LYON (SIWEL) — Écrivain, anthropologue, professeur de littérature à l’université d’Alger, puis à Grenoble, et psychanalyste à Paris, Nabile Farès est né un 25 septembre 1940 à Collo, ou « Kabylie maritime » comme il aimait à dire et décède le 30 août 2016 à Paris.

 

Il est à travers son œuvre et son vécu, comme nous le dit Ali Chibani, « le digne fils d’Abderrahmane Farès (le premier président de l’exécutif provisoire en Algérie) qui a désapprouvé énergiquement l’autoritarisme de Ben Bella. Si le père a été placé en résidence surveillée en 1964 par le premier président de l’Algérie indépendante et a choisi de quitter la vie politique après le coup d’État de Houari Boumediene en 1965, le fils a vécu deux ans avec un salaire gelé par les autorités algériennes qui voulaient l’amener à abandonner l’enseignement subversif qu’il dispensait à l’université d’Alger. Ses positions politiques contre le parti unique et en faveur des revendications identitaires et culturelles berbères ont attiré la sécurité militaire à son domicile laissé sens dessus-dessous. C’est l’événement qui lui a fait comprendre que le moment était venu de partir pour sauver sa vie. Et c’est en France qu’il a poursuivi son engagement politique, notamment en soutenant la création de la Ligue des droits de l’Homme en Algérie. Depuis 1983, date de son départ précipité, il ne sera rentré que quelques jours seulement en 1990 dans son pays. »

« Retracer – même rapidement- ce qui nous lie, sépare, fait de nous des « citoyens » auxquels on n’avait pas pensé auparavant ; nous sommes –maintenant- de plain-pied tombés dans l’orage, pris, au-delà des métaphores usées du réel et de l’histoire, dans l’œil du cyclone ancien qui emporta ombres et vêtements, corps et cris, fit de nous de jeunes travailleurs immigrés en France, puis, quelque temps plus tard, par faute de régime politique moderne et « réel » des réfugiés algériens en France.

Dénomination qui nous touche – même si nous n’avons pas encore tous les mêmes droits ; si nous ne connaissons pas encore les mêmes … « faveurs » (on reviendra sur ce mot) -, qui nous inscrit dans la brisure d’une histoire que nous croyions être la nôtre et qui se révèle être celle d’un Etat qui nous a démunis de tout –jusqu’à la vie – d’une langue qui nous a privés d’elle-même, d’une religion qui, par violence nous a empêchés de croire, d’une histoire qui nous a empêchés d’être. »

Il suffit d’un extrait, comme celui-ci tiré d’un article Déchirures de la revue Esprit (Janvier 1995) pour découvrir l’homme singulier, le destin tragique et le parcours exceptionnel depuis son engagement auprès de l’ALN en 1960 jusqu’à sa disparition soudaine il y a deux mois.

Il laisse derrière lui une œuvre foisonnante, passionnante, atypique et vivante non seulement pour son pays mais aussi pour le monde.

L’association FORSEM, Forum de Solidarité Euro-Méditerranéenne, à Lyon organise en hommage à sa mémoire une conférence débat le samedi 5 novembre en présence de l’écrivain et journaliste Ali Chibani.

Tatie Tamcumt
SIWEL 272103 OCT 16

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