CHRONIQUE (SIWEL) —Un feu de forêt est ravageur pendant et après son extinction quand on sait qu’il engendre une pollution de l’air, de l’eau et des sols susceptible d’accroître, ab ante, le nombre de victimes.
Cependant, il peut être d’origine naturelle, accidentelle ou criminelle. Dans les États qui se respectent, la stratégie qui consiste à le combattre est mise en action immédiatement après le déclenchement de son premier foyer. Un gouvernement qui le laisse se propager – dans une région qui lui est hostile – à devenir dévastateur commet un acte criminel à égale distance d’un génocide.
Dans toute l’étendue boisée du sous-continent nord-africain, soumise au même climat avec une variante de température infiniment minime, le feu ne prend et ne s’étend que dans la partie kabyle et il a le mérite d’être cyclique. Étrange ? Ailleurs, il est étouffé à son ébauche. La Kabylie incendiée est une bénédiction pour le pouvoir algérien, et dans ce cas, il va à contre-courant de sa joie s’il songe à la rapidité dans l’intervention ou à une lutte énergétique avec l’achat de canadairs ou à la formation des équipes de secours à des techniques modernes qui les aideront à réduire l’impact des feux.
L’État de Bouteflika n’a pour la Kabylie que des réponses caractérisées par l’agressivité, bombes lacrymogènes, balles réelles, arrestations arbitraires, alors, s’étonner de son silence devant une Kabylie en feu, c’est avoir l’esprit de l’escalier avec des peaux de merguez dans les yeux.
Cela dit, ce n’est pas le pire que l’on constate. Dans les réseaux sociaux, des néophytes –kabyles, SVP- font écran de leurs âmes afin de dédouaner l’État algérien de sa responsabilité dans le drame. Ils ont trouvé les coupables du sinistre avec des raccourcis pathétiques: ces jeunes consommateurs de bière et qui laissent dans les bois des bouteilles vides qui par la suite se transformeraient en loupes à même de déclencher le feu ! Nous y arrivons donc, le feu en Kabylie est un châtiment divin !
La Kabylie renaîtra de ses cendres. Elle n’est pas à sa première brûlure. Elle-même est d’eau et de feu dans sa propre résistance. La liberté est sa pensée première, elle forme l’armature qui consolide sa défense.
Djaffar Benmesbah
SIWEL 132325 Jul 17 UTC