CHRONIQUE (SIWEL) —Les forêts et les montagnes kabyles ne constituent pas seulement le décor naturel de la Kabylie mais sont aussi ancrées dans la mythologie locale et ont participé à forger son identité.
En effet, la Kabylie se distingue du paysage nord-africain par ses montagnes, ses forêts, sa faune et sa flore qui procurent à la population un oxygène pure et un décor unique. Ses contours naturels, ses traditions culturelles et ses valeurs ancestrales distinctes de l’Algérie arabisée font d’elles un pays naturel avec son identité propre. Ses arbres profondément enracinés depuis des millénaires dans cette terre se confondent avec l’identité amazighe authentique de la population kabyle qui refuse de se dissoudre dans l’arabo-islamisme. La présence éternelle de ses montagnes et les racines de ses arbres constituent la réponse naturelle aux tenants de cette idéologie qui veulent coûte que coûte la déraciner pour l’arabiser et la salafiser. Les Kabyles, jaloux autant de leur identité que de ce décor qui en dit long sont restés et restent encore imperturbables tant ils mènent leur combat de façon pacifique. Ils vouent un amour fort à la nature et un respect profond à la terre qu’ils cultivent avec passion. Cette symbiose leur procure une tranquillité, une assurance et leur inspire une vie paisible. C’est parce qu’il est impossible au régime algérien et ses acolytes endoctrinés de déraciner la Kabylie et son peuple qu’ils ont chargé un commando de pyromanes pour brûler la Kabylie. La haine anti-kabyle distillée par le régime algérien depuis 1962 à travers le discours politique, l’école, les mosquées et les médias a pris si bien que des milliers d’Algériens se réjouissent que des feux aient ravagé la Kabylie comme en témoignent leurs messages par centaines dans les réseaux sociaux.
Comme l’a précisé le président de l’Anavad dans son intervention du 15 juillet à cette occasion, les incendies criminels qui ont ravagé la Kabylie constituent un crime d’État contre l’Humanité. C’est une catastrophe affligée non seulement à la Kabylie mais à la planète terre entière. Le fait que l’État algérien ait tout simplement ignoré la situation au lieu d’organiser des secours, mobiliser toutes les ressources, ou même appeler à l’aide internationale pour intervenir, conforte la thèse selon laquelle qu’il en est lui-même l’instigateur, lui qui a déjà tiré sur des jeunes manifestants à balles réelles et explosives, fauchant 128 jeunes vies avec impunité et sans qu’il y ait eu de sanctions, ni de demande de pardon, seize années après les faits. Ce régime colonial, à l’image des autres régimes d’essence arabo-islamistes, ne mérite pas de gérer une parcelle de terrain avec un troupeau de bétail, que dire d’un pays entier et d’une population de plus de 35 millions d’habitants. Il est temps que la Kabylie s’en défasse, et cette catastrophe vient démontrer que les initiateurs du Mouvement pour l’auto-détermination de la Kabylie (MAK), à sa tête M. Ferhat At Sԑid (Mehenni), ne se sont pas trompés.
Le mal est maintenant fait, la Kabylie a brûlé, il est temps de se retrousser les manches et s’organiser en vue de reboiser toute la Kabylie, sans laisser la moindre parcelle. Nous n’avons pas le choix que de faire de cette malheureuse fortune bon cœur et commençons à rebâtir notre pays, la Kabylie.
L’Histoire de la Kabylie est là pour nous rappeler que nous n’avons jamais capitulé et nous ne capitulerons jamais. La Kabylie, que l’on a toujours désignée par Tamurt n Leqvayel en kabyle, a toujours existé et ses frontières connues la délimitaient du reste des territoires atteints par l’arabisation et que l’on désigne communément par Tamurt n Waɛraven dans la langue kabyle. Ce n’est qu’après sa défaite contre la France en 1871 que la Kabylie fut annexée à l’Algérie, une entité administrative que la France avait créé par décret, via son ministre de la Guerre, le 14 octobre 1839. Que l’on cesse de nous berner, la Kabylie, en tant que pays avec ses frontières, avait bien précédé l’Algérie.
La Kabylie est mise dans une impasse par les nationalistes arabes qui ont pris possession de l’Algérie indépendante à la faveur des coups d’État. La planète entière est témoin du fait que la Kabylie avait à maintes reprises essayé de sauver cette Algérie et ce depuis la crise dite berbériste de 1949 quand des militants kabyles du mouvement nationaliste algérien ont exprimé leur opposition au projet d’une Algérie arabo-islamique porté par Messali Hadj. L’Histoire s’est répétée plusieurs fois et la Kabylie a toujours fini par être le dindon de la farce dans la marmite de l’Algérie arabo-islamique. Maintenant, le temps presse et nous avons à peine le temps de sauver la Kabylie. Sinon, nous revivrons l’épisode de Ğeḥa, comme nous l’a si bien rappelé Matoub Lwennas, « akken i s-yenna Ğeḥa, ‘‘ad ḥarvaɣ ɣef taddart-iw’’, s axxam-is m’i d-testeqsa, d acu i sen-yenna, ‘‘ad ḥarvaɣ ɣef uqerru-yiw’’, ru ay ul… ».
Je m’abstiens ici de faire appel aux dons et aux contributions. En revanche, je consulterai les différents responsables du Mak-Anavad pour étudier la meilleure façon d’y parvenir. Concertons-nous autour d’un projet commun en vue d’aider les victimes, reboiser et construire la Kabylie.
Karim Achab
Ottawa, le 15 juillet 2017
SIWEL 161413 Jul 17 UTC