Le décès de la maman d’Amirouche, chanteur Kabyle, m’a fait m’interroger sur le parcours de celui-ci. Une biographie sur internet m’apprend que derrière cette image d’artiste courageux se cache une autre image d’un enfant meurtri. Amirouche n’a pas connu son père, arraché aux siens par l’armeé de Ben Bella, envoyée en Kabylie pour réprimer la révolte de la Kabylie (Wilaya III) contre la dictature que Ben Bella entreprenait d’installer.
Comme la plupart des soldats Kabyles engagés dans cette noble révolte, le père d’Amirouche sortait de sept années de guerre contre la France. Sa maman devint veuve à l’âge de 17 ans. À l’âge de 7 ans, Amirouche devait se résigner à dire au revoir à sa maman, contrainte à se remarier. Difficile d’imaginer la douleur d’une maman séparée de son fils, après avoir perdu son mari parti défendre sa dignité, ou la douleur interne et profonde d’un enfant de 7 ans séparé de sa mère ! Tragiquement et douloureusement séparé de ses deux parents, le petit enfant qu’était Amirouche devait continuer seul à affronter les dures épreuves et les affres de la vie.
Sa maman vient de nous quitter et Amirouche est, encore une fois, résigné à lui faire un dernier adieu à distance, sans la possibilité de revoir son visage une dernière fois.
Son âme de révolté lui inspire des choix immédiats et sans détours. À sa façon, Amirouche s’exprime ouvertement contre les islamistes du FIS en Algérie lorsque les militants de ce désormais ex parti politique avaient des couteaux aiguisés entre les dents. Plus récemment, il prend ouvertement position en faveur de l’indépendance de la Kabylie dans une chanson « D timunnent nekkwni i nevgha » [C’est l’indépendance que nous voulons].
Toutes mes condoléances mon ami ! Que l’âme de ta maman retrouve la paix promise ainsi que l’âme de celui avec qui elle t’a conçu, qui sait ? Que les deux âmes, enfin réunies, veillent sur toi et les tiens !
Karim Achab
SIWEL 160938 FEV 18