TIFERDUD (SIWEL) — Il y a 32 ans, le 02 Novembre 1982, Kamel AMZAL, étudiant kabyle de 20 ans, était assassiné par les islamistes algériens à Alger alors qu’il affichait un appel à une assemblée générale. Pour rappel, afin d’immortaliser le nom du premier martyr kabyle assassiné par les hordes islamistes algériennes, le Gouvernement provisoire kabyle (GPK) avait proclamé la journée du 2 novembre « Journée nationale de l’étudiant kabyle » Nous sommes le 02 novembre : Hommage à la mémoire de Kamel Amzal, ne l’oublions pas…
Après le baccalauréat qu’il obtient en 1981, il s’inscrit pour une licence en interprétariat (espagnol) à l’université de Ben Aknoun (Alger). Extrêmement doué pour les études, son parcours d’étudiant est irréprochable.
Déjà au lycée, Kamel Amzal était l’un des militants les plus actifs de sa génération lors des événements du printemps berbère de 1980. Son combat s’amplifia lorsqu’il eut l’occasion de connaître d’autres militants kabyles qui activaient clandestinement dans la mouvance démocratique a l’université de Ben Aknoun, tel que Mustapha Bacha par exemple. Mais, soutenus par le pouvoir algérien contre les militants kabyles, les islamistes commençaient a menacer ouvertement les militants berbéro-démocrates.
Kamel Amzal refusait de se laisser intimider et s’opposait ouvertement au diktat des islamistes, au point de lui valoir le surnom de « el chaytan el ahmar », ce qui signifie le satan rouge, rouge du fait que le courant démocratique kabyle était, à cette époque largement ancré à gauche.
La veille de son assassinat, une lettre de menace est trouvée sous la porte de la chambre universitaire de Kamel Amzal. Malgré cela, son audace le pousse à affronter les islamistes, il ne se laisse pas intimider. Persistant dans son militantisme, le 02 novembre 1982, Kamel Amzal va afficher un appel à une assemblée générale pour l’élection démocratique du comité universitaire. Au Moment où il affichait l’appel, un groupe de frères musulmans, armés de poignards et de barres de fer, s’introduit dans l’enceinte universitaire et charge Kamel Amzal et ses camarades, sur des cris d’Allah Akbar!…
Kamel Amzal n’avait que sa ceinture pour se défendre et les coups de poignards s’abattaient sur lui. Il fut sauvagement assassiné. L islamistes, après lui avoir arraché sa chemise, l’avaient éventré avec un sabre devant ses camarades impuissants qui ne disposaient d’aucune arme pour venir en aide à leur camarade qui venait de se faire sabrer par les islamistes qui accomplissant ainsi leur premier crime contre un militant kabyle démocrate.
Suite à ce lâche assassinat, 23 islamistes sont arrêtées avant d’être relâchés dans la foulée de leur arrestation par les autorités. Parmi eux, il y avait Abassi Madani, le futur fondateur du FIS, dont seront par la suite issu les groupe islamo-terroristes de l’AIS, GIA, GSPC puis AQMI
Suite au témoignage courageux de Aziz Tari, une parodie de justice s’en est suivie, permettant ainsi l’inculpation d’un extra universitaire, fils de paysan, dénommé LASSOULI Fatah Allah pêcheur de profession qui fut condamné comme étant un détenu politique, à huit ans de réclusion, puis gracié quatre années plus tard par le président Chadli Ben Djedid, ôtant ainsi, toute crédibilité au système judiciaire algérien .
Les 70 et 80 furent une période où l’affrontement idéologique entre les Frères musulmans théocratiques et intégristes et le Mouvement berbère démocratique et laïque était frontal. Le régime arabo-islamique algérien soutenait ouvertement les frères musulmans pour faire barrage au mouvement berbère. Le problème ne se posait pas à l’Université de Tizi-Ouzou et de Vgayet mais à Alger, où le militantisme kabyle dérangeait les islamistes qui voulaient fasse main basse sur les milieux universitaires, les conflits entre les kabyles et les islamistes étaient permanents.
Au début des années 90, une tentative de réouverture du dossier de l’affaire de Kamel Amzal par la famille et les proches du défunt, a reçu un refus catégorique prétextant que le dossier est définitivement clos et pour cause, l’une des personnes arrêtées puis relâchées n’était autre que Abassi Madani, chef du Front islamique du salut.
En 1994, soit douze ans après, on apprend que le même LASSOULI Fatah Allah, celui qui avait été condamnée pour l’assassinat de kamel Amzal a 8 ans de prison avant d’être gracié, était un militant de la première heure au sein du FIS. il sera mis" hors d’état de nuire" par les services de sécurité après une tentative échouée d’attentat, pour le compte du GIA.
Kamel Amzal,aura été la première victime kabyle du terrorisme islamiste. une longue liste d’autres kabyles suivront, éliminés les uns après les autres: Tahar Djaout, Smail Yefsah, Nabila Djehnine, la jeune Katia Benghana,, Rachid Tigziri et bien d’autres encore…
La veille de sa mort, Kamel Amzal, comme averti par un pré-sentiment, écrivait ce petit poème prémonitoire :
Hélas !
Que d’années se sont passées
Sans que je m’en sois apercu
Ou bien on était toujours deçu
De ce qu’on a de cette vie
C’est à vingt ans que commence la vie
Vingt ans ;
Force de jeunesse…
Age de tout privilège
Et moi, en cet âge
J’ai déjà vieilli
Ma vieillesse est prématurée
Quand moi j’étais berger…
Et que mes amis étudiaient
Moi je cherchais où loger
Les jours passent…
Pour les uns apportent la joie
Pour les autres le souci
Alors,
Pourquoi se lamenter
Et pleurer son sort
Lorsqu’on sait d’avance
Je marche vers la mort
Sans peine ni souffrance
Pourquoi crier sort et destin
Sort de mon sort
Rentre et moi je sors.
(Xas ulama tɣaveḍ, lexyal-ik atan ger-anneɣ)
SIWEL 021551 NOV 14