les moindres, à pouvoir central raciste et despotique revient à s’enchaîner.

Un État Fédéral ? Questionnez, les Catalans, les Québécois … et ils vous diront combien leur langue est malmenée et combien les flux des capitaux, des taxes et des impôts leurs sont défavorables car gérés par un pouvoir central. Et combien ils sont malmenés … à chaque élection fédérale ou locale … et comble de l’ironie l’acte démocratique de choisir et le bulletin de vote se transforment en un couteau pour remuer dans les plaies de ton histoire et pour te faire dire ou te rappeler la triste place qui est tienne dans ce pays.

Aucun peuple n’a le droit de tutelle historique, juridique, civique, divin … sur un autre peuple.

Nous souhaitons de toutes nos forces un ÉTAT KABYLE INDÉPENDANT.

Nous sommes certain, que la Kabylie et le peuple Kabyle ont en leur sein des énergies capables de cela.

Vive la Kabylie indépendante !

Nous dédions cette modeste contribution :
– À toutes celles et tous ceux qui s’y reconnaîtront,
– À la mémoire de Da Lhocine Ait Ahmed, Ider d azedgan, iqim d azedgan, imut d azedgan, imtel ger izedganen,
– À la résilience, le courage et l’humanisme de Ferhat Mehenni, ivedden, i yekren i wedrar s ufus,
– Au courage et la fougue de Said Sadi, irzan asalu,
– À la mémoire de Kamal Irchene qui a eu du temps pour écrire LIBERTÉ mais qui en a été privé,
– À nos aïeux et leurs descendances,

Québec, le 07 janvier 2016

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