PARIS (SIWEL) — Le grand sculpteur monumental kabyle, Olivier Graïne, 47 ans, est un artiste de renommée internationale. Talentueux et consciencieux, il est au summum de la maîtrise de son art dont la valeur est reconnue par ses pairs du monde entier. Il est l’un des lauréats 2014 de la prestigieuse Fondation Taylor qui expose ses œuvres à partir du 08 janvier 2015, jusqu’à la fin du mois, au 1 rue de la Bruyère, 75009, à Paris.

 

Engagé, ayant des valeurs très fortes, il défend toutes les causes nobles dont celle du peuple kabyle qui se bat pour son droit à son autodétermination. C’est ainsi qu’il est l’un des membres clés de la commission d’ajustement technique du drapeau kabyle et dont le résultat est attendu officiellement pour ce yennayer 2965.

Avant son exposition, Siwel a tenu à l’interviewer sur son art.

Siwel : On vous définit comme un « sculpteur monumental ». Vos œuvres sont-elles donc si gigantesques ?

"Quand je travaille une sculpture même d´une dizaine de centimètres , elle devrait être vue comme une sculpture gigantesque pour ne pas dire monumentale. La monumentalité tient plus de la mémoire que de la dimension. Ce terme vient du mot monument, du latin monumentum, dérivé du verbe moneō « se remémorer »

Dans la pratique, les monuments ont très souvent été réalisés dans des dimensions gigantesques en proportions d´avec l´architecture, d´où le glissement sémantique.

Siwel : Toutes les civilisations ont eu à construire des monuments et, pratiquement toutes les villes du monde ont leurs monuments. Comment voyez-vous les nôtres ?

La sculpture monumentale qui est destinée à se fondre dans un espace architectural ou naturel, obéit à des règles en termes de proposions et de composition. C´est donc la forme générale qui prime au détriment du détail.

On peut réaliser une sculpture gigantesque d´un nain de jardin, mais celle-ci paraîtra paradoxalement, à l´œil humain, petite. C´est comme la statue dite d’Amirouche, récemment inaugurée en haute Kabylie. Bien qu´elle fasse plus de trois mètres de hauteur, elle parait petite. Au fait elle a était conçue telle une figurine et non telle une sculpture monumentale.

Siwel : Nos ancêtres connaissaient-ils la monumentalité ?

La sculpture monumentale tire ses origines de la lointaine antiquité ; nos ancêtres, faudrait-il le rappeler, en maîtrisaient la forme et le fond avant que l´invasion Arabo-Islamique ne vienne l´anéantir et par conséquent empêcher toute l´Afrique du Nord amazighe de prendre part à l´une des plus fabuleuses aventures humanistes et artistiques ayant pris son envol à Florence , à la Renaissance.

La renaissance Italienne (XVème Siècle) qui a réinventé ´humanisme et extrait toute l´Europe du sombre moyen-âge, devrait nous servir de modèle pour nous extraire de la nuit arabo-islamique en puisant dans notre héritage antique élargi d’où découlent nos principes et nos valeurs Kabyles , pour inventer notre citoyenneté dans des villes humanisées.

L’Arabo-Islamisme est un poison qui nous fige et nous condamne à la régression, la morosité et la laideur. Toutes les sculptures que je réalise, je les conçois dans cette optique ,c’est ma source intarissable d´énergie inspiratrice.

Siwel : Quel est ton impression sur le travail de la commission d’ajustement technique du drapeau kabyle au sein de laquelle tu as été un acteur de premier plan ?

La mise en place d´une telle commission montre si besoin est, le souci du détail de l´Anavad. Le détaiil, c´est cela qui fera que l’on réussisse ou pas en tant que nation.

Cette commission fut le creuset de l´intelligence collective kabyle autour d´un objectif précis : doter la Kabylie d´un drapeau qu´elle sera fière de brandir dans le respect du choix des électeurs.

L´esprit de cette commission que je résume en une phrase " intelligence collective " gagnerait à être pris en exemple dans la construction d´un avenir commun à tous les Kabyles.

gn,
SIWEL 051113 JAN 15

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